Rise Twain – Rise Twain
Inside Out Music
2019
Rudzik
Rise Twain – Rise Twain
S’il y en a deux qui ont de la suite dans les idées, ce sont bien Brett William Kull, un producteur et ingénieur-son plus connu pour être un des piliers d’Echolyn et J.D. Beck, chanteur-compositeur en particulier de The Scenic Route. C’est l’enregistrement de l’album North de ce groupe qui les a fait se rencontrer en 2007. A cette occasion, Kull fut bluffé par la voix à la Jeff Buckley de Beck qui le hanta pendant une douzaine d’années jusqu’à ce que les deux ricains finissent par se retrouver autour d’un projet commun, le logiquement nommé Rise Twain pour accoucher du présent album éponyme. Ils se répartirent les rôles le plus naturellement du monde avec J.D. Beck au chant et au piano alors que Brett William Kull s’occupa de… tout le reste !
S’il est clairement à classer dans le rock progressif, ce Rise Twain n’est pas une commode musicale recelant un monstre de technique aux multiples changements de rythmes dont on s’ingénierait à ouvrir et refermer sans arrêt tous les tiroirs. Les dix plages indolentes qui le constituent sont autant de chansons taillées sur mesure pour le chant organique de J.D. Et il en profite bien le bougre, distillant dans chaque recoin de la galette ses accents larmoyants, voire désespérés, peaufinés par des chœurs phénoménaux confinant parfois au gospel (« Everspring »).
Désespérance organique, voilà comment je qualifierais l’ambiance générale de cet album. A part quelques morceaux à la tonalité légèrement plus optimiste et sereine comme « Golden », « Into A Dream » et « Lit Up », l’ensemble est à l’opposé d’un hymne à la joie. Il pourrait même engendrer la monotonie du fait du rythme alangui dans lequel il se prélasse continuellement. Pourtant, ce sentiment ne prédomine pas à l’écoute de Rise Twain. En effet, il est gavé jusqu’à la moëlle de mélodies et d’arrangements classieux tout en ne chargeant pas la mule avec une ribambelle de pistes superposées jusqu’à plus soif. Il n’y a donc pas des dizaines de guitares, de nappes de clavier ou de cordes qui en surchargent le back-ground et pourtant, paradoxalement, la richesse sonore, qui est l’écrin dans lequel est précieusement enserrée la voix d’or de son chanteur, en constitue son atout principal.
Des bijoux, vous en voulez ? Il y a le fragile et acoustique « Oh This Life » dont l’écoute vous fera littéralement fondre de plaisir. Il est suivi du très intimiste « Prayers » avec des parties de chant et de guitare fusionnelles qui font inévitablement penser au meilleur d’Anathema. Il y a aussi le plus emphatique « Death of Summer » qui semble perpétuellement s’assoupir pour à chaque fois se réveiller ensuite avec magnificence.
Ainsi, Rise Twain est un album engendrant une certaine zénitude mélancolique de la part d’un duo de talents qui ont réussi à les conjuguer à merveille, créant en cela une émulation artistique jamais outrancière.
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