Pallas – The Dreams Of Men
Pallas
Inside Out
Groupe phare, au même titre que Marillion, Pendragon, IQ et XII Night, de la génération néo-progressive des early-eighties, Pallas avait alors donné naissance, en l’espace de cinq ans, à trois œuvres phares : le précurseur « Alive Alive » en 1983, le conceptuel « The Sentinel » en 1985 et le tonitruant « The Wedge » en 1986. Puis, lassée par le désintérêt croissant d’EMI à son égard, la formation avait hélas jeté l’éponge en 1989, non sans avoir maquetté entre-temps de nombreux morceaux restés longtemps inédits. Le combo écossais, que beaucoup croyaient mort et enterré, allait effectuer un come-back aussi inattendu qu’inespéré en 1998 avec le bien nommé « Beat The Drum », avant d’enfoncer définitivement le clou, trente six mois plus tard, grâce au superbe « The Cross And The Crucible ». Sur ce disque magistral, le gang du bassiste Graeme Murray célébrait un rock épique et musclé de haute volée qui avait séduit aussi bien les fans de prog’ que ceux de metal. Bel exploit !
Histoire d’asseoir définitivement son retour en force sur le devant de la scène rock, le groupe délivra en 2005, avec « The Dream Of Men », un merveilleux cadeau à ses aficionados. Propulsées par la basse herculéenne du sieur Murray (qui s’illustrait également par des chœurs clairs et vibrants), les neuf pièces gravées sur cette rondelle annonciatrice du printemps nous offraient du gros calibre, de l’intensité maximale, bref un Pallas au faîte de sa forme et de son art. Dès l’introduction capiteuse du titre d’ouverture « The Bringer Of Dreams » (9’50), il était clair que la grande inspiration était au rendez-vous : lent crescendo floydien débouchant sur un foisonnement de breaks et de mélodies ultra énergiques, illuminés par les soli de six-cordes passionnants et passionnés de l’incroyablement talentueux Niall Mathewson.
La suite s’avérait à l’avenant et on se retrouvait submergés par des tsunamis de mélodies impétueuses. Au fil des écoutes, on restait ainsi médusés devant l’ampleur du travail accompli en termes d’arrangements (les parties de violon virevoltantes sur « Ghostdancers » ou encore et surtout le superbe dialogue harpe celtique/guitare guilmourienne sur le jouissif « Too Close To The Sun ») ainsi que par la maîtrise technique exceptionnelle des musiciens (avec une palme spéciale pour l’extraordinaire claviériste Ronnie Brown, véritable fils spirituel de l’immense Rick Wakeman).
De l’émouvant « Messiah », sur lequel le chant à fleur de peau d’Alan Reed filait le grand frisson, jusqu’aux cartons « Warriors » et « Invicible », à la puissance digne des meilleurs combos de metal, le gang scottish faisait parler la poudre et nous régalait de moments de pure bravoure. Au final, là où de trop nombreuses formations davantage régressives que progressives se complaisaient dans un registre stylistique incroyablement ennuyeux et répétitif, Pallas faisait rugir nos platines laser de bonheur avec son power’ prog lyrique, puissant et majestueux. Chapeau bas !
Bertrand Pourcheron (9/10)