Rovescio Della Medaglia – Live In Tokyo

Live In Tokyo
Rovescio Della Medaglia
2013
Aereostella Records

Rovescio Della Medaglia – Live In Tokyo

Plus connu sous l’appellation de RDM, Rovescio Della Medaglia est un des plus beaux fleurons de l’école symphonique italienne des golden seventies. Après deux premiers opus prometteurs (le conceptuel « La Bibbia » en 1971 et l’excellent « Io Come Io » en 1972), la formation nous livre en 1973 sa grande œuvre avec « Contaminazione », inspirée par le cycle des préludes et fugues du clavier bien tempéré de JS Bach. Très impressionnant en termes de maîtrise technique et de capacité à mélanger pièces baroques et psychédélisme, le groupe se fend ici d’un disque digne des plus grands. Piano électrique et classique, orgue, cordes et bien entendu clavecin mènent brillamment le bal. En corolaire, l’intégration des thèmes classiques dans le rock typiquement seventies du combo atteint de véritables sommets. Après ce vinyle phare, la formation va complètement disparaître des écrans radar pour revenir sur le devant de la scène avec « Giudizio Avrai » en 1988, suivi de « Vitae » en 1993, de « Il Ritorno » en 1995 et de « Microstorie » en 2010. *

Ces disques sont hélas globalement bien fades en comparaison de leurs glorieux prédécesseurs mais le groupe ne s’en laisse pas compter et prend la direction du Japon en 2013 pour y donner une série de concerts exceptionnels basés sur l’interprétation intégrale de « Contaminazione », en compagnie d’un quatuor à cordes. Oubliez dès maintenant toutes vos idées préconçues sur les albums en public car ce « Live In Tokyo » de RDM ne présente pas des extraits rassemblés d’une même tournée mais un véritable CD concept, interprété en une soirée devant un public nippon en extase.

Interprétant avec maestria une version profondément remise au gout du jour de son opus majeur, la bande du guitariste Enzio Vita et du claviériste Franco Di Sabbatino nous donne l’impression persistante et légitime d’écouter une œuvre inédite. En effet, si les thèmes sont familiers, leur réarrangement en profondeur (« Absent For This Consumed World », à la guitare dopée aux amphétamines et à la rythmique d’enfer, ou encore l’orgue dissonante sur l’introduction de « Il Suono Del Silenzio ») provoque un sentiment de réjouissance assez extraordinaire.

On a en effet affaire à un véritable voyage divisé en treize chapitres mélodiques et sublimé par des parties vocales magnifiques de justesse et d’émotion. Ici, le texte suggère la musique et la musique éclaire le texte. L’osmose est parfaite. La poésie des paroles du chanteur et flûtiste Pino Ballani célèbre une sorte de romantisme mélancolique, en une succession de sensations fugitives et de sentiments fugaces.

Et, on ne le répétera jamais assez, la musique fait preuve en permanence d’une plénitude et d’une virtuosité toujours contrôlée qui réduisent Rick Wakeman et Keith Emerson au rang de musiciens de bastringue ridicules et prétentieux. Jetez donc une oreille aux cordes bouleversantes des sublimes « Moi Sogno Svegliato E… Ho Chiuso Gli Occhi » et « La Grande Fuga », au piano éblouissant de « La Mia Musica » et aux furieux épanchements rock de « Cella 503 », « Contaminazione 1760 » et « Alzo Un Muro Elettrico ».

Magnifique car diablement éclectique, n’est ce pas ? Voilà, au final, un opus éblouissant absolument indispensable à toute discothèque progressive qui se respecte.

Bertrand Pourcheron (10/10)

http://www.ilrovesciodellamedaglia.it/

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