Sequentia Legenda – Blue Dream
Sequentia Legenda
Autoproduction
Derrière le pseudonyme Sequentia Legenda se cache un talentueux et solitaire claviériste français, doublé d’un authentique passionné de musique électronique cosmique « à l’ancienne », ivre des jalons posés par les grands précurseurs de cette majestueuse épopée à nulle autre pareil. C’est seulement à l’aube des années 80 que notre homme découvre un peu par hasard l’oeuvre imposante de l’indétrônable Klaus Schulze, en fouinant dans la collection de vinyles de ses parents, et en tombant sur la pochette de l’indispensable « Mirage », qui restera son disque de chevet jusqu’à aujourd’hui (et au delà !). Comme ce fut aussi le cas pour votre serviteur (mon premier contact avec un certain « Moogetique » durant cette même décennie, et dans des circonstances à peu près similaires, fut un choc initiatique sans précédent !), notre artiste pénètre alors au fin fond d’univers et de textures sonores jusque-là insoupçonnées, qui marqueront à jamais sa vie et son travail de musicien en devenir. Et « Mirage », chef d’oeuvre définitif du maître allemand et source d’inspiration majeure chez Sequentia Legenda, constitue ainsi la porte d’entrée de toute l’aventure qui va suivre, l’album culte par excellence, celui par lequel tout allait commencer.
Après une longue période de frénésie en terme d’achat de disques riche en fructueuses découvertes (tiens, un autre point commun !), notre mystérieux personnage commence à faire l’acquisition de quelques synthétiseurs légendaires (à commencer par le Minimoog qu’on ne présente plus), jusqu’à acquérir au fil du temps tout un arsenal de ces fantastiques « machines à sons » aux possibilités et variations quasi-infinies. Et c’est encore bien plus tard (tout dernièrement en réalité) que l’instrumentiste, en parfait autodidacte, se lancera enfin dans le projet de créer et de diffuser sa propre musique sous la bannière étoilée de Sequentia Legenda.
Composé, produit, édité puis progressivement mis en ligne entre fin 2014 et début 2015, « Blue Dream » (pour l’instant disponible au seul format numérique) est le tout premier témoignage musical du synthétiste, et cet essai transformé sonne comme une véritable déclaration d’amour à son idole de toujours, j’ai nommé Klaus Schulze. Et disons le tout net : le résultat se situe bien au-delà de nos espérances, avec une inspiration et un savoir-faire qui forcent le respect !
L’album s’ouvre sur un magnifique édifice de plus de 33 minutes baptisé « Fly Over Me ». Si le musicien possède indéniablement sa propre palette sonore (plutôt bien équilibrée entre effluves « vintage » et d’autres plus « high-tech », ce qui ne gâche rien d’ailleurs, tout au contraire), il nous replonge immédiatement dans les ambiances éthérées et puissamment ésotériques de l’époque « Body Love », à grand renfort de suites d’accords atmosphériques olympiens, et de séquences hypnotiques qui se développent et s’entremêlent lentement par-dessus une batterie répétitive programmée plutôt discrète, mais hissant le morceau jusqu’à son climax.
Aussi, des nappes de chœurs aussi irréels que céleste en arrière-plan viennent finir de parachever ce qui sonne comme l’un des plus beaux hommages que l’on puisse rendre au Big Master Klaus. Exit ici les longs solos interminables (et parfois un peu « bavards », avouons-le), c’est l’ambiance qui est privilégiée, à la fois contemplative et délicieusement mélancolique, avec à la clef une émotion qui se renouvelle instant après instant chez l’auditeur plongé en mode introspection. Il faut dire que cette composition fleuve a le mérite d’être tout autant homogène dans sa structuration (pourtant découpée en 10 parties) que mouvante dans son évolution, un peu comme une oeuvre de cinéma qui défilerait sans les images, hormis celles que l’auditeur se créé en son for intérieur.
Les vents cosmiques en introduction de « The Approach » (1er titre bonus, avec plus de 20 minutes d’onirisme pur au compteur !) ne dénotent pas avec le reste, et à ce nouveau voyage instrumental au parfum résolument science-fictionnel, il ne manque plus que les percussions hypnotiques d’un Michael Shrieve période « Transfer Station Blue » (album trop méconnu du célèbre prodige rythmicien révélé dès son plus jeune âge chez Santana).
