[ówt krì] – The New Seed

The New Seed
[ówt krì]
2013
Alrealon Musique

[ówt krì] – The New Seed

Bon, au début, on navigue en terrain connu, familier même. De belles textures, drones profonds, bonne spatialisation, quelques touches de piano pour planter le décor, avec un soupçon de violoncelle. Comme ça, on dirait presque la recette idéale du cocktail de soirée. Le verre qui tinte alors qu’on se prend la première gorgée et tout le toutim. C’est qu’il est bien compliqué de sortir des sentiers battus lorsqu’on pratique un genre aussi codifié (et hermétique) que le drone ou l’ambient, qui représentent on le sait toute une institution. Finalement, peu de musiciens se démarquent ostensiblement d’un carcan rigide comme du bambou, et [ówt krì] y parvient à certains instants. Celui-ci nous fait émerger d’une léthargie calculée, aussi assimilable que de l’aspirine. Pour cela, le Finlandais amène des invités, loin du « je fais tout, tout seul, dans mon coin d’artiste maudit« . Et là, c’est le trou d’épingle qui plante la mouche, les oreilles frétillantes, l’imagination enclenchée. Drone guitaristique (qui n’aurait pas paru étranger à Vidna Obmana ou Thisquietarmy), puis amenez là-dessus le flow lointain et spectral de Black Saturn, ce cher Ned.

Il suffit juste de ça. Un climat crépusculaire et urbain s’installe, tranquillement. C’est un peu comme contempler une esquisse rageuse au crayon à mine grasse. On plonge en plein dans les racines de cette nouvelle « graine », celle de l’album, celle qui n’a pas peur du mélange, baroque et primal. Peut-être pas jusqu’au bout, car une fois passé ce flash, on redescend dans les effluves plus sobres d’un drone contemplatif, certes intéressant, mais à qui il manque une certaine liberté.

Pourtant les règles d’écoute sont perverties, un truc qui cloche, on n’assimile pas de la même manière « The New Seed ». On essaie de porter un autre regard, une autre sensibilité car, soyons clair, d’un drone/ambient de bonne facture mais déjà entendu, on traverse des paysages titillant fortement l’abstract débridée. Pas réellement formelle mais perceptive, c’est ce qui rend, au final, ce premier effort attachant, et dont je n’ai franchement pas envie de tirer de constats négatifs.

J’attendrai une nouvelle sortie pour me faire une meilleure opinion, car [ówt krì], à mon avis, n’a pas encore trouvé l’équilibre adéquat pour plonger véritablement. Mais rien que pour ces deux titres avec Black Saturn où le drone côtoie le hip-hop, Kenneth Kovasin (instigateur du projet) mérite admiration et respect.

Jérémy Urbain (7/10)

http://www.owtkri.org/

http://alrealon.co.uk/

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