RPWL – Tales From Outer Space
Gentle Art Of Music
2019
Christophe Gigon
RPWL – Tales From Outer Space
Naturellement, la formation allemande RPWL ne fait pas partie, strictement parlant, de la grande famille Pink Floyd. Issue de celle-ci on relèvera le succès phénoménal de son ancien bassiste (et principal auteur et compositeur) Roger Waters, dont les dernières tournées ont fait de lui le troisième artiste solo le plus « économiquement efficace » après Madonna et Bruce Springsteen. On s’inclinera également devant la grâce de la carrière de son guitariste David Gilmour, moins colossale mais tout aussi intéressante. Même le batteur, Nick Mason, connait un regain de popularité en menant son projet Nick Mason’s Saucerful Of Secrets dans le monde entier. Les regrettés Syd Barrett et Richard Wright ont connu des épisodes solitaires plus discrets.
A l’origine, RPWL était un tribute band de Pink Floyd. La filiation spirituelle est donc claire. Dans ce genre-là, pourtant plutôt saturé (Brit Floyd, The Australian Pink Floyd Show, Echoes ou The Floyd pour n’en citer que quelques-uns), RPWL a bien vite tiré son épingle du jeu en proposant un concept assez inédit pour l’époque : proposer, non plus des reprises du groupe mais plutôt la musique que jouerait Pink Floyd s’il était encore actif. A l’instar de ce que produisent les Italiens de The Watch (fans de Genesis), la formation qui nous intéresse a décidé de rendre hommage à l’ancêtre progressif en proposant des compositions originales, parfaitement maîtrisées et incroyablement jouissives… « dans l’esprit de… ». Certes, ce concept surprenant a de quoi faire grincer des dents. Cependant, on peut relever l’effort qui consiste à proposer du (presque) neuf plutôt que du vieux réinterprété.
Depuis 2000, les albums originaux, tant en studio qu’en public, se succèdent. Le petit dernier, paru en 2019, Tales From Outer Space, continue le travail exigeant auquel s’attache la bande planante depuis ses débuts. Musicalement, la perfection est presque toujours atteinte. Les musiciens pratiquent la haute voltige, le chant de Yogi Lang est limpide et, évidemment, très proche de celui de Gilmour. La production montre le savoir-faire allemand en la matière et même les carrières en solitaire de certains membres du groupe (Blind Ego pour le guitariste Kalle Wallner et les deux albums magnifiques de Yogi Lang) font preuve d’une maestria confondante. Ainsi, vu le niveau très élevé de toutes ces productions, Pink Floyd ne peut que se voir honoré. Il faut avoir l’honnêteté de souligner que les rares fois où RPWL a essayé de proposer des choix plus radicaux, plus éloignés de l’esthétique floydienne, le résultat s’avérait quelque peu décevant (The RPWL Experience ou Wanted). Avec ce dernier disque, les pendules sont remises à l’heure : tant que Pink Floyd sera en stand by, c’est RPWL qui prendra la place.
Des preuves ? Les magnifiques envolées de guitares, de claviers ou de batterie ramènent sans cesse l’auditeur vers les sommets adorés de Wish You Were Here ou même A Momentary Lapse Of Reason. La trame narrative, articulée autour de l’espace donne un petit côté rétro et sympa à l’ensemble. Car, oui, rappelons-le, tant sur disque que sur scène, RPWL ne s’est jamais pris trop au sérieux. Il sait ce qu’il doit et accepte de rester à sa place. Nulle prétention ou posture arrogante ou hypocrite chez eux. Seule compte la musique. Et quelle musique ! La grande classe.