Peter Hammill – Consequences

Consequences
Peter Hammill
2012
Fie ! Records

Peter Hammill – Consequences

Régulier comme un métronome parfaitement huilé, Hammill le poète vient se rappeler à notre bon souvenir avec son neuvième album studio depuis 2000 et « None Of The Above ». Malgré (à cause de ?) sa carrière exceptionnelle à plus d’un titre, sa longévité (près de cinquante ans à écrire et interpréter de la musique, et ce n’est pas fini) et son refus obstiné des concessions à l’air du temps, le mystère le plus entier entoure cet immense artiste et sa vie privée. Ne rentrant dans aucun des moules préfabriqués par les journalistes rock, PH suscite hélas au mieux un intérêt poli alors qu’il a, dans le même temps, le statut de musicien culte, salué par plusieurs stars du rock depuis les seventies (Peter Gabriel, Johnny Rotten, Fish, etc.) comme une influence souterraine mais bien réelle sur le rock moderne. Mais revenons à nos moutons : cette cuvée 2012 constitue une fois encore l’occasion d’un franc renouvellement, Hammill se démenant désormais seul à la guitare et au piano, sans artifice ni faux semblant.

L’ange noir y plonge aux racines du blues et du rock pour nous offrir dix compositions acoustiques, sobres, énergiques, parfois même désespérées (les sublimes « That Wasn’t What I Said » et « Scissors »). La musique s’emploie, encore et toujours, à servir une immense voix, chaleureuse et intimiste. Les paroles sont, quant à elles, essentielles. Pas de chanson d’amour mais des méditations subtiles et émouvantes sur l’identité, la fuite du temps ainsi que la liberté et ses limites.

Il est aussi question des mirages que l’on se donne (« Perfect Pose ») et des leurres de la consommation outrancière (« Your New Pen-Pal »). La soixantaine plus que jamais rugissante, Peter tisse au final, avec « Consequences », une métaphore forte et contrastée sur les écueils abrupts vers lesquels file le vaisseau de notre société et face auxquels nous nous retrouvons plus seuls que jamais, sans artifice ni protection.

Une fois encore, cet écorché vif visionnaire, prophète imprévisible d’une époque qui l’est tout autant, s’affiche tel qu’en lui-même : intime, dérangeant, exigeant, émouvant et sincère. Il est l’ami idéal, celui que l’on respecte et que l’on admire pour son intégrité. Respect !

Bertrand Pourcheron & Philippe Arnaud (8/10)

http://www.sofasound.com

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