PFM In Classic – Da Mozart A Celebration
PFM In Classic
Immagnifica
Après des années 80s en forme de traversée du désert, beaucoup pensaient que l’exécrable « Miss Baker » (1987) serait le chant du cygne de ce magistral groupe transalpin. Il n’en a rien été. Le combo a en effet signé son grand retour en 1997 avec le fort beau concept « Ulisse », avant de publier le très pop « Serendipity » (mais jetez donc une oreille attentive aux fabuleuses ballades « Nuvole Nere » et « La Quiete Que Verra ») en 2000. Vinrent ensuite le sublime opéra rock « Dracula » en 2005, le cinématique et jazz-rock CD+DVD « Stati Di Immaginazione » (qui a scellé le départ du claviériste d’origine Flavio Premoli) en 2006 puis le très bon coffret trois CDs « A.D. 2010 – La Buona Nova » en 2010. Dans le même temps, la formation nous a littéralement inondés d’albums live de fort belle facture, depuis « www.pfmpfm.it (Il Best) » en 1998 jusqu’à « Live In Roma » en 2012 avec le grand Ian Anderson sur trois splendides covers de Jethro Tull, en passant par le CD + DVD « Live In Japan » en 2002 et le CD + DVD « Piazza Del Campo » en 2004, qui a marqué le retour, le temps d’un spectacle, du violoniste et flûtiste d’origine Mauro Pagani au sein du line-up.
Désormais réduit au trio fondateur Franz Di Cioccio (batterie, percussions et chant), Patrick Djivas (basse, ex-Area) et Franco Mussida (guitares électriques et acoustiques et chant), épaulé par les fidèles Lucio Fabri (violon, claviers additionnels), Roberto Gualdi (seconde batterie) et Alessandro Scaglione (claviers), PFM signe aujourd’hui son chef d’œuvre absolu. Avec le support de l’orchestre symphonique de Rome dirigé par le brillant Bruno Santori, la formation revisite en effet à la sauce symphonique sur ce somptueux double CD, emballé dans un magnifique digipack, sept compositions de musiciens classiques et six morceaux (dont deux inédits) de son riche et brillant répertoire.
Sur la première rondelle, le combo nous offre ainsi dans l’ordre : « La Flute Enchantée » de Mozart, « La Danse Macabre » de Saint-Saëns, « La Danse Slave N°1 » de Dvorak, « La Symphonie N°V » de Mahler, « Roméo Et Juliette » de Prokofiev, « La Grande Pâque Russe » de Rimskij Korsakov et « Nabucco » de Verdi et apporte une force extraordinaire à ces chefs d’œuvre du répertoire classique. Soulignant intelligemment les breaks, mettant avec maestria en exergue les changements mélodiques, le meilleur gang italien de tous les temps s’adonne avec ivresse aux syncopes les plus complexes et s’entend comme larron en foire avec l’orchestre qu’il complète à merveille.
Sur le second CD, qui commence en fanfare avec une reprise transfigurée de « La Luna Nuova », la formation mixe, avec un talent pour tout dire ahurissant, son jazz-rock fusion progressif avec la musique classique. « Promenade The Puzzle », « Dove… Quando », « Maestro Della Voce », « Suite Italiana » et « Guglielmo Tell Overture » en sortent magnifiés. Loin de toute esbroufe technique, PFM cherche, avec l’aide de l’orchestre, à gommer les aspérités, à rendre fluides les transitions, à prendre son temps, bref à mettre en valeur ce qui, au fond, a toujours constitué sa grande force, à savoir un exceptionnel talent mélodique.
Le groupe revisite ici ses mélodies, les travaille avec une subtilité incroyable, comme une fleur dont on extrait le suc. Point ici de soli à l’emporte pièces (vous avez bien lu) mais une tapisserie sonore exceptionnelle… Bref, l’auditeur a tout lieu de rester pantois devant cette montagne discographique. Absolument somptueux !
Bertrand Pourcheron (10/10)