Ovo – Abisso

Abisso
Ovo
2013
Supernalturalcat

cdcover

Bizarrement, « Abisso » contient beaucoup de saveurs, mêmes acres, qui plaisent forcément. Il fait peur aussi, beaucoup même. Il retourne les valeurs, ses constructions sont dépouillées, son rythme entêtant, rituel… Ses compositions n’appartiennent plus à ce monde. Elles semblent émerger des eaux abyssales avec leur lot de créatures ineptes, grotesques et innommables, sortant d’un quelconque portail inter-dimensionnel, à moins que ce ne soit une faille cosmique donnant sur l’antre d’une des divinités du chaos. Peut-être est-ce l’une d’elle qui a pris possession du corps et de la pensée de Stefania Pedretti, tant sa voix a plus à voir avec le phantasme, putride et gras, de la pourriture que des canons vocaux actuels. L’appellation « Noise-Rock » ne peut être que de mise et de se prêter à la situation. Et pour cause, les arrangements et autres assemblages sortent de toute logique à priori humaine, pour revêtir un aspect tentaculaire, grouillant de sludge, de punk et d’expérimentations hybrides non reconnues par le ministère de la Culture. C’est à un rock infecté auquel nous convie Ovo.

On reconnait bien le son, le refus de toute violence gratuite et cette liberté de ton, libertaire, quitte à mettre de côté une part de son public potentiel. Quelque-part, on a l’impression d’entendre la version Lovecraftienne de Lightning Bolt. Une invitation abondante qui dégorge de sentiments aussi étranges qu’incompréhensibles, le groupe semblant se laisser guider par instant par son unique folie incantatoire et de climats déstructurés. Souffles, gémissements, halètements, râles, cris d’écorchés se mélangent dans une sarabande de larsens et autres crachats au milieu d’une batterie dépiautée, aidant et accompagnant la montée de forces obscures annonciatrices. Les bougies virevoltent au milieu de ce pentacle sonore alors que la cérémonie prend des atours de messe d’épouvante grotesque et dérangeante.

Car, il ne faut pas vous y fier et encore moins vous leurrer, Ovo vous fait participer à son appel des horreurs de l’inframonde. Vous aurez les yeux exorbités, la sensation de tenir le poignard qui servira à éviscérer la femme enceinte. Vous aurez la perception que vos os prendront une forme travestie de forme humaine. Et vous entendrez les cris sauvages et terrifiants, ceux d’effrois et d’extases morbides. Et même si le « stop » arrêtera le débordement (illusoirement), les formes de vie ignobles seront parmi vous…

Jérémy Urbain (8/10)

http://ovolive.blogspot.it/

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