Nahum – And The Chaos Has Begun
Nahum
Autoproduction
Venus de République Tchèque, les hommes en noir de Nahum nous proposent une musique tout aussi sombre, même si cette noirceur est noyée dans une brutalité appelant plus à défouler nos corps qu’à tourmenter nos âmes. En cela, une tournée serait la bienvenue pour répondre à cet appel. Avec cette cuvée, le groupe s’engouffre encore davantage dans la brèche chaotique qu’il avait creusé sur le déjà très bon premier album paru deux ans auparavant. Le titre du premier morceau « Raging Chaos » n’est d’ailleurs pas usurpé. Dans cet univers quasi lovecraftien, l’encre noire d’une pieuvre tapie dans des profondeurs abyssales que hante une voix caverneuse et effroyable se dilue dans un vaste océan qu’une pluie de frappes véloces et un tonnerre de trémolos ne cessent d’agiter. Harassée par les galops trépidants des Chevaux de Neptune à la surface d’une étendue d’eau déjà en proie aux caprices d’un ciel orageux, notre pieuvre n’oppose aucune résistance au courroux de cette divinité, anticipant en effet le destin funeste qui l’attendrait autrement. L’animal ne daigne déployer ses tentacules massives que pour rejoindre la guitare alarmée dans ses appels plaintifs, aussi envoûtants que des chants de sirène.
Peu attirés par la compagnie de petits animaux affectueux que l’on passe son temps à câliner, Nahum lui préfèrent celle de fauves au regard menaçant qu’ils suivent dans la recherche de leur pitance. La vélocité de Reign In Blood, la brutalité de Legion et l’oppression de Cause Of Death se croisent pour une catharsis primale qui fait remonter à la surface l’émerveillement tout autant que la stupeur qui nous avaient saisis à l’écoute de ces albums mythiques.
Lucas Biela