Not A Good Sign – Not A Good Sign

Not A Good Sign
Not A Good Sign
2013
Altrock Productions

Not A Good Sign – Not A Good Sign

Ce tout nouveau groupe, formé à l’initiative du claviériste Paolo « Ske » Botta et du guitariste Francesco Zago effectue, dès son premier opus éponyme, une entrée fracassante sur la scène progressive internationale (et c’est peu de le dire !). Se démarquant de la plupart de ses frères de sang (Unreal City, La Coscienza Di Zeno, pour ne citer que les plus doués parmi les « petits jeunes »), la formation ne verse pas en effet dans l’hommage exclusif et passéiste aux grands groupes transalpins des seventies. Si la dimension symphonique est bel et bien présente, notamment au niveau des foisonnants claviers exclusivement analogiques (grand piano, mellotron, hammond, glokenspiel, wurlitzer et Farsifa Syntorchestra), celle-ci est mise au service d’un mimétisme apparemment tout ce qu’il y a de plus involontaire avec l’école scandinave des « golden nineties ». La formation conjugue en effet de longues séquences instrumentales aussi « joyeuses » qu’un feu de bois à moitié éteint au milieu d’une forêt de sapins enneigés.

En témoigne par exemple le somptueux diptyque d’ouverture « Almost I & II », qui renvoie autant au White Willow de « Ignis Fatuus » (une merveille de disque rééditée sous peu !), qu’au Landberk de « Lonely Land » ou qu’au Anekdoten de « Vemod » et son tempérament Crimsonien. Les chansons se révèlent lancinantes et désespérées, avec des lyrics aussi drôles qu’une panne d’essence en plein mois de janvier dans un fjord de Norvège, interprétées dans un anglais parfait par Alessio Calandriello, pleinement maître de son art. Mais la musique en elle-même, dynamique en diable et riche de surprises de tous les instants, est loin de se traîner en longueur ou de plomber l’atmosphère. En effet, la bande à Paolo témoigne également d’un penchant avoué pour les excentricités instrumentales des américains d’Echolyn (« Not A Good Thing », « The Defeaning Sound Of The Moon »), voire celles du premier album de Ritual, histoire de s’ancrer encore plus dans le fameux contexte nordique exposé plus haut.

Les compositions sont aussi alambiquées que détonantes, avec en meilleure illustration le morceau éponyme, véritable feu d’artifice d’influences classieuses qui évoque le Van Der Graaf Generator de « Godbluff » et le King Crimson de « Red » croisant le fer avec le Echolyn de « Mei » et le « Hybris » d’Anglagard ! Vous voyez le tableau ? A la fois synthèse de toutes ces aspirations/inspirations et ouverture vers de nouveaux horizons musicaux, un titre comme « Making Stills » innove grâce à ses développements instrumentaux particulièrement touffus et éclectiques : on passe ainsi d’une intro acoustique façon « Seasons End » de Marillion (reprise en coda) à des épanchements jazz-rock particulièrement enjoués et groovy. Les cinq compositions suivantes sont un peu du même acabit. Le majestueux et lancinant « Witchcraft By A Picture » offre ainsi un écrin de rêve à la voix sublime de la belle Sharron Fortnam (ex-Cardiacs et ex-North Sea Radio Orchestra, ici en simple « guest »), parée d’arrangements folk de toute beauté, aux consonances presque médiévales.

« Coming Back Home » cultive quant à lui un aspect au premier abord plus direct (prééminence du chant masculin dans sa première partie) avant qu’un mellotron fluté et une guitare mélancolique ne se lancent dans un dialogue refilant littéralement la chair de poule. « Flow On », « The Defeaning Sound Of The Moon » et « Afraid To Ask », riches en dissonances savamment calculées, nous proposent en guise de bouquet final un sublime mélange de tristesse, d’apaisement, de fièvre et d’accalmie, le tout propulsé par une section rythmique inventive à souhait. Rien à redire en effet sur l’impeccable osmose de Gabriele Guidi Colombi à la basse et Martino Malacrida à la batterie, qui assurent tout autant en matière de technique et de feeling.

Il y a donc d’ores et déjà une marque de fabrique Not A Good Sign, et l’on tient là un disque et un combo essentiels estampillés « rock prog » de cette année 2013, décidemment peu avare en la matière ! A ne rater sous aucun prétexte, car c’est vraiment du très très lourd !

Bertrand Pourcheron & Philippe Vallin (9/10)

http://production.altrock.it/

4 commentaires

  • animal

    je suis surpris et en meme temps ravi de voir ce disque chroniqué.Effectivement,bel album en particulier la piste 6 et 7. Encore une surprise 2013

  • Bertrand

    Salut,

    Nous sommes de grands fans de progressif italien, donc aucune surprise à voir le CD chroniqué dans nos colonnes. Perso, j’aime l’album dans son ensemble. Un des ‘must have’ de ce premier semestre
    2013.

    Bonne soirée, Bertrand

  • CHFAB

    bravo! chronique très alléchante, pour un album stupéfiant! D’entrée, ce disque renvoit tous ces petits camarades de 2013 (ou presque) à leur bac à sable! Trop se sont précipités sur les premiers
    arrivages, un poil tape à l’oeil (Lifesigns, Wisdom Of Crowds,Sound of Contact, etc…), avant d’enfin se prendre LA claque de cette année… Et quelque chose me dit que ce n’est pas fini!

    amitiés prog

    CHFAB

  • Bertrand

    Il y a aussi La Coscienza Di Zeno, sur le même label, qui est excellent !

    Mais sans pour autant atteindre les sommets de « Not A Good Sign » !

    Bonne soirée,

    Bien à toi,

    Bertrand

     

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