Nico – Desertshore

Desertshore
Nico
1970
Reprise Records

Nico – Desertshore

L’égérie d’Andy Warhol, Nico, se sentant à l’étroit au sein du Velvet Underground (il y avait de quoi avec des personnalités aussi fortes que Lou Reed ou John Cale), a décidé de poursuivre une carrière solo qui a démarré légèrement avec des chansons folks et néo-classiques, pour se tourner ensuite vers des expériences plus sinistres avec l’avant-gardiste « Desertshore », portant en lui tous les éléments qui caractériseront plus d’une décennie plus tard les œuvres les plus sombres des mouvances gothiques/darkwave et neo-folk. Dès les premières notes, on baigne dans un océan de désolation. Avec un chant funèbre, syllabé et délivré solennellement à la manière d’un hymne (un hymne à la douleur ?), ainsi qu’une instrumentation réduite (harmonium essentiellement – devenu instrument de prédilection de Nico – et sporadiquement clavecin, piano, violon et trompette), c’est à un spectacle très sombre et intimiste que nous sommes invités. Que ce soit l’harmonium (on pense à un accordéon qui se serait enrayé) ou les autres instruments (tous, à l’exception de la trompette, joués par l’ancien compagnon du Velvet Underground, John Cale), tous s’expriment de manière lancinante sur l’ensemble de l’album, accentuant son côté inquiétant, qui atteint son paroxysme dans « Abscheid ».

Seuls le néo-classique « Afraid », où un piano délicat et un violon aérien accompagnent la voix adoucie de Nico, et le médiévalisant « Le petit chevalier », chanté par le fils de Nico, Ari, dans un ancien français, apportent une note d’optimisme. ‘Desertshore’ pourrait être la bande-son parfaite d’un film d’épouvante, le thème hypnotique de « All that is my own » ayant sûrement inspiré Goblin pour la trame sonore du cultissime long-métrage de Dario Argento, « Suspiria ».

Nico, avec son troisième album, a créé une oeuvre qui dépeint une âme tourmentée, loin des paillettes auxquelles on associerait le podium sur lequel elle exhibait les créations des plus grands couturiers. C’est un opus marquant, un tournant dans sa carrière, des paysages sonores languissants et épurés défilant au gré d’incantations sépulcrales. Indispensable donc pour tout amateur de musique sombre.

Lucas Biela (10/10)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nico_(chanteuse)

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