Sylvan – One To Zero
Gentle Art Of Music
2021
Rudzik
Sylvan – One To Zero
One To Zero, c’est aller du « un » au « zéro », un retour aux origines en quelque sorte et, comme accoler « un » à « zéro » ça donne 10, ça tombe bien, car il s’agit du patronyme du « dixième » album de Sylvan, le classieux groupe d’outre-Rhin. C’est également le troisième concept album d’un combo qui a toujours autant de choses à raconter. Cette fois-ci, il s’agit d’une utopie basée sur l’optimisme (ou s’agit-il plutôt de l’inconscience) de la race humaine quant à l’émergence d’une solution pour la sauver de l’autodestruction. Celle-ci est imaginée sous la forme d’une A.I. à l’origine de la création de notre monde et qui revient pour remettre de l’ordre dans tout notre joyeux foutoir. Je ne vais pas vous « spoiler » la fin de l’histoire, mais sachez cependant que, comme on pouvait s’en douter, les choses ne se termineront pas forcément dans le meilleur des mondes.
Passé le concept, que nous a réservé cet album, musicalement parlant ? Le côté SF du synopsis fait que le groupe a plus fréquemment recours aux sonorités synthétiques (« Part Of Me ») qu’auparavant également mixées plus en avant par le duo Kalle Wallner & Yogi Lang, les leaders de RPWL. Il les oppose régulièrement à celles plus organiques des instruments à cordes et au piano de Volker Söhl (« Encoded At Heart », « Unleashed Power », « Part Of Me »). L’idée est de créer une allégorie du décalage entre le modèle de société prôné par l’A.I. et celui des humains. L’album navigue dans des atmosphères plus légères et luxuriantes que ne le faisait un Posthumous Silence nettement plus heavy. La part belle est faite à la délicatesse et, en la matière, la voix de Marco Glühmann est un modèle du genre, même s’il me semble qu’il alterne moins les montées dans les aigus avec les accents de rage qu’il lui arrive d’éructer. Que voulez-vous, je suis resté un grand nostalgique et adorateur de leur plage mythique « Artificial Paradise ».
De la légèreté, on en remarquera sur le très pop « Start Of Your Life », mais surtout sur l’étonnant « On My Odyssey » avec ses incursions rythmiques vers le jazz tribal et surtout des parties instrumentales de violon façon Kansas remarquablement exécutées par l’invitée Katja Flintsch (Syrinx Call), certainement le meilleur morceau de l’album. Mais il est vrai que musicalement, tout l’opus est d’une justesse impressionnante. C’est ainsi que Matthias Harder effectue une performance remarquable aux percussions sur « Bit By Bit » et Johnny Beck donne dans le registre d’un Steve Rothery avec un jeu tout en toucher pour l’émouvant solo de l’épique « Part Of Me ».
L’ambiance entre l’humanité et l’A.I. se gâte un peu à partir de « Worlds Apart » au ton plus inquiétant. Sa prise de pouvoir est le prélude à un mid-tempo dont les accents plus lourds sont très caractéristiques de Sylvan (« Bit By Bit », « Not A Goodbye », « Go Viral », etc.). Ces rythmes cadencés à 80 BPM représentent sa marque de fabrique, l’occasion pour Sebastian Harnack de les ponctuer de slides de basse générateurs de frissons dans l’épine dorsale. Ils nous le promettent, c’est « Not A Goodbye » pour une fin à la rythmique légèrement teintée de djent, mais toujours dans le domaine du bon mid-tempo des familles sur lequel Johnny Beck délivre de nouveau un solo magique. L’album se termine comme il a commencé avec cette transition entre un blanc sidéral et des sonorités électroniques dépeignant les allers et retours de l’A.I. dans notre monde « humainement déshumanisé », si je puis dire.
One To Zero revisite la musique de Sylvan avec ces apports electro et acoustiques, mais le groupe reste calé dans ce qu’il excelle, à savoir raconter des histoires musicales pleines de corps et d’esprit sur des rythmes mid-tempi. Pour ce faire, nos teutons ont une recette infaillible basée sur une symbiose totale de leurs talents avec, en point d’orgue, la merveilleuse voix du beau Marco, toujours prête à nous hérisser le poil de bonheur.
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