Megadeth – Dystopia

Dystopia
Megadeth
2016
Tradecraft

Megadeth Dystopia

Un nouvel album de Megadeth mérite-t il encore notre attention ? La question n’est pas si anodine puisque, comme l’auteur de l’instrumental « Call Of Ktulu » nous avait habitué plus souvent au pire qu’au meilleur ces quinze dernières années, on pouvait se demander ce qu’il allait bien nous réserver cette fois-ci. Et force est de constater que même si le thrash metal des débuts y est devenu anecdotique (les accélérations éparses, la voix geigneuse), c’est un metal puissant et classieux assez proche des productions les plus musclées du label Frontiers Records qui nous est proposé.

L’idée de départ était de revenir aux canons de l’album-phare Rust In Peace (lui-même se situant à un tournant de l’esthétique « thrash » des débuts) : des riffs imparables, des solos étourdissants et des structures saccadées. Ce constat est renforcé par les clins d’oeil à cet enregistrement dans certains riffs. Pour cette nouvelle offrande, le line-up devait même inclure Nick Menza et Marty Friedman, mais ce sont finalement la frappe enthousiaste de Chris Adler (Lamb Of Good) et l’excitation foudroyante de Kiko Loureiro (Angra) que l’on y retrouve. Le leader déverse maintenant sa rage avec le même aplomb que Chuck Billy de Testament ; fini les gémissements haut perchés qui pouvaient irriter dans le passé.

Megadeth Band

Rassurés sur le plan vocal, allons voir si l’accompagnement musical articule l’ensemble de manière aussi fluide que le mécanisme d’une montre. Ce qui frappe à la première écoute, c’est la profusion de solos renversants, même si les passages acoustiques, comme l’ouverture hispanisante de « Conquer Or Die », ne manquent pas. Il faut rappeler en effet que Megadeth a dès les origines été un terrain de jeu pour des guitaristes hors-pair (Marty Friedman évidemment, mais également Chris Poland avant lui). Ensuite, une attention toute particulière a été apportée aux mélodies (jusqu’au romantisme exacerbé de « Poisonous Shadows »). Elles s’extirpent des riffs assommants dans lesquels elles baignent pour retrouver l’équilibre en surface. Virtuosité, groove, énergie, mélodies sont les attributs d’un Vic Rattlehead revigoré et assoiffé de vengeance dans son monde d’anticipation.

Avec cet album, la formation légendaire de thrash metal retrouve l’aura de ses premiers enregistrements grâce à une approche mélodique où les langages shredding, power metal et groove metal se mélangent dans la même illusion que le nom du groupe que Marty Friedman avait mis sur pied avec Jason Becker avant l’aventure Megadeth.

Lucas Biela

http://www.megadeth.com/

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Un commentaire

  • Dany Larrivée

    Tu as raison pour le changement de cap. Ma déception, jusqu’à maintenant, réside dans mon anticipation excitée en sachant que Adler allait se joindre à Mustaine et sa bande. J’aurais cru, a priori, qu’Adler allait ajouter à la dimension thrash, mais je ne sais pas… cet album me semble un peu mou. Je n’ai pas eu le temps de l’écouter en profondeur, mais je dois avouer que les deux pôles extrêmes de Megadeth (d’un côté le thrash old school de Rust in Peace, et du côté très groove metal de United Abominations, sont ce que j’aime du groupe. Cet ‘entre-deux’, cette modération m’énerve un peu (on la ressentait d’ailleurs dans ‘The World needs a hero’ et ‘Crypting Writing’ à mon avis… et ces albums n’ont justement pas marqué la scène metal ni passé à la postérité). Enfin, j’écouterai plus avant pour en débattre de façon plus objective. Ceci dit, ta chronique semble juste… elle livre le produit de façon claire et honnête. À plus cher Lucas!

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