Motis – Sur Les Chemins
Musea
2017
Motis, à l’instar de Gens de la lune, poursuit son bonhomme de chemin en proposant une musique qui plaira aux inconditionnels du groupe mythique Ange, toujours en vie et en pleine santé en 2017. L’originalité de ce trio franc-comtois réside dans l’utilisation d’instruments bien spécifiques, nécessaires au rendu sonore optimal des ambiances « futuro-médiévales » proposées. Jugez plutôt : bouzouki électrique, orgue Hammond, Mellotron, synthétiseurs, basse, vibraphone et, bien entendu, batterie, chant et chœurs.
La sauce ainsi concoctée reste unique en sachant éviter le piège de la restitution historique. L’amalgame de sons anciens et modernes apparaît comme étrangement envoûtant sur les parties instrumentales les plus mélodiques. D’ailleurs, c’est à se demander comment nos trois mandrins parviennent ainsi à créer des textures si complexes. Certes, la formule du power trio n’est pas nouvelle. Seulement, foin de blues rock à rallonges masturbatoires dans les neuf pièces de cette galette pascale. Mais, au contraire, des morceaux construits, narratifs, poétiques et progressifs dans leur ambition de créer un univers unique, mélodique et atemporel.
Les esprits chagrins ne manqueront pas de relever que la voix de Motis (le chanteur et tête pensante du groupe) joue souvent de mimétisme avec celle du Père Décamps (Ange). Mais comme la voix de Sire Tissot reste aussi posée et maîtrisée que celle de son illustre modèle, il n’y nulle remontrance à exposer. Au contraire, écoutons ce souvenir de tournée avec les oreilles grandes ouvertes et le cœur tout rosi. Signalons encore que la prise de son est de toute beauté et que cet enregistrement peut faire figure de Cheval de Troie (plus joli que Best of, non ?) idéal afin d’entrer dans l’univers, pas si crypté finalement, de Motis. Sinon, continuons de garder le secret : Motis et bouche cousue.
Christophe Gigon
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