Pyramaze – Epitaph

Epitaph
Pyramaze
AFM Records
2020
Rudzik

Pyramaze – Epitaph

Pyramaze Epitaph

Souvenirs… 2004, mon premier RaismesFest… impressionné, timide et gêné (je suis toujours un peu tétanisé quand je suis face à un musicien en réel) lors d’une séance dédicace improvisée de leur album Melancholy Beast, j’échangeais péniblement quelques mots avec le sympathique et blond comme les blés Toke Skjønnemand. Il était fraîchement arrivé dans Pyramaze et tout heureux de poser pour la photo souvenir au point qu’il me tendit gentiment la serviette avec laquelle il venait de s’éponger le visage dégoulinant de sueur après un show de power metal d’une qualité inattendue pour ce groupe danois complètement hors de mes radars musicaux de l’époque. C’était un âge où l’on ne craignait pas la covid. Je me suis donc saisi de l’offrande et même si je ne suis pas fétichiste au point de ne l’avoir jamais lavée, j’avoue que je possède toujours cette serviette bleue marine. Il faut dire que ce moment particulier a eu de la suite car nous avons conversé sur msn pendant deux ou trois ans avant que le temps ne dilue tout cela. Je n’ai jamais revu Pyramaze en concert ni Toke et je doute même qu’il se souvienne de moi.

Seize ans après, Pyramaze a de nouveau accroché mon radar. Il est toujours actif bien qu’ayant perdu sa colonne vertébrale à savoir ses deux mythiques chanteurs successifs Lance King et Matt Barlow (Iced Earth), mais surtout son leader fondateur Mike Kammeyer et même son bassiste Niels Kvist. Depuis trois albums, Toke a pris du galon et s’est retrouvé aux commandes du navire en tant que lead guitariste en compagnie des deux membres originels du groupe, Jonah Weingarten (claviers) et Morten Gade Sørensen (batterie) ainsi que de leur producteur Jacob Hansen (basse). Le line-up, devenu 100 % Scandinave, est complété par Terje Harøy au chant.

Pyramaze Epitaph band1

Epitaph est le sixième album de la discographie de Pyramaze et son titre n’est pas prémonitoire du tout. On retrouve cette caractéristique à la fois puissante et mélancolique des compositions du groupe. Il y a ce soupçon de désespoir qui est endémique en particulier dans le chant (« Steal My Crown », « Particle »). Les Danois se sont affranchis du côté power plus prononcé de leurs débuts pour affirmer leur identité propre à travers des schémas plus versatiles. Les riffs de guitares sont très secs et habillés de lignes de claviers épileptiques pour constituer une tessiture rythmique hybride d’un fort bel effet (« Your Last Call »). Une certaine grandiloquence renforcée par des claviers pompeux s’invite parfois aux festivités (« A Stroke Of Magic », « Indestructible »). Les refrains font véritablement mouche et Terje parvient efficacement à éclipser vocalement ses illustres prédécesseurs. Dans ce domaine, on note l’apport judicieux du chant féminin de Brittney (oui, oui, il y a bien deux « t » à son prénom) non pas Spears mais Slayes (Unleash The Archers) sur un « Trascendence » chanté magnifiquement à deux voix. Les explorations aux frontières de leur registre habituel atteignent leurs limites sur le trop pop et fade «  Bird Of Prey » alors qu’elles sont bien plus heureuses le temps du sautillant « Final Hour », de l’accrocheur « World Foregone » et surtout du « puissantissime » single « A Stroke Of Magic ». Les soli de Toke ne sont pas surabondants et prévisibles sur chaque morceau. Seul ou en twin, il assure grave. Morten Gade fait « fûts » de tout bois à la batterie même si je ne kiffe pas trop lorsqu’il se lance dans de longues séries de blasts de grosse caisse caractéristiques du power metal (« Steal My Crown », «  Knights In Shining Armour »).

Comme s’il voulait démontrer toute l’étendue de son registre créatif resté intact, voire encore plus largement ouvert, tout en ne s’étant pas coupé de ses racines, Pyramaze enfonce un put... de clou avec l’étonnant « The Time Traveller » final, un pavé de plus de douze minutes pour lequel nos cinq Danois ont reçu la contribution de leurs ex-chanteurs Lance King et Matt Barlow. Effectivement, les performances vocales de ce titre profitent certainement de la saine émulation que génère le fait d’avoir un trio d’excellents vocalistes en action. Pour autant, on y remarquera aussi beaucoup les parties de claviers tour à tour majestueuses ou délicates de Jonah.

Pyramaze Epitaph band2

Si Pyramaze m’a fait faire un saut temporel de seize ans en arrière, il est plaisant pour moi de constater que le groupe ne s’est pas égaré en chemin et qu’il parvient à continuer à tracer sa route tout en l’agrémentant d’excursions aux limites de son univers musical. Epitaph est un album très solide comportant son lot de trésors cachés le faisant durer un bon moment dans les écouteurs de celui qui prendra le temps et le plaisir d’y poser une oreille attentive.

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