Steve Von Till – A Life Unto Itself

A Life Unto Itself
Steve Von Till
2015
Neurot Recordings

Steve Von Till A Life Into Itself

S’il y a bien une chose qu’on ne pourra jamais, ô grand jamais, – ni pensez même pas, je vous vois d’ici – apposer sur le personnage de Steve Von Till, c’est sa capacité à faire rire ou à amener un simple petit rai de lumière sur la cambuse. Tout, de son visage buriné en passant par sa posture de bûcheron sous régime jusqu’à sa musique, n’aspire qu’à une profonde mélancolie de déserts venteux non homologués par l’office du tourisme. Steve ne triche pas, sa patte est aussi lestée que l’aile d’un corbeau mort. Depuis vingt-cinq ans, le guitariste-chanteur de Neurosis s’est forgé une identité reconnaissable, unique à son personnage et son aura fantomatique. Et de spectres, il en est bien question ici. De poussières soulevées par un vent capricieux, d’ombres indistinctes se cachant derrière plantes sauvages séchées ou cabanes à l’abandon, l’américain signe des partitions d’absences de vie, l’existence étant vide et parcellaire. Sa voix, grave, aussi sombre que profonde, découvre les vies passées, les instants mortuaires figés, les empreintes mémorielles recouvertes de sable. Sa folk minimaliste, toujours présente voire physique, s’accommode et s’enhardit des fertilisants laissées par les invités.

Le violon nostalgique et discret Eyvind Kang, l’invisible batteur Pat Showe (ah tiens, oui, y’a bien une batterie) et particulièrement Jason Kardong, splendide guitariste spécialisé dans le pedal steel, donnent d’avantage de textures au sept morceaux proposés. Les atmosphères s’en découvrent décuplées, atteignant une sensibilité quasi magique, ainsi qu’une nuance americana plus qu’à propos. Triste et soucieuse, l’ambiance amène au recueillement, voire à une spiritualité de l’amertume que d’avides narines reniflent.

Steve Von Till

Et à Steve Von Till de catalyser l’ensemble en chef d’orchestre sur plancher grinçant, épaulé, il est vrai, par l’inénarrable Randall Dunn de Master Musicians Of Bukkake à la production (ça aide). Peut-être touchons nous là, entre multiples sorties transformant notre mémoire en disque dur de plusieurs téraoctets compressibles, à l’album solo le plus captivant de Steve Von Till, le plus immersif, le plus touchant et charnel avec « If I Should Fall To The Field ».

Et quand j’écoute les sillons du vinyle dessiner des paysages désertiques alors que je regarde le soleil se coucher derrière les arbres de ma cour intérieure, j’apprécie d’autant plus cet instantané cloisonné où tout semble se passer au ralenti. Et voilà comment un album devient un coup de cœur.

Jéré Mignon

Ps : Je ne le dirai jamais assez, au risque de me répéter sur le vinyle (bla bla bla c’est mieux bande de têtes de nœuds), mais un disque de folk sur ce support, c’est comme atteindre le nirvana avec un bon verre.

Coup de Coeur C&Osmall

http://www.vontill.org/

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