Paradox – Heresy II: End of a Legend
AFM Records
2021
Lucas Biela
Paradox – Heresy II: End of a Legend
Paradox, un groupe qui porte bien son nom puisqu’à des rythmes impulsifs répondent des refrains posés. Originaires d’Allemagne, il s’agit d’un des fleurons du power/thrash, leur album-concept Heresy de 1989 étant considéré comme un classique du genre. La formation a été active dans la deuxième moitié des années 80 avant de se séparer. A la manière des compatriotes d’Angel Dust, le chanteur, Charly Steinhauer, a ensuite réactivé le groupe à la fin des années 90, en s’entourant de nouveaux musiciens. Malgré des changements de line-up d’album en album, le combo n’a jamais perdu le souffle qui animait leur opus culte. Après avoir vu défiler pas moins de 3 batteurs, c’est aux services de son compagnon des débuts, Axel Blaha, que notre unique membre constant a fait appel pour enregistrer Heresy II – End Of A Legend, la galette qui se veut être une suite à l’album pré-cité.
Comme son nom l’indique, Heresy traitait du mouvement qui s’était opposé au dogme établi par l’Eglise Catholique et du destin fatal que ses adeptes pouvaient subir. Avec Heresy II – End Of A Legend, c’est donc à un nouvel album-concept autour des croisés et des Cathares que nous invite Charly et ses drôles de messieurs. Axel, le compagnon des débuts de Charly, emplit à merveille sa fonction de maître du temps, à l’aise avec ses compères, malgré une absence de plus de 30 ans au sein de la formation. Outre le retour du batteur des débuts, c’est également le grand retour du guitariste hors pair Christian Münzner (qui avait rejoint le groupe à l’occasion de l’album Tales Of The Weird de 2012). Evoluant aussi bien dans le metal traditionnel (Eternity’s End, Hatred, Daemon’s Gate) que dans le metal extrême (Obscura, Necrophagist, Defeated Sanity), son jeu à la fois mélodieux et rapide (en dépit d’une dystonie focale de la main altérant les mouvements de ses doigts) apporte la fraîcheur dont le groupe a besoin pour garder la tête hors des eaux toujours plus troubles du metal. Cette dualité peut être appréciée dès le morceau d’ouverture où des incendies vifs sont accompagnés de fumées légères. La voix de Charly permet à l’ensemble de tenir l’auditeur en haleine, les événements auxquels il se réfère étant en effet portés par un chant sobre (on ne pénètre jamais dans le territoire des aigus de toute la frange metal progressif portée par des groupes comme Dream Theater ou Queensrÿche) et des chœurs omniprésents, appuyant le caractère dramatique du concept. Par ailleurs, la versatilité à laquelle nous habitue le leader tout au long de ce voyage musical rend ce dernier d’autant plus fascinant. Ainsi, sur un morceau comme « A Meeting Of Minds », on pourra apprécier le mélange de mélancolie à la Solitude Aeturnus (appuyée par les sons de cloche et le tempo ralenti), et d’enthousiasme typique d’autres formations allemandes comme Blind Guardian.
Le couple vélocité-sobriété fonctionne parfaitement, mais est néanmoins interrompu sur les titres « Unholy Conspiracy » et « A Man Of Sorrow », plus lents dans leur exécution et aux accents plus anthémiques. Ces deux titres peuvent paraître moins convaincants, mais les solos incendiaires de Christian et les quelques sprints d’Axel les rendent plus appréciables. Par ailleurs, pour ceux qui auraient perdu le fil de l’histoire, l’introduction au deuxième des deux morceaux précédemment mentionnés permet de remettre l’auditeur dans le contexte, notamment par l’intermédiaire du chant liturgique auquel elle l’expose.
À près de 80 mn, Heresy II – End Of A Legend fait pratiquement le double de temps de l’album dont il est la suite. Cependant, absorbé par le mélange d’élans épiques et d’assauts thrash, l’auditeur ne verra pas le temps passer. Paradox ne bénéficie pas de l’aura d’autres formations teutonnes telles qu’Helloween, Gamma Ray, ou Blind Guardian, mais il serait dommage de les ignorer, car leurs productions sont toujours de qualité, le dernier album en date ne dérogeant pas à la règle.
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