Pat Metheny Group – Imaginary Day
Pat Metheny Group
Warner Bros Records
Considéré par les plus grands guitaristes du monde comme une influence ou un modèle, le Pat Metheny Group sortait en 1997, avec « Imaginary Day », l’un de ses meilleurs opus toutes périodes confondues. Sans fausse modestie, Pat déclarait à la sortie de l’album que la formation avait simplement pris conscience que ses possibilités étaient sans limite et que, s’affranchissant de toutes contraintes, ils avaient décidé d’emmener l’auditeur, de titre en titre, dans une succession de voyages imaginaires. D’où la diversité extrême de l’inspiration de cet album : pas un morceau n’y ressemblait à un autre. Aidé de quatre percussionnistes et de deux multi-instrumentistes chanteurs (la voix étant ici utilisée comme un instrument), le combo se lançait dans un périple haut en couleurs et créait par la même occasion un genre nouveau : une sorte d’ethno-jazz-symphonique qui brassait, dans un kaléidoscope vertigineux, les musiques du monde (africaines, américaines du nord et du sud, orientales…), le jazz, le rock, le classique, le tout passé à la moulinette Metheny. Le résultait était impressionnant : grâce à une constante volonté de suggérer, de « faire voyager » l’auditeur, on était emporté dans un tourbillon chatoyant de sonorités parlant à notre imaginaire.
Parce qu’elle recherchait la fusion, le mélange des musiques, parce qu’elle reposait sur une technique à couper le souffle, cette œuvre rejoignait à plusieurs reprises les mondes progressifs (au sens étymologique du terme). Citons « Too Soon Tomorrow », à la solennité délicate proche de The Enid, ou « The Roots Of Coincidence », à la fureur expérimentale frippienne. Le disque s’achevait au demeurant, avec « The Awakening », sur un pur tour de force dont l’ampleur orchestrale fit pâlir de jalousie le Jean-Pascal Boffo de « Rituel » et dont le crescendo lumineux, ascensionnel, n’était pas sans rappeler un autre éveil, yessien celui-là… La virtuosité de Metheny et de son génial pianiste Lyle Mays (sans oublier Steve Rodby et Paul Wertico à la rythmique) reléguait 95% des musiciens d’alors au rang de tacherons poussifs. Les soli du grand Pat à la guitare Pikasso 42 cordes se passaient ainsi de commentaires.
La complicité du quatuor, après vingt années de travail en commun, confinait à la télépathie, les dialogues entre piano et guitares touchant au sublime. Les compositions, longues en moyenne de 9/10 minutes, reposaient sur des contrastes, des contre-points, des cassures, des échos, bref toute une écriture ciselée, peaufinée, et ne laissant qu’une part réduite à l’improvisation, qui dessert tant d’œuvres de ce genre quand elle est mal contrôlée.
Cette aventure musicale était illustrée par un fort beau digipack, fait d’idéogrammes et de paysages, langage aussi universel et suggestif pour l’homme que la musique. Ces « jours imaginaires » étaient donc un hymne aux rêves que nous portons en nous, aux mondes que nous habitons et à ceux que nous créons… Essentiel !
Bertrand Pourcheron & Philippe Arnaud (10/10)
Sans aucun doute pour ceux qui ont decouvert ou suivi les tendances jazz rockeenes depuis miles davis , a travers le monde et ceux qui ont l oreille tendue vers les divers horizons ,saluons les zappatistes , et divers harmonistes pour reconnaitre les genies de cette musique internationnale…