Nails – Unsilent Death/Abandon All Hope
Nails – Unsilent Death/Abandon All Hope (Southern Lord 2010/2013)
Nails : des terroristes, point barre ! Des brutes, des violents, des monstres sans une once de finesse, loin s’en faut (d’ailleurs, j’en veux pas). Leur tactique : un assaut simple, direct et rapide. À ce stade, c’est juste du viol, le truc qui te prend par surprise et te laisse groggy et errant après écoute, tel le zombie en peine un soir de match de ligue 1. Nails : un concept. En soi, un album dure à peine un quart d’heure. C’est un peu comme avaler un kebab sur le pouce. C’est d’ailleurs pour ça qu’on va faire dans le tir groupé. Au programme, on a « Unsilent Death » (même pas 14 minutes !) et « Abandon All Life » qui dépasse péniblement les 17 minutes. Deux albums, trois ans d’écart, une demi-heure, envoyez, c’est plié. Pas d’intro, absence de conclusion, seulement un gros pavé qui compense par sa violence et sa hargne jusqu’au-boutiste. Après, il n’y pas grand-chose à en dire. Y’a en vrac du bourrin, du mosh-part, du crust, du grind et toutes choses de bon goût. Avouez que le lexique s’épuise bien vite. Pas ou peu de différences notables entre les deux sorties : plus de poings américains par-ci, plus de barre-à-mine par-là, et un bon coup de boule au passage (BOUM !).
Forcément, la production, c’est du pur frontal. Tu n’as même pas le temps de souffler, c’est incontestablement agressif, à en porter une minerve en permanence. Mais bon, avec Kurt Ballou (Converge) aux manettes, ça enlève un peu la crudité et le poisseux (j’allais dire, c’est même une constante). Pour les avoir vus à leur seule date française (29 juin dernier au Nouveau Casino), je peux vous assurer que même avec un son pourri, Nails t’atomise littéralement la face. T’ose même pas t’approcher de la scène, tu te retrouves bloqué, crispé, et plus un micro-muscle ne répond. La vache ! Pendant un temps, un certain laps de temps, les américains occupent l’espace, l’envahissent, le brisent, te brisent avec et t’arrachent la face. Tu ne ressens rien, ni douleur, ni émotion, mais juste une déferlante d’adrénaline, une montée volcanique de sang dans les tempes, le vague sentiment de ne plus appartenir à grand-chose. Les fluides corporels se vident, les sphincters se relâchent et ton corps se disloque. Franchement, Nails ne se raconte pas, sa musique radicale ne se décrit pas. Cela échappe à toute logique, à toute forme d’analyse constructrice. Nails : une aberration. Mieux même, une allégorie.
Jérémy Urbain
Unsilent Death (7,5/10)
Abandon All Hope (8/10)