Steve Moore – Pangaea Ultima

Pangaea Ultima
Steve Moore
2013
Spectrum Pools

Steve Moore – Pangaea Ultima

Steve Moore est un artiste qui n’est pas né de la dernière pluie. Basé à Pittsburg, aux USA, ce talentueux musicien issu de la scène électro/indépendante affiche un CV assez impressionnant par sa diversité. Compositeur, producteur et multi-instrumentiste, l’homme a réalisé plusieurs bandes originales de films de série B, collaboré avec le référentiel groupe post-rock Red Sparowes, ou a encore conçu quelques remix pour Genghis Tron (combo metal extrême expérimental) et notre Camille nationale !

Mais Steve Moore est surtout connu pour son implication en tant que bassiste et claviériste dans l’excellent duo Zombi (à ne surtout pas confondre avec les français de Zombie Zombie œuvrant dans un registre quasi-similaire !) avec son collègue batteur Anthony Paterra. Ce groupe de space-rock cinématique improbable a été fondé au début des années 2000 en référence au fameux « Zombie » de Georges A.Romero, distribué en Italie sous le nom de « Zombi » où il a d’ailleurs été remodelé avec brio par l’ex-bon cinéaste horrifique Dario Argento. Très portée sur l’utilisation de synthétiseurs vintages, la musique de nos deux compères s’inspire au demeurant très largement de Goblin (groupe rock-prog 70’s qui a, rappelons-le, signé le soundtrack culte de « Zombie ») et des scores analogiques diablement efficaces du grand John Carpenter. Mais tout comme son complice Anthony Paterra (alias Majeure, projet fortement marqué par la musique de Tangerine Dream), Steve Moore poursuit également son propre chemin en solitaire, avec pas moins de 5 albums à son actif dans une veine purement électronique.

Son petit dernier, intitulé « Pangaea Ultima », a vu le jour en 2013 et, comme ses prédécesseurs, il tranche assez radicalement avec le style et le son bien spécifiques développés à travers Zombi. Plus moderne et varié également que le projet « Majeure » de son vieux complice Anthony (davantage ancré dans une veine electro mélodique 80’s), « Pangaea Ultima » nous emmène à travers un voyage synthétique finement ciselé qui conjugue en 9 courtes escales une « ambient touch » à la sauce californienne (les jolies nappes célestes en arrière plan des arpégiateurs de « Planetwalk ») avec des envolées typiquement Berlin School (les séquences répétitives et l’atmosphère SF vintage de « Nemesis ») On a droit par ailleurs à une synth-pop minimaliste et raffinée (le downtempo obsédant de « Deep Time », les dissonances pulsatiles de « Logotone ») et à du drone « polaire » façon Thomas Köner (l’immersif et pétrifiant « Endless Cavern », divisé en 2 parties).

Steve Moore s’aventure enfin dans les modulations électro-psychédéliques avec l’allumé « Aphelion » (morceau qui croise le premier mouvement du « Spiral » de Vangelis avec les délires cosmiques d’un Tim Blake en plein trip), et conclue son ouvrage en escapade chill-out digne du meilleur Biosphere. Malgré ce patchwork de couleurs sonores et d’influences, l’expérimental (mais jamais aride) « Pangaea Ultima », ne serait-ce que pas sa constante tonalité un peu froide, pour ne pas dire « glaciale » par moment (l’influence de l’ambient nordique est ici plus que palpable), est un disque qui garde une vraie cohérence de bout en bout et qui s’écoute d’une traite avec plaisir.

Alors avis aux amateurs de ME et autres mélomanes aventureux : l’univers complexe et futuriste de l’esthète Steve Moore vous tend les bras, et « Pangae Ultima » (bizarrement aussi atypique que familier) en est sûrement la porte d’entrée idéale !

Philippe Vallin (8/10)

http://stevemoore2600.tumblr.com/ 

 

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