Enfin, le très atmosphérique et bien nommé « Vibrations » vient parachever ce « rêve bleu » infiniment plus tripant que celui d’Aladdin et de sa princesse au tapis volant, avec des nappes et séquences directement empruntées à l’esprit et à l’esthétique « Mirage », dont cette ultime pièce, plus « statique » que ses deux grandes sœurs mais néanmoins prenante, ne peut être qu’un brillant et respectueux hommage.
En conclusion, s’il ne défriche pas vraiment de nouveaux territoires soniques inexplorés et ne définit pas une nouvelle manière de créer et d’agencer la musique cosmique de cette grande famille qui aura fait école (c’est le cas de le dire !) plus de quatre décennies durant, Sequentia Legenda s’impose comme un talentueux « faiseur » qui ne sombre jamais dans la pâle copie. En effet, le compositeur est suffisamment perfectionniste pour nous éblouir de par la maîtrise de ses machines, suffisamment esthète pour nous émerveiller sans relâche et nous emmener très loin dans notre cosmos intérieur. Et, enfin, suffisamment musicien au sens noble du terme pour nous titiller sans relâche les papilles émotionnelles.
On se demande alors comment cette musique sonnerait si l’artiste se laissait aller davantage dans un processus créatif plus personnel, en se démarquant un peu plus de son influence majeure, ce fameux Klaus Schulze qui, à mon avis, doit être fier malgré tout de sa relève, et de ce nouveau garant de la grande « tradition » cosmique.
Quoi qu’il en soit, voilà que déboule dans ce passionnant microcosme un nouveau nom de la « Berlin school à la française », qui à mon avis n’a pas fini de nous captiver, à défaut peut-être de vraiment nous surprendre. Mais, qui sait ?
Philippe Vallin (8,5/10)
http://www.sequentia-legenda.com/
Pour télécharger l’album : http://sequentia-legenda.bandcamp.com/album/blue-dream
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Je crois en lui et il a pas fini de nous étonner ! votre texte est touchant et en le lisant sur la musique de Blue Dream il redouble d’émotion !! a bientôt de vous lire ! VIVINE
Un GRAND merci pour cette superbe chronique.
Beaucoup d’émotions, de sincérité, de bonheur, transparaissent aux travers de ces phrases.
Cela me va droit au cœur et je suis vraiment comblé.
BLUE DREAM est le début de mon rêve musical. Je veux avancer, vivre mon rêve et partager une partie moi, offrir une part de rêve, une invitation à un voyage musicale et cosmique.
MERCI à vous TOUS.
MERCI Philippe.
♫ Musicalement,
Sequentia Legenda
Bravo et merci pour cette superbe chronique, fort bien écrite, qui me donne envie de découvrir l’album dans son intégralité. Je viens d’écouter les morceaux Vibrations et Amira sur la Planète Bleue et je suis bien plus qu’enthousiaste. La musique de Sequentia Legenda est d’une élégance magnifique.
MERCI Phil pour ce beau commentaire qui me droit au cœur.
Je peux vous inviter à découvrir mon double album EXTENDED qui vient de paraitre.
Pour ce dernier projet musical, j’ai eu l’immense chance de pouvoir compter sur la participation du batteur allemand Tommy Betzler qui a joué et accompagné dans ses tournées l’illustre Klaus Schulze dans les années 80 🙂
Je vous souhaite beaucoup de plaisir lors de l’écoute de ma musique.
Musicalement,
Laurent (Sequentia Legenda)
De façon beaucoup plus primaire et viscérale que ce qu’exprime ce très beau texte, je dirais simplement que j’ai retrouvé dans cet album la vraie patte de mon idole Klaus Schulze dont Moondawn continue à me transporter très loin 40 ans après sa première écoute, alors que j’étais adolescent.
La patte, l’inspiration, la touche, le feeling, l’univers mais pas une copie, mais un remake, loin de là. Bravo. Encore !
Je tiens à vous remercier Alain pour votre témoignage.
La Berlin School musique est ma passion et je suis certain que cette mouvance musicale a encore de beaux jours devant elle.
Merci, bonne écoute à vous et bon voyage musical et cosmique,
Laurent (Sequentia Legenda)