Spock’s Beard – The Oblivion Particle
Spock's Beard
Inside Out
Ce douzième album des Spock’s Beard est plus difficile à appréhender que la moyenne, à l’image d’un « X » par exemple. Non pas que le plaisir ne soit pas au rendez-vous, au contraire, la patte de nos musiciens est bien là et reconnaissable, augmentée de celle de Ted Leonard, qui par là même « enchant-e » certains morceaux. Il est simplement plus complexe de se plonger dans ce rock progressif parfois moins « fun » qu’avant (un peu comme « X » donc) et qui invite à plus de concentration. C’est un « grower » comme on dit chez nos amis anglais, entendez par là qu’il faut l’écouter plusieurs fois pour rentrer dedans et en apprécier toutes les nuances. C’est vrai que l’opus n’en manque pas, tellement les rebondissements musicaux sont (trop) nombreux. A la fois progressif, pop, jazz rock et metal, les influences s’entremêlent et virevoltent, affichant une monstrueuse dextérité technique qui laisse un peu sur le carreau au début, puis finit par séduire. Mais à trop en faire, on peut perdre l’objectif de vue. J’avais eu la même réflexion pour « X » dont les morceaux pouvaient s’éterniser malgré la grande forme que tenaient les membres du combo californien à l’époque, tandis que « Brief Nocturnes & Dreamless Sleep » se déroulait quasiment sans accroc. « The Oblivion Particle » propose 9 titres dont le plus long dure 10 minutes. Jimmy Keegan est toujours à la batterie, et le polyvalent Ted Leonard a été gardé au chant. Un line-up qui, espérons-le, ne changera plus.
L’intro (et la fin) de « Tides Of Time » sonne comme du Spock’s pur jus, comme au bon vieux temps de Neal, qui d’ailleurs est carrément pompé ! Heureusement, le titre s’en va ailleurs avec une superbe basse ronde de Dave Meros et un Ted Leonard qui chante à sa manière, plus « prog » que Neal et Nick D’Virgilio. Un bien, un mal ? A vous de juger. En tout cas, un excellent morceau à savourer. « Minion » ne fait pas référence aux créatures jaunes rigolotes amatrices de banana, et ç’aurait pu être drôle si vous connaissez l’humour dont le groupe sait faire preuve. Nous avons droit à un morceau qui est plus proche d’Enchant que de Spock’s, notamment sur les riffs de guitares d’Alan Morse et forcément les vocaux de Ted Leonard. Le solo furieux d’Alan à la fin est percutant et l’omniprésence des claviers de Ryo Okumoto rattrape le tout.
Steve Howe ne s’est pas invité sur l’intro acoustique de « Hell’s Not Enough » mais c’est tout comme. La suite, plus pop, ne va pas très loin et mis à part le solo d’Alan, toujours très inspiré, se montre assez dispensable. La surprise vient ensuite avec « Bennett Build A Time Machine ». En effet, Ted a laissé sa place à… Jimmy Keegan. Et si vous n’étiez pas présent lors de la dernière tournée des Spock’s Beard, vous ne pouvez pas savoir à quel point Jimmy est un super chanteur. Car oui, il avait assuré à merveille le chant sur la balade « Carie », extraite du conceptuel « Snow ». D’ailleurs, s’il vient l’envie à Ted de quitter le groupe, la relève est assurée. Combien de batteur s’avèrent en fait de très bons chanteurs ? La pop joyeuse du morceau pourrait être un single en puissance, avant qu’il ne s’attarde sur une partie instrumentale jouissive. « Get Out While You Can » aux sonorités années 80 se révèle vite dispensable, sans réel relief.
« A Better Way To Fly » intrigue avec son intro un poil expérimentale, mélange The Doors et Pink Floyd, puis s’envole, toujours très 70’s, dans une envolée dynamique qui semble un peu vaine. Cette fois-ci, c’est Ryo qui se fait plaisir avec de multiples jongleries aux claviers. La touche Spock’s surnage de temps à autre, mais l’on reste dubitatif sur ces 9 minutes. Rick Wakeman ne s’est pas invité non plus sur « The Center Line » mais c’est tout comme. La cavalcade musicale qui s’ensuit rappellerait presque Muse, jusque dans certaines modulations de Ted ! Le virage progressif soudain du morceau surprend et là encore, on ne sait sur quel pied danser. Ne cherchez pas plus loin, le titre épique de l’album arrive ensuite, c’est « To Be Free Again ». Avec ses 10 minutes aventureuses, il ravira les fans du groupe. Enfin, « Disappear », qui fait appel aux talents de Dave Ragsdale au violon, est une balade très réussie avec un refrain planant et accrocheur, ce qui manquait aux couleurs de l’album, mais qui se transforme quand même en rock progressif.
Et c’est justement en cela que cet album n’est pas totalement satisfaisant. Tout se mélange, et parfois de façon pas très heureuse. Évidemment, tout est très bien joué, techniquement c’est parfait, et comme d’habitude, la sincérité du groupe est bien au rendez-vous. Peut-être aurait-il fallu faire plus « simple » et jouer comme Spock’s Beard sait le faire, plutôt que de compliquer inutilement les choses. En même temps, ils n’abandonnent pas leurs influences et ne perdront pas leur public (qui s’est quand même bien restreint avec les années suite au départ de vous savez qui). « The Oblivion Particle » est donc un jalon qui laisse une impression mitigée, mais qui s’estompera peut-être avec de multiples écoutes.
Fred Natuzzi
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Rien n’a vraiment changé, avec la même marque de fabrique. Certes, c’est toujours joué à la perfection mais le groupe ne prend aucun risque et j’ai l’impression d’entendre une sorte de pop-rock avec malgré tout un bon développement sur « bennett built.. ».Si le groupe a encore quelque chose à dire c’est pour les aficionados et pour les autres, pas vraiment.
Allez, je m’en vais réécouter ADVENT!