Netherworld – Alchemy Of Ice

Alchemy Of Ice
Netherworld
2013
Glacial Movements Records

Alchemy-Of-Ice

Après plusieurs années d’abstinence (et de saturation il faut bien le dire) à suivre ce qui se passait dans le cercle de l’ambient music, un label a réussi à me montrer que ce style de musique est et restera intemporel. Et c’est Glacial Movements qui en est le déclencheur. Alessandro, patron de la boîte, est aussi le compositeur de Netherworld, son projet personnel. Alors que le temps de Myspace est révolu, où il n’est plus question de tricher avec trois, quatre titres « composés » sur un logiciel gratuit et postés sur un lecteur virtuel, les vrais continuent leur bonhomme de chemin, comme si on était revenu à la grande époque des sorties de Steve Roach ou Robert Rich. Vous savez, ces instants où on partait chercher son disque dans les grandes distributions aux rayons « world » ou « indus », et bien voilà que je retrouve ces moments d’excitation. Ce sentiment d’entrer dans une terre vierge, épurée, où la mélodie prend forme dans une esquisse de prise de sons naturels, de drone soyeux et de notes éparses diluées en fonction des éléments.

« Alchemy Of Ice », c’est de l’ambient music qui réussit à ne pas se perdre dans l’étiquette du dark. Son orchestration est précise, ses répétitions subtiles, son atmosphère aussi légère qu’une brise et aussi pesante qu’un brouillard. Ce qui en ressort ? Une beauté cristallisée, mélancolique, une déambulation dans la toundra, les mains qui effleurent les épines des arbres, le vent qui se glisse dans le cou, le regard qui se perd dans un soleil de minuit, alors que des volutes de neiges semblent tomber au ralenti. Le temps est comme pris, maintenu par une main serrée, comme si on se refusait qu’il se déroule. C’est la nature qu’on entend respirer, un horizon infini qui s’offre, un paysage sans présence humaine, ni regard. Une description minimaliste qui en dit plus dans ses silences, l’imagination prenant le relais, que dans l’étirement d’un drone illustratif. Les complaintes d’un Biosphere ou la quiétude métaphysique d’un Robert Rich ne sont pas loin. Une musique pensée, apaisée voire cinématographique, où chaque son donne son importance au suivant.

Un travail d’orfèvre dont Alessandro peut être fier sur son dernier bébé tant l’album se révèle dépaysant et aussi réglé qu’un coucou Suisse. Un disque touchant au final, faisant montre d’un savoir-faire évident et contagieux. Le genre d’album qui donne envie de se remettre un glaçon dans son verre…

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.glacialmovements.com/
http://glacialmovements.bandcamp.com/album/alchemy-of-ice

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