Signal~Bruit – Planisphère(s)

Planisphère(s)
Signal~Bruit
2016
MeshWork

planispheres

Un proverbe mystique dit que derrière un mystère se cache toujours un autre mystère. Aussi, Signal~Bruit dissimule-t-il Member U-0176. Et si le prénom et le nom restent secrets, tout connaisseur aura ici reconnu l’excellentissime leader du non moins brillantissime groupe d’électro-pop Celluloïd. Mieux encore, il est également le patron de l’extraordinaire label BOREDOMproduct. C’est assez décrire le niveau stratosphérique du bonhomme, qui nous avait déjà gratifié d’une fort intéressante escapade discographique en solitaire par le biais de son one-man band Thee Hyphen, et de son superbe album Consolidated Green, composé et produit par lui-même donc, pour son propre label BOREDOMproduct. L’affaire est ici forcément différente puisque, possiblement pour la première fois dans sa pléthorique carrière, Member U-0176 est signé par un autre label. En l’occurrence MeshWork, un tout nouveau label fondé par André C. Schmechta, autrement connu sous le nom de Sevren Ni-Arb, tête pensante du groupe X-Marks The Pedwalks, une formation des plus influentes de l’electro-dark/EBM des années 90. « X-Marks The Pedwalk’s Sevren Ni-Arb starts his own electronic music label : Meshwork Music. With advanced electronic music and atmospheric soundscapes meshwork music wants to push the boundaries of electronic music to a new level. » Il n’en a pas fallu plus à Member U-0176, qui avait lu ça sur Side-Line, pour se dire qu’il tenait là le label parfait pour son nouvel album. Qui, je vous le révèle d’emblée, est de très haute volée. Non, dit comme ça, c’est un peu tiède. En vérité, c’est la grosse claque. Mais de quoi s’agit-il ?

Les habitués des titres issus de Member U-0176 savent, à l’instar de Kraftwerk, qu’il est notoirement porté vers le minimalisme, les mathématiques et la géométrie. Or, il s’est ici intéressé, pour le mettre en musiques et en vidéos, au livre Flatland, écrit en 1884 par Edwin A. Abbott, et qui raconte l’organisation hiérarchique d’un peuple composé de figures géométriques planes dans un monde entièrement pensé en 2D. Les femmes y sont des lignes droites, les hommes des polygones et la perfection s’y nomme cercle. Chaque titre de Planisphère(s) illustre d’ailleurs un chapitre clef du livre. Le bouquin étant plutôt célèbre et vénéré, il a sûrement fallu un beau courage à Member U-0176 pour s’attaquer à cet opus et encore plus de réflexions et de travail pour ne pas en trahir l’esprit, si particulier. A quoi l’album ressemble-t-il donc ?

signal-bruit

Planisphère(s) s’étale sur un peu plus d’une heure et se compose de cinq longs titres, chacun un tantinet plus complexe que le précédent et eux-mêmes subdivisés en sections souvent bien différentiables. Les premières minutes de l’album peuvent faire penser à du Tangerine Dream ou à du Peter Baumann. Mais cette fausse impression se dissipe bien vite avec la montée en complication des rythmes et des séquences. Car il bien l’avouer, cet album est une ode inavouée mais cependant saisissante aux séquences. D’accord, il y a aussi fort beaux moments très aériens soutenus par de belles suites d’accord. Mais le nerf de cet opus est la séquence, mono, stéréo, simple, complexe, évidente ou plus subtile, dans les aiguës ou dans les basses, il faut que ça tourne, boucle, se répète, encore et encore, pour que l’écoute se formate, se mathématise, se géométrise et s’abandonne à un nirvana de cycles entremêlés.

Du très grand art que ce pentagone de titres en constante progression. Et aussi d’une incroyable maîtrise compositionnelle. Bravo, mille fois bravo.

Frédéric Gerchambeau

http://www.meshwork-music.com/project/signal-bruit-planispheres/

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