Soen – Tellurian

Tellurian
Soen
2014
Spinefarm Records

Soen Tellurian

Soen est un supergroupe au line-up international (USA et Suède), fondé par Martin Lopez, anciennement batteur des pointures Opeth et Amon Amarth. Avec la collaboration du légendaire bassiste Steve Di Giorgio (Sadus, Death, Testament), du chanteur Joel Ekelöf (Willowtree) et du guitariste Joakim Platbarzdis, la machine Soen publie un premier album très remarqué en 2012, baptisé « Cognitive ». Avec le CV des deux principaux protagonistes, on aurait pu s’attendre à une petite bombe de metal extrême. Mais que nenni ! L’oeuvre affichait au contraire un « calme » relatif et, même si elle avait beau briller par ses qualités musicales indéniables, elle surprenait avant tout par son affiliation stylistique à Tool, dont Soen reprenait pour ainsi dire tout, de la patte on ne peut plus singulière à la couleur sonore, en passant par la structuration des compositions, la technique de jeu (cette basse !), l’atmosphère sombre et torturée, jusqu’à l’univers graphique de la pochette ! Avions nous besoin d’une telle réunion de pointures pour nous offrir un simple clone d’une formation géniale qui sait faire saliver ses fans par sa rareté et son mystère ? Certes non, bien que le plaisir coupable soit au rendez-vous. Heureusement, « Tellurian » est d’un tout autre calibre sur le plan créatif.

Pour les besoins de ce second album attendu au tournant, Steve Di Giorgio a été remplacé par « l’inconnu » Stefan Stenberg. Et la musique proposée ici semble afficher une touche infiniment plus personnelle, quoi que toujours bien marquée par l’influence du gang de l’immense Maynard James Keenan (écoutez donc « Kuraman » ne serait-ce que quelques secondes pour vous en convaincre !). « Tellurian » navigue en effet dans des eaux certes troubles, mais quand même plus sereines que son prédécesseur, au carrefour d’un rock alternatif/shoegaze et d’un post-progressif à la Opeth, voire Anathema.

Soen Band

Bien que fondé par un batteur, Soen est loin d’être une simple arène destinée à faire montre de ses talents de rythmicien. Il s’agit plutôt ici de mettre en avant des compositions élégantes et profondes, où une batterie à la créativité et à l’effervescence héritée de la scène rock/metal alternatif (portée par Tool ou Jane’s Addiction) se mêle aux atmosphères pensives propres au shoegaze, par le biais de voix solennelles introspectives et de guitares tour à tour évanescentes et obsédantes.

Le lion peut néanmoins sortir de sa cage, comme en témoigne le percutant « Ennui » et sa double grosse caisse intermittente, qui est tout sauf ennuyant. Des rythmiques tribales apportent également une coloration « ethnique » à la musique (citons les versatiles « Tabula Rasa » et « The Other’s Fall »). A nouveau, l’empreinte Tool, décidément bien collante, est passée par là ! Entre dépouillement et passion, le chant ne fait jamais d’ombre au travail d’orfèvre de la section instrumentale. Au contraire, il contribue même à en mettre en valeur l’élégance. C’est par ailleurs sur la belle ballade « The Words », au mellotron à la fois majestueux et mélancolique, qu’il nous touche le plus.

En conclusion, faisant cohabiter les structures dynamiques de Tool avec les harmonies vocales d’un Riverside, les arrangements luxuriants et la versatilité du nouvel album de Soen en font une expérience auditive des plus agréables, pour ne pas dire mémorable.

Lucas Biela & Philippe Vallin (8,5/10)

http://www.myspace.com/soenmusic

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