Stygian Crown – Funeral For A King

Funeral For A King
Stygian Crown
Cruz Del Sur
2024
Lucas Biela

Stygian Crown – Funeral For A King

Stygian Crown Funeral For A King

Le label Cruz Del Sur, tout comme le label Metal on Metal, n’est pas réputé pour signer des groupes qui brillent par leur originalité… Oups, ma chronique commence mal – Attendez je n’ai pas fini ma phrase – mais pour signer des groupes qui brillent par leur attachement farouche aux codes qui ont fait éclore les différents styles de metal au travers des années 80. Que ce soit le thrash metal, le heavy metal, le speed metal, le power/prog metal, le doom metal et dans une moindre mesure le black metal première vague, les groupes qui y sont signés en maîtrisent parfaitement le langage et nous font revivre à leur manière les très riches heures de ces styles. Avec Stgyian Crown, celui qui nous intéresse est l’epic doom. « Doom » par les rythmiques lentes, « epic » par l’aspect grandiloquent des atmosphères.

Originaire des Etats-Unis, cette formation est assez jeune, puisque leur premier enregistrement date de 2018. Un premier album en 2020 leur a permis d’asseoir leur place dans un mouvement popularisé par Candlemass ou Solitude Aeturnus. Cependant, à l’instar de formations plus récentes telles que King Witch ou Deathbell, on ne peut que se réjouir que le micro soit tenu par une femme. Et on ne peut que se réjouir qu’à l’instar de King Witch ou Deathbell, la voix soit toute aussi puissante et ensorcelante. Dans une pièce comme « Blood Red Eyes », c’est consolée par un duo piano/violon éploré et soutenue par un choeur à la confidentialité presque monastique que Melissa Pinion réussit à jongler entre désarroi et espoir. Ailleurs, comme sur « Bishido » ou « The Bargain » le rythme haletant (oui, un coup de fouet peut parfois être donné aux rythmiques lentes que j’évoquais plus haut) peut faire ressortir toute la tension que la voix peut porter, pour nous donner des frissons à foison. Mais autrement, quand le rythme prend son temps (disons qu’il est… « lent » comme vous pouvez vous en douter), la Californienne sort ses tripes dans une douleur qui remue les nôtres. Il n’est guère question de maniérisme insistant et agaçant chez elle, mais d’un appel à la fois troublant et fascinant. Le titre du morceau « Beauty And Terror » illustre d’ailleurs parfaitement mon propos. Tel l’appel des sirènes dans L’Odyssée d’Homère (je crois que j’avais déjà choisi cette comparaison dans une autre chronique, mais qu’importe, elle est tellement parlante !), on se sent irrésistiblement attiré par ce chant. On a envie d’arrêter toute activité, et de concentrer notre attention sur cette voix.

Stygian Crown Funeral For A King Band 1

Les compagnons de notre sirène ne sont pas en reste. Il faut maintenir une atmosphère orageuse pour faire conduire l’électricité qui sort du conduit oral de Melissa. Un morceau comme « Strait Of Messina » est un bon exemple de temps lourd et instable. Sous des tempos changeant, les guitares menaçantes et grondantes miment bien ce ciel changeant et noir et offrent le cadre idéal à notre chanteuse pour que sa voix nous foudroie. Arrivant à l’improviste, les solos alarmés prolongent le sentiment d’effroi que ce tableau sombre peut éveiller en nous. A la manière d’un tableau de Claude-Joseph Vernet, nous naviguerons tout au long de ce Funeral For A King sur les eaux d’une mer agitée, sous un ciel menaçant, mais où de belles éclaircies pourront surgir, comme ce « Bood Red Eyes » à la beauté d’un joyau de l’époque romantique.

Stygian Crown Funeral For A King Band 2

Stygian Crown continue son ascension dans le monde de l’epic doom. En effet, c’est un grand bond en avant qu’ils font par rapport à l’album des débuts. La batterie y est en effet mieux mixée (elle ressortait trop auparavant), les tempos sont plus équilibrés, les ambiances sont mieux posées, et les enchaînements sont mieux maîtrisés. Les morceaux en ressortent plus fluides. La formation n’a ainsi plus rien à envier aux autres grands noms du style. Comme lors de l’édition 2024 du Up The Hammers, on pourra très certainement les retrouver à l’occasion de festivals : pourquoi pas sous un ciel sombre pour mettre davantage en valeur leurs climats orageux ?

https://www.facebook.com/stygiancrown

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