Philippe Luttun – The Taste Of Wormwood/Voices From Chernobyl
Philippe Luttun
Musea
L’univers du progressif vient d’être traversé par une comète du nom de Philippe Luttun et çà risque de faire grand bruit dans un avenir fort proche. Ce prodigieux multi-instrumentiste français nous offre, en effet, un fabuleux concept album cinématique inspiré par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986, depuis ses causes jusqu’à ses conséquences les plus terrifiantes (âmes sensibles s’abstenir). A quoi ressemble donc la musique de ce génie hors norme, seul maître à bord après dieu (il se charge du chant, des guitares, des claviers, de la basse et des batteries excellemment programmées) ? Epaulé, sur une petite poignée de titres, par la belle Pris K. (vocaux et chœurs diaphanes), Philippe a mis en boite huit compositions merveilleusement enchaînées, depuis « Prelude To A Disaster » et sa boite à musique inquiétante jusqu’à « Heroes End », dont les paroles récitées en russe sont bercées par un piano et une guitare sèche qui filent le grand frisson.
En première approximation, on peut déceler des influences aussi variées que Pink Floyd (pour l’énorme travail sur les bruitages et les atmosphères, le saxophone samplé et la six-cordes gilmourienne à souhait), le Pulsar de « Halloween » pour les phases les plus symphoniques et désespérées (le grandiose epic « The Ghost Of Pripyat »), le meilleur Clearlight Symphony pour les envolées cristallines d’un piano classique en état d’apesanteur (« The Macabre Pilgrimage »), Liquid Tension Experiment pour les séquences les plus virtuoses et rentre-dedans (« On The Road Of Hell »). On a même droit à quelques réminiscences d’électro (l’introduction de « Reaktor 4 ») et de folklore slave (les premières mesures de « The Day After »).
Mais au-delà de cet inventaire à la Prévert, ce qui frappe d’emblée c’est un incroyable sens cinématique, une formidable énergie et un enthousiasme de tous les instants. On se prend les morceaux dans les cages à miel comme une série d’uppercuts avant de pouvoir reprendre son souffle et d’essayer de comprendre ce qui se passe. C’est que « The Taste Of Wormwood » déboule sur la platine comme un ouragan jouissif. Le contraste entre parties calmes et explosives (souvent au sein d’un même morceau) donne à ce chef d’œuvre en puissance un incroyable relief. Fabuleuse découverte en somme !
Bertrand Pourcheron (10/10)
c’est pas Chernonyl mais Chernobyl (avec un B) 😉
Bien vu Bruno ! Faudra donc engueuler l’auteur de la chro qui ne bosse plus avec nous 😉