Niels Mori – Aftonland

Aftonland
Niels Mori
2016
Autoproduction

Niels Mori Aftonland

Niels Mori : quatrième partie

Aftonland est le nouvel album de Niels Mori, et en ce 2 mars 2016, il est même encore tout frais puisqu’il a été enregistré en décembre 2015 au Central Children Art School de Moscou. Et plus encore qu’un nouvel album de Niels Mori, c’est même un nouveau Niels Mori qui se dévoile dans Aftonland. Bon, d’accord, dans ses précédents albums, notre cher Niels montrait déjà un grand talent de pianiste. Mais dans ces anciens opus le piano ne constituait le plus souvent qu’un élément musical parmi d’autres. Ici, et c’est là la grande novation radicale d’Aftonland, il n’y a pratiquement que du piano. Soyons encore plus limpide à ce propos, les titres de 1 à 8 de l’album représentent un véritable récital pianistique, et de toute beauté en vérité. Et la chose n’est pas, d’évidence, le fruit du pur hasard.

En effet, outre la conséquence naturelle d’une évolution stylistique à l’intérieur du musicien lui-même, la question de la représentation scénique de sa musique a dû finir par se poser d’une manière essentielle. Jusque là, Niels Mori basait l’essence de ses albums sur sa science impressionnante des boucles. Il aurait pu, j’imagine, approfondir la technique pour en faire une signature scénique. Sûrement a-t-il même déjà fait une quantité de concerts où la boucle joue le rôle principal. Sauf que dans ce genre de concerts le danger est que la technique prenne le pas sur l’homme du point de vue du public. La solution fut donc aisée à trouver pour Niels : assumer son goût pour le piano et bosser l’instrument jusqu’à être parfaitement à l’aise en concert. Et c’est exactement ce qui s’est passé puisque Niels revient d’une tournée triomphale dans quelques pays de l’Est. La suite était logique : mettre en album les morceaux que le public (très chanceux !) avait entendus en live. De fait, Aftonland, c’est un peu comme du Niels Mori live au piano à la maison, je veux dire chez vous. A ceci près que Niels Mori donne réellement des concerts chez les particuliers. Si vous habitez dans le Nord de la France, il suffit de l’appeler et de voir ça avec lui.

Niels Mori Piano

Cela dit, la nouveauté d’Aftonland n’est pas que d’être, en album, un récital de Niels Mori au piano, c’est aussi un style différent. Certes on retrouve toujours son amour assumé pour les boucles, enfin parfois, sur certains morceaux. Mais même là, ces boucles sont plus ouvragées, complexes ou subtiles. Sinon l’album tend plutôt vers un style pouvant rappeler par moments Erik Satie. Mais c’est même difficile d’évoquer Erik Satie tant les arpèges, accords et autres ostinatos varient d’un genre ou d’une gamme à l’autre dans l’espace d’un seul morceau. On sent l’intense et complexe boulot de composition derrière tout ceci, les âpres doutes et les multiples modifications avant de passer au stade des répétitions précédant la série de concerts. Et je voudrais y insister : le résultat est époustouflant. Même si les albums de piano bien classique vous rebutent, écoutez Aftonland. Ce n’est pas du piano étriqué, formaté, guindé, la n-ième version du concerto en la mineur de machin-chose, c’est vivant, vibrant, bouillonnant. Et la seule vraie et belle envie qui naît après l’écoute d’Aftonland, c’est de voir et d’entendre ça un jour en concert.

Frédéric Gerchambeau

https://niels1.bandcamp.com/

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