Swans – We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head

We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head
Swans
2012
Young God Records

Swans – We Rose From Your Bed With The Sun In Our Head

Swans en concert, c’est fort, incroyablement fort. En tout point de vue d’ailleurs. Un volume sonore ahurissant de puissance et de profondeur écrasant son audimat, l’enveloppant dans une moiteur sensuelle, troublante. Le charisme monstrueux de Michael Gira, ce géant surveillant ses troupes, l’œil noir, concentré, vivant la musique de tout son être. Mais ce sont aussi des titres transfigurés pour, et par la scène, anciens, récents, ou encore en phase d’étude. Une set-list qui impressionne avant même que la première note ne soit lancée. Et puis, une ambiance. Celle d’une transe sonore, indescriptible, lourde de tension, qui prend le temps de s’installer pour ne plus lâcher la gorge, d’une intro gargantuesque si tirée qu’on arrête de respirer. Ces carillons, cloches, drones, ce son… Je lève les mains, je peux presque les toucher. Des litanies d’une tristesse infinie, des corps physiques qui s’élèvent dans l’énergie, l’épuisement, la force. Quelque chose, je ne sais quoi, se ressent, pesant, prenant. Je me sens compressé, et pourtant, je me sens libre à la fois dans cet amas de sonorités. Prends une main et laisse toi porter.

Le voyage sera rude, oui, mais énergique. Ce simulacre de messe t’anéantira, parodie de télévangéliste nauséabonde aux mots simples, brefs, après et pourtant, tu vivras. Ces deux heures resteront dans ton esprit. Ton âme, si tu crois que tu en as une, vibrera, poteau électrique en pleine tempête. Swans, c’est un ouragan à hauteur humaine qui grandit dans sa répétition, dans la crudité d’une salle de concert. Rire, tu ne pourras pas, je n’y arrive pas. Les Swans se passe bien d’humour, seul comptent martèlement, flux organiques, enveloppes charnelles qui se tordent et se contorsionnent. Oui, ça fait mal, tragique parfois, médusant, d’une beauté et d’une sincérité assourdissante, déconcertante.

Crasseux et néanmoins pas dénué de subtilité, Swans se réveille. Un lever dans la douleur,  le regard vague, batterie sous tension, torture inconsciente, exorcisation sonique, aride. Toi, Nostalgie, restes où tu es, n’approches même pas. Tu n’es pas la bienvenue. Tu ne peux suivre, tu ne peux comprendre. « We Rose From Your Bed with The Sun In Our Head »… Brûlure, dépression, hallucination, et pourtant, c’est magique !

Jérémy Urbain (9/10)

http://swans.pair.com/

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