Orion – La Face Visible

La Face Visible
Orion
2015
Musea Parallèle

Orion La Face Visible

Quarante années ont passé depuis la fondation du groupe Orion. Si ses fondateurs sont loin d’être restés inactifs, le groupe n’en a pas moins une discographie bien maigre dont le nouvel opus, « La Face Visible », n’est que la troisième réalisation, après le mythique « La nature Vit, L’homme Lui Critique » et le récent « Mémoires Du Temps », issu de compositions inachevées de la première période du groupe. Avec « La Face Visible », les fondateurs toujours à la barre, Janusz Tokarz et Patrick Wyrembski, se sont partagés les sept compositions principales articulées autour du thème central de la liberté, qu’elle soit d’expression ou de déplacement et qui, sur fond de chute du mur de Berlin, retracent finalement le parcours initiatique de nos deux compères d’origine polonaise. Si les textes, en français, prennent relativement peu de place (sur trois titres), on comprend néanmoins leur importance et leur lien indéfectible avec la musique qui les soutient. Cependant, on regrette du coup qu’ils ne soient pas un peu plus travaillés et le placement du chant légèrement différent.

Mais ce n’est pas là que se tient l’essentiel de cet album conceptuel. En effet, c’est plutôt dans les parties musicales que se tient la richesse de « La Face Visible ». D’emblée, avec le morceau éponyme de l’album, on tient la ligne de l’ensemble. Des compositions impeccables, sans fioritures inutiles. Ce parti-pris irritera sans doute les adeptes de la complexité exacerbée et de la technicité démonstrative. Pour celles et ceux qui aiment les mélodies, en revanche, les partisans d’un rock progressif mâtiné de folk et d’influences jazzy, Orion déploie des plages plutôt calmes où les thèmes s’entrecroisent, reviennent, font des rappels (les deux titres « Quelque Part En 1989 » et « Puis Un Jour On M’a Dit »).

Le groupe Orion en 1979

Le groupe Orion en 1979

Les guitares, en particulier, m’ont séduit à chaque écoute. Alain Pierre, Patrick Wyrembski et l’invité Pierre-Jean-Horville ont ciselé leurs interventions et leurs sons (les instrumentaux « La Face Visible », « La Dernière Danse In Berlin », le très fusion « Résistance, Nous Sommes Charlie »). De même, les claviers de Janusz Tokarz et Michel Taran, assez vintage, tissent un canevas épuré, parsemé d’éclairs, sur lequel viennent respirer les différents intervenants (« Quelque Part En 1989 », « La Dernière Danse… » et le « Ich Bin Ein Berliner » de John F. Kennedy, l’instrumental très Minimum Vital « De L’autre Côté Du Rideau De Fer »).

Si les batteries, programmées par Michel Tarent et Alain Pierre, forment une assise rythmique précise avec la basse de Patrick Wyrembski sur nombre de titres, leurs limites apparaissent sur certaines parties où l’apport d’un vrai batteur aurait amené un plus indéniable. C’est là sans doute que pointe le bémol de cette production assortie d’un financement participatif dont on se demande si elle a bénéficié d’assez de temps ou de moyens pour être peaufinée (ce que l’on sent un peu plus sur l’instrumental « Stèle Blanche » et le titre bonus « Le Singe De La Vie » au chant trop mimétique par rapport aux autres titres chantés)…

Néanmoins, l’album est plaisant à écouter, avec des passages instrumentaux particulièrement réussis. On ne doutera pas du fait qu’Orion a désormais établi son style, plutôt décalé par rapport aux productions outrancières qui inondent le marché progressif, et que cette face visible augure d’une face cachée qui verra se déployer de belles compositions portées par des musiciens de talent et une production cette fois-ci à la hauteur de l’enjeu. C’est tout ce que l’on peut souhaiter à ces dignes représentants d’un rock progressif d’expression française.

Henri Vaugrand

http://groupeorion.fr/

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