Sea Vine – Król I Królowa
Sea Vine
Autoproduction
Deuxième album du « power » trio polonais Sea Vine, « Król I Królowa » (le Roi et la Reine) continue à mettre en avant des claviers empreints de mystère et d’effroi dans un tourbillon de cadences tour à tour saccadées et pulsées. Claviers omniprésents, rythmiques étourdissantes et chant sporadique, on pense forcément à SBB, groupe auquel Sea Vine rend d’ailleurs hommage dans la reprise qui clôture l’album. C’est à la manière de la Lune, éloignée de la Terre mais en même temps attirée par une force gravitationnelle que cette version assure la transition avec les titres originaux. Ces derniers s’enchaînent tels les mouvements d’une suite, comme pour rendre plus cohérent un propos contrasté où entrain et tourments s’agencent à la manière du jeu d’ombres et lumière d’un tableau de Rembrandt. Entre plongée dans des abysses sombres à la quiétude angoissante et baignade dans des eaux claires à l’agitation rassurante, c’est à un jeu de miroir que l’on assiste. Peu de place est accordée au chant (féminin), dont le style déclamatoire empreint de douleur vient cependant rendre le tableau encore plus glacial. Les mots ne sont d’ailleurs pas choisis au hasard (ciemność (l’obscurité), ból (la douleur), terrified (angoissée)…). Par ailleurs, le spectre de Józef Skrzek vient hanter non seulement la vieille pièce dépoussiérée de la maison SBB, mais également le final de « Transformacja » dans les sonorités à glacer le sang de cet orgue aussi majestueux que la façade d’une cathédrale. Groupe qui associe les recherches texturales d’un temps révolu et les approches rythmées de notre époque, Sea Vine pourrait être la porte d’entrée des nouvelles générations nourries aux musiques dansantes vers le pays des merveilles progressives.
Lucas Biela