Meat Loaf – Bat Out of Hell
Cleveland International
1977
Alain Massard
Meat Loaf – Bat Out of Hell
Bat Out Of Hell est le second opus de Meat Loaf, de son vrai nom Michael Lee Aday. C’est aussi, celui qui lui apportera la consécration mondiale. 43 millions d’albums seront vendus par le gros bébé associé au concepteur Jim Steinman, un « pain de viande » bien en chair et en os. La production de Todd Rundgren, renforcée par un orchestre philharmonique est majestueuse. L’album omniesque débarque donc sur la planète terre pour recalibrer le son métal rock mélodique et donner des pistes au futur metal prog épique et symphonique. Ainsi, Meat Loaf va insuffler un son novateur comme nous allons pouvoir le lire ci-après.
Bat Out Of Hell démarre par une des belles intro des 70’s. Le son de guitare gicle littéralement des doigts de Todd. L’enthousiasme du piano lance idéalement la voix de Meat Loaf à coup d’envolées lyriques, de charisme et grâce au concours d’une orchestration grandiose. Des claviers majestueux amplifient le tout et le grondement d’une moto apporte sa dose de rage. C’est le moment où j’ai dû utiliser le mot grandiloquent pour la première fois de ma vie.
« You Took The Words Right Out Of My Mouth (Hot Summer Night) » est introduit par un dialogue de près d’une minute visant à susciter une rafale de « Yes ». Un phrasé sensuel qui lance un morceau faisant la part belle aux vocaux. Le grain de folie des chœurs frénétiques presque gospel donne l’impression de se retrouver dans une comédie musicale, genre film des Blues Brothers. « Heaven Can Wait » démarre sur une déclinaison pianistique, ça se dit ? Cette ballade d’amour romantique et sucrée n’a plus rien à voir avec la folie du départ. Il faut calmer le jeu. Un saxo typé fin 70’s introduit « All Revved Up With No Place To Go » avec son rythme pop-rock US festif et martelé supportant le chant puissant de Meat. Son ultime minute allume une étincelle progressiste qui met le feu au titre. Alors que je me rassois après avoir changé de face, « Two Out Of Three Ain’t Bad » se montre plus pompeux et s’égrène sans vague, une sorte d’arrêt sur image incitant à se souvenir et à se laisser emporter par l’émotion. La légèreté du boogie de la première partie de « Paradise By The Dashboard Light » nous amène aux antipodes du son loafien même s’il repose toujours sur l’association du piano et du timbre si caractéristique de son chanteur emblématique. Ensuite, les chœurs aériens et chaleureux d’Ellen Foley, un porte-drapeau du rock féminin, mettent le feu. On passe d’un moment consensuel à un air à la Blondie. Sa voix phrasée surfe sur le funk, avant qu’un riff soudain l’incite à souffler sur la braise vocale. Elle monte, descend, prend un escalier et déjante. Mes jambes trépignent sans interruption pendant ce triptyque délirant. L’accalmie salvatrice de « For Crying Out Loud » chanté a capella avec piano nous accorde trois minutes de pur bonheur, de guimauve, de douceur tendre avant que le New York Philharmonic et le Philadelphia Orchestra ne se mettent dans la danse. Le symphonique se taille la part du lion de part ce ce son grandiloquent, cette fusion improbable de deux genres bien distincts, le rock et le symphonique, qui sont tellement complémentaires. C’est un final qui déménage sous le rendu de cette alliance.
Bat Out of Hell est un album phare de l’épopée rock que l’on emmènerait assurément sur une île déserte, tant il est inclassable et toujours en avance sur son temps pour ses idées de fusion des genres.