Oren Ambarchi – Audience Of One

Audience Of One
Oren Ambarchi
2012
Touch

Audience-Of-One

C’est bizarre, en commençant cette chronique, j’ai comme l’impression de me faire l’avocat du diable. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce qu’Oren Ambarchi n’est pas du genre à me plaire, voilà, c’est dit. Ce n’est pas parce que le bonhomme s’est fait remarquer pour certaines apparitions aux côtés de Sunn O))) que cela fait de lui un talent sûr. Bref, dans la catégorie « je peux faire le pire comme le meilleur », ça se pose. Entre autres, ses albums solos m’ont toujours laissé d’un marbre bien dur, et ses participations (nombreuses) capables de flinguer un album sont assez redoutables (n’est pas Fennesz qui veut). Oren Ambarchi est un tripatouilleur de guitares préparées avec foules d’effets et à tendance drone, percussionniste à ses heures, ça aussi c’est dit. Je pourrais m’arrêter là, mais ce qui m’amène à vous parler de son nouvel album c’est que… je me suis fais avoir. ! Première écoute… bonne, sans trop savoir pourquoi. Et puis, à la deuxième, voilà… j’écris.

Avec « Audience Of One » arrive l’exploit de ne pas tomber dans le travers du drone statique chiantissime et pas original pour un sou, mais surtout, l’album se révèle éclectique et surprenant, avec quelques participants, donnant même à celui-ci un petit côté big-band. Déjà, « Salt ». Sa structure limpide, ce chant suave et intimiste de Paul Duncan, nous plongent dans une ambiance de reccueillement où la beauté du geste prend inévitablement aux tripes, telle une invitation. Je n’ai pas envie de faire un papier descriptif de l’affaire, mais quand je dis que l’album suit son chemin, on ne demande qu’à l’emprunter. On passe d’un morceau d’ouverture d’une élégance rare à un free-jazz contemporain marathon de 33 minutes (monumental « Knots »), aux relents Kraut, qui tient miraculeusement le fil alors que le cassage de gueule semblait prévisible et qui, en plus, se pait le luxe de se terminer, dans ses cinq dernières minutes, en une orgie électroacoustique cinglante sur des ressorts et autres objets manipulés. Point d’acmé de l’album.

Ce qui fait plaisir avec cet ouvrage, c’est la complémentarité de l’ensemble, de l’acoustique (ah, ces parties folk !) avec de l’électrique, de l’instrument avec de l’analogique, de l’abstraction à la mélodie, de l’instrumental aux vocalises éthérées, de l’obscurité à la lumière qui, finalement, donnent richesse sensitive et cohérence structurelle. « Audience Of One » est captivant, attachant même, on passe à chaque nouveau titre avec un plaisir d’écoute enthousiasmant, ne sachant jamais la direction qui sera prise. C’est quelque chose que je ne pensais pas possible venant d’Ambarchi, mais oui, quand le bonhomme sait bien s’entourer et fait un effort de composition, bel et bien visible ici, le résultat dépasse les espérances, ou risque de mettre en difficulté les fans. Je n’en reviens toujours pas…  J’ai peut-être été hâtif, sur le guitariste… Un peu con aussi… « Audience Of One » passe en boucle depuis un mois…

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.orenambarchi.com/

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