Spock’s Beard – Don’t Try This At Home
Spock’s Beard
Inside Out
Dans l’histoire du rock, l’album live occupe une place bien particulière, souvent peu satisfaisante, tant son utilité s’avère incertaine. Il souffre sans doute au fond d’une contradiction inhérente à son essence même : censé manifester le contact du groupe et de son public, il ne fait que le rapporter a posteriori. Il fige l’émotion et la vie du concert et donc le trahit forcément. Il est, en cela, emblématique de toutes les contradictions du rock qui est énergie mais aussi composition. Du coup, le live devient, faute de mieux, une sorte de jalon, voire de passage obligé dans la carrière d’un combo. Il marque une transition – regardez donc les dates des live de Genesis – ou manifeste une évolution par le réarrangement d’anciens morceaux. Parfois, plus rarement, il montre une formation au sommet de son art et de l’alchimie collective qui la soude. On en pense ainsi à « Yessongs » bien sûr, mais aussi aux « Live Tapes » de Barclay James Harvest (1974) ou encore au live de Supertramp à Paris en 1980. Reconnaissons d’emblée que ce « Don’t Try This At Home » signé Spock’s Beard en 2000 n’entrait malheureusement pas dans cette catégorie, essentiellement parce que ses géniteurs avaient commis l’erreur d’y reprendre les trois quarts de leur dernier opus solo en date (« Day For Night », « Gibberish » et la suite » The Healing Colours Of Sound » : on eût préféré « Flow » à défaut d’un « The Light » déjà largement édité par ailleurs).
Comme c’est le cas pour nombre de combos, la bande des frères Morse en livrait hélas des versions trop proches des originales pour pouvoir réellement surprendre et donc satisfaire l’auditeur. Au sein de cette set-list complétée par » Int The Mouth Of Madness » et « June », ce sont indéniablement les titres les plus puissants (« In The Mouth Of Madness ») ou les plus émotionnels (« June ») qui tiraient le mieux leur épingle du jeu. La palme de la réussite revenait toutefois incontestablement au fantastique « Gibberish » qui forçait littéralement l’admiration par la performance vocale et technique hors pair de ses interprètes, Nick D’Virgilio en tête (Neal Morse le saluait du reste à la fin du morceau et ce n’était pas un hasard…).
C’était d’ailleurs là le principal mérite de ce CD : confirmer que le Beard était composé de musiciens de grande classe. Au total, si les fans s’y sont retrouvés, on conseilla, à l’époque, plutôt aux novices et aux « apprentis » de parfaire leur connaissance en se ruant au plus vite sur les œuvres studio précédentes de la formation.
Bertrand Pourcheron (7,5/10)