RanestRane – A Space Odyssey Part One : Monolith
RanestRane
2014
Déjà auteur de deux opus gigogne de bonne qualité (le double « Nosferatu Il Vampiro » en 2006, réédité dans une superbe version remasterisée en 2013, puis « Shining », publié en 2011), l’excellent groupe italien RanestRane frappe aujourd’hui un grand coup d’éclat avec le concept album fleuve « A Space Odyssey Part One : Monolith ». Vous aurez bien sûr deviné de quel grand chef d’oeuvre de la science-fiction ce premier chapitre thématique s’inspire ! La pochette du CD ne laisse aucun doute non plus sur ses intentions, tout comme il est clair que le combo semble très porté sur le cinéma SF/fantastique en général (leur « Nosferatu » se revendiquant de la version fascinante et glaciale signée Herzog) et celui de Stanley Kubrick en particulier. Mais venons en au contenu musical proprement dit. Le titre d’ouverture de 18 minutes, intitulé « Semi », pète des flammes et constitue un excellent aperçu de l’identité de RanestRane : un excellent chanteur, aux intonations parfois proches de celles de Franco Mussida (PFM), des claviers tour à tour emphatiques et aquatiques, une guitare gilmourienne belle à en pleurer toutes les larmes de son corps, de courtes digressions jazzy, des bruitages savamment utilisés et de magnifiques digressions folk andalou sur le final.
L’ensemble est soutenu par une section rythmique subtile et inventive à souhait, avec notamment un paysage flamenco de toute beauté et des récitatifs bouleversants sur fond de rock planant. Les cinq compositions suivantes voguent en apesanteur aux côté de Pink Floyd, du PFM de « Per Un Amico » et du Le Orme de « Felona E Sorona », avec de-ci de-là une touche celtique à la Iona (« Fluttuero ») ou un zeste du meilleur Marillion (celui de Steve Hogarth). Cette œuvre a donc vraiment tout pour plaire à un large public accroc au rock progressif, tant sa musique éminemment mélodique et sophistiquée est susceptible de rassembler un important consensus autour de son nom.
Car, au-delà de tout cela, il y a avant tout ici une formidable recherche mélodique (« Stazione Orbitante Uno »), et la création d’ambiances magnifiques transportent le fan transi dans un dédale de séquences instrumentales dont il ressort avec le sentiment d’avoir effettué un voyage de plénitude (le superbe « Materna Luna »). « A Space Odyssey Part One : Monolith » est, pour le coup, un grand moment de magie musicale, le genre d’album enthousiasmant qui vous donne envie de crier haut et fort « Oh mon Dieu, c’est plein d’étoiles !« , comme un certain Dr. David Bowman, arrivé au bout (quoi que…) de sa quête aussi mystérieuse qu’inattendue.
Mais pour nous qui sommes encore sur Terre, vivement la « Part Two » de ce périple futuriste (servi par la musique intemporelle de nos transalpins cinéphiles !) qui s’annonce vraiment passionnant. Une grosse surprise donc !
Bertrand Pourcheron & Philippe Vallin (8,5/10)