STROM.ec – Divine Legions Beyond Psyche

Divine Legions Beyond Psyche
STROM.ec
2008
Malignant Records

STROM.ec – Divine Legions Beyond Psyche

Pour continuer dans le registre de l’électronique extrême, un petit détour par la Finlande. L’objet qui nous intéresse aujourd’hui c’est le cinquième album du duo STROM.ec. Si vous cherchez des mecs qui martyrisent en maîtrisant l’analogique (l’inverse marche aussi) pour la mener dans des terres insalubres et nouvelles où l’extrémisme sonore peut se marier avec une complexité structurelle et thématique, c’est ici que ça se passe. « Divine Legion Beyond Psyche » c’est un peu une bête qui s’apprivoise. Au début, on en a un peu peur mais… on l’aime cet album. Un petit goût de reviens-y. Imaginez quand même que les Finlandais ont mis 7 ans pour parfaire ce disque. On est quand même très loin des productions stakhanovistes de certains projets. Et ça se ressent ! Les sonorités sont évolutives, allant de l’ulcération sonique et autres grondements abrasifs à des segments plus posés, plus ambient. Cela pourrait être du silence, mais non, la violence latente et croupie ne fait que toujours mieux surgir, tel un AVC. La complexité de « Divine Legion Beyond Psyche » se fait dans ses ruptures, abruptes, surprenantes, parfois galvanisantes, d’autres fois fascinantes dans ses thématiques schizophréniques.

C’est dans leurs partis pris que les deux compositeurs sortent la quintessence de leur power electronics. La violence sait se faire redoutable, inconcevable, les turpitudes magnétiques font corps avec ces drones ravageurs et râpeux. Les voix hurlées, scandées, résonnent neurologiquement dans nos têtes. STROM.ec, ce n’est pas que du power electronics, c’est le son, avec son amplitude, ses fréquences qui s’immiscent dans notre psyché. C’est le son qui mute dans notre hémisphère, interroge nos limites, questionne notre supposée intelligence. C’est le renvoi de l’Homme à son but, son néant prochain. C’est l’image d’une paranoïa face à la création (théologique, sociologique, artistique). C’est Philip K. Dick transmuté (est-ce un hasard si « VALIS » fasse directement référence à la nouvelle de l’écrivain de Science-fiction ?) Collages, empilements labyrinthiques et questionnements métaphysiques, « Divine Legions Beyond Psyche », c’est un peu ce qu’on attend pas, la mutation d’un style moribond qui transcende son matériau de base. Mais jamais une mutation n’aura eu ce caractère épique à l’image de son titre final, morceau marathon de plus de 20 minutes où le bouillonnement analogique crée une substance de granit en fusion, autonome et impénétrable. Prêt à vous y confronter ?

Jérémy Urbain (8,5/10)

http://www.neuroscan.org/strom.ec/

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