Rosalyn – All Your Silences
No Sun Records
2019
Christophe Gigon
Rosalyn – All Your Silences
Le premier E.P. de Rosalyn, Single Mother, paru en 2018, a été discuté sur ce blog et avait impressionné votre serviteur, Une pop légère et mélancolique qui plaira aux amateurs d’un Steven Wilson calme ou d’un Blackfield dans ses moments les plus vaporeux. On attendait l’album, il est sorti au mois de mars de l’année passée et Clair & Obscur le met en lumière seulement maintenant, au printemps 2020, soit une année d’attente ! Mais comme il s’agit d’une musique de garde, le temps n’a pas vraiment de prise sur ces compositions principalement acoustiques.
Toujours (presque) seul aux manettes, le Lausannois Frédéric Aellen nous propose dix titres pop folk tous plus délicieux les uns que les autres. Il faut ajouter que les arrangements pour cordes (violon, alto et violoncelle) achèvent de polir ces petites pépites impalpables.
Un disque plus clair qu’obscur, un disque de printemps, un disque qui se dévoile sans retenue et qui se laisse écouter, les yeux fermés et le casque bien posé. L’ensemble est moins aventureux que ce que l’on peut découvrir dans le projet The Electrical View, forcément. D’ailleurs, il faudra que l’on vous parle un de ces jours de ce groupe, très intéressant et qui plaira aux amateurs de rock indie planant (le paradoxe est volontaire) ainsi qu’aux complétistes du Porcupine Tree le plus « commercial »
Mais revenons à nos chansons. Frédéric Aellen n’en est pas à son coup d’essai puisque huit albums ou E.P., sous différentes appellations, ont déjà été rendus publics via ses différentes pages Bandcamp. La qualité est toujours au rendez-vous, ainsi que le soinaccordé à la prise de son, aux arrangements ciselés et à l’ambiance générale (Ah ! Ces magnifiques arpèges de guitare 12 cordes que l’on croirait échappées de chez Anthony Phillips, premier guitariste de Genesis), toujours très soignée. La voix, peut-être le seul élément plus faible de l’ensemble, gagnerait, parfois, à être plus viscérale, plus habitée, sans toutefois lorgner vers les territoires possédés d’un Matthew Parmenter (Discipline) ou d’un Markus Fagervall (Liquid Scarlet).
Avec All Your Silences, on reste en terrain plus discipliné, à l’instar d’un No-Man ou d’un Anathema : de bien belles références. Le livret du disque compact, également de toute beauté, achève de prouver que Rosalyn tient à cœur de proposer un ouvrage de qualité à son public, vite envoûté. Cette musique vaut davantage que le silence qui, pourtant, comme chacun le sait, est d’or.