Spock’s Beard – Brief Nocturnes And Dreamless Sleep

Brief Nocturnes And Dreamless Sleep
Spock’s Beard
2013
Inside Out

Spock’s Beard – Brief Nocturnes And Dreamless Sleep

Après le départ de Neal Morse en 2002, Spock’s Beard nous avait fait une belle frayeur, il faut bien l’avouer. Le premier album post Dieu du prog, « Feel Euphoria », en 2003,  en avait refroidi plus d’un, la direction musicale étant devenue plus directe, plus rock US, efficace mais venant d’un groupe comme celui-ci, très, très décevant. Tandis que Neal Morse accumulait les opus majestueux, les membres de Spock’s Beard ne savaient pas vraiment se rassembler et du coup, nous offraient des moments dynamiques, certes, avec tout l’enthousiasme que nous leur connaissions, mais sans convaincre. « Octane » en 2005 accusa le coup, et une bonne partie des fans s’en allèrent en attendant des jours meilleurs. Pour marquer le coup et prendre un nouveau départ, l’album suivant est éponyme, et il revient aux fondamentaux : un prog moderne et dynamique, qui arrache, et qui file la pêche. Il mélange ainsi des compositions directes mais sophistiquées, avec des morceaux prog, rappelant la première heure. Malheureusement, cela n’est pas assez pour remettre le groupe en selle, et il leur faudra plus de 3 ans pour accoucher de « X », dixième du nom, sans le support de leur label Inside Out. Mauvaise pioche pour eux, il mettra tout le monde d’accord : Spock’s Beard est de retour, à la rage et nous assène un progressif pur jus et réjouissant. Il permettra surtout de confirmer les talents de Dave Meros comme compositeur : il assure 3 titres, et ce sont, de loin, les meilleurs ! Dave Meros et son complice John Boegehold étaient déjà à l’origine de la suite « As Far As The Mind Can See » sur l’opus précédent !  Il est à noter que le seul signé Nick D’Virgilio, « From The Darkness », est le plus faible, s’étirant jusque 17 longues minutes, un peu vaines et ennuyeuses.

Sous la contrainte de faire vivre sa petite famille, Nick D’Virgilio quitte Spock’s Beard pour le Cirque Du Soleil qui lui assure un revenu régulier et lui permet de vivre de sa musique. Nouveau coup dur pour nos 3 survivants qui avaient eu du mal à remonter la pente. En perdant leur identité vocale, n’allait-il pas sombrer à nouveau ? Requinqués par les critiques de « X », et renouvelés chez Inside Out, ils intègrent le très bon Jimmy Keegan à la batterie, qui avait montré toute l’étendue de ses possibilités lors des concerts du groupe. Le recrutement du nouveau frontman ne se fait pas attendre, c’est Ted Leonard, qui s’est illustré dans de nombreuses formations progressives, et notamment Enchant, dont le retour est d’ailleurs confirmé pour cette année. Son chant haut perché et typiquement prog est à des années lumières de celui de Neal Morse, très naturel, et de celui de Nick D’Virgilio, doux et subtil. C’est donc avec appréhension que l’album est attendu par les fans.

Le prog de « X » est attendri par un rock plus accrocheur, avec nombres de riffs d’Alan Morse, dont certains rappellent parfois ceux de Saga. Toujours un son reconnaissable par les claviers de Ryo Okumoto, tandis que la basse de Dave Meros gronde autant qu’à la belle époque. La frappe de Jimmy Keegan est précise et assure la transition comme un chef. On a affaire à un groupe en grande forme et qui réserve beaucoup de surprises. « Hiding Out » qui débute les hostilités est signé Ted Leonard ! Ouverture progressive suivie d’une partie assez inhabituelle pour Spock’s Beard : plus mélodique sur les vocaux, l’instrumentation est plus accrocheuse, et les cordes enjolivent le refrain. La dernière section du morceau est, elle, remplie à foison de soli héroïques de guitare d’Alan Morse avant un solo de claviers d’anthologie signé Okumoto. « I Know Your Secret », composée par Meros et Boegehold, retrouve la verve progressive du dernier album en durcissant le ton, toujours customisé  par un Alan Morse décidemment au top. Le chant de Ted Leonard est idéal pour ce genre de titre, il fait une excellente démonstration de ses capacités. « A Treasure Abandoned », signée Alan Morse et John Boegehold, a une intro typiquement Beardienne, puis enchaine sur une partie plus légère, plus pop sur 3 minutes, avant un développement prog magnifique. « Submerged » signée Ted Leonard aurait pu être un single, avec un refrain très accrocheur et efficace.

On revient aux amours Beardiennes de l’harmonie vocale et du prog 70’s avec « Afterthoughts », ex « Thoughts Part 3 ». Coécrite par Alan Morse et Ted Leonard, Neal Morse y a ajouté son empreinte, et … ça s’entend ! Moins alambiquée que « Thoughts Part 5 » sur l’album « Momentum » de frère Neal, cet « Afterthoughts » est quand même bien chiadé, et garde un côté Gentle Giant, passage obligé de la saga des « Thoughts ». « Something Very Strange » est crédité au seul John Boegehold. Après une intro au vocoder par John lui-même, place à un progressif énergique et technique, excellent. Le plat de résistance ? « Waiting For Me » ! Sur plus de 12 minutes, on se balade en terrain conquis, mais tellement agréable. Composée à deux par Alan et (surtout) Neal Morse (qui s’invite aux guitares additionnelles), ça ressemble à du … Spock’s Beard première époque : grosse influence Yessienne, sur la basse bien évidemment, et sur des parties de guitares. Pour les mélodies vocales, c’est du Neal Morse tout craché. Grand solo d’Alan Morse à mi-parcours, suivi d’un autre par Ryo Okumoto, prog à mort et un final grandiose !

Et cela aurait pu s’arrêter là. Mais non, il y a plus ! Un deuxième CD, pour ceux qui s’offriront la version deluxe ! C’est reparti pour 30 minutes avec « The Man You’re Afraid You Are »,  par Alan Morse et Stan Ausmus, s’amuse sur plusieurs atmosphères, plutôt sympa, « Down A Burning Rope » de John Boegehold et Alan Morse est une balade blues du plus bel effet, « Wish I Was Here » est un délire signé Alan Morse qui fait penser à « Tomorrow Never Knows » des Beatles. Pour finir, un remix dispensable de « Something Very  Strange » et un instrumental de John Boeghold, qui, décidemment, est très actif au sein de Spock’s Beard, « Postcards From Perdition ».

Comment ne pas retomber amoureux de ce groupe qui nous a donné tellement de plaisir par le passé ? Comment ne pas l’encourager à continuer sur ce chemin, en gardant leur technique, leur attitude si sympathique sur scène, leur attrait à mettre du fun dans une musique qui est si souvent plombé par le sérieux de ses géniteurs ? Comment ne pas recommander à tous les amateurs de bonne musique de se pencher sur ce nouvel album ? C’est impossible : Spock’s Beard est définitivement parmi les grands !

Fred Natuzzi (9/10)

http://www.spocksbeard.com/

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