Mat Dickson : le gardien du phare (+ interview)

Mon ami guitariste anglais Mat Dickson est actuellement en train de peaufiner la réalisation de son nouvel album instrumental, qui viendra clôturer sa trilogie conceptuelle dédiée aux gardiens des vieux phares maritimes. A quelques semaines de la parution de ce nouveau disque (qui sera bien sûr chroniqué dans ces pages !), l’occasion est trop belle de vous donner l’envie de découvrir la délicieuse musique de cet artiste qui mérite une autre reconnaissance, artiste aussi talentueux que modeste (si si Mat ! ;-))
 

Mat Dickson – The lighthouse keeper (Beachcomber music 1998)

Amateurs de guitares mélodiques, d’ambiances celtiques et de musiques instrumentales propices à la rêverie, attardez-vous quelques instants sur cette modeste chronique, sous peine de faire l’impasse sur une bien jolie découverte ! Enregistré et autoproduit en 1998 par un jeune et très doué musicien anglais répondant au nom de Mat Dickson, « The lighthouse keeper », première perle d’une trilogie thématique dédiée aux gardiens des vieux phares maritimes, vient d’être rééditée par son auteur dans un très sobre mais joli digipack. Arborant un visuel différent qui illustre à merveille le concept de l’album (la solitude face à l’immensité), cette version définitive peut dignement intégrer votre discothèque, au même titre que son successeur « The Keeper’s log » (« Le journal du gardien »), paru en 2003 sous la même forme, en attendant bien sûr l’édition du prochain opus en cours de réalisation. « La trilogie du gardien du phare » s’ouvre dans la plus grande sérénité, l’auditeur se voyant d’emblée porté et enveloppé par une musique en apesanteur, servie par les guitares de Mat, omniprésentes. Et le bonheur ne faiblit pas tout au long des onze titres mélodiques et mélancoliques à souhait, qui s’enchaînent les uns aux autres durant un peu plus d’une heure, en tissant cette magnifique fresque qui rend  hommage à une tradition ancestrale aujourd’hui disparue. Guitariste de grand talent et à l’extrême finesse, Mat fait fondre de délicieux arpèges électriques et acoustiques avec des textures atmosphériques qu’il crée au moyen de ses claviers. Pour vous donner une petite idée de ce qui vous attend, sachez que le feeling de Mat Dickson est très proche de celui d’un Steve Rothery (période « Season’s end » surtout), et que sa musique évoque parfois celle de Dan Ar Braz, quand celui-ci veut bien donner le meilleur de lui-même à travers ses œuvres instrumentales. Mais à l’écoute de ce premier essai discographique, il est clair que Mat possède sa propre personnalité de musicien et qu’il a su y transcender ses multiples influences. Si le second opus de la trilogie se veut plus contrasté et plus riche au niveau instrumental, « The lighthouse keeper », placé sous le signe de l’émotion, reste pour moi l’album qui définit le mieux le style de Mat Dickson. Une musique qui vient du cœur, sincère, généreuse et emplie d’humilité, à l’image de son auteur. Si les phares majestueux des vieux ports se sont éteints dans le grand large, ils brilleront toujours pour quelqu’un grâce à ta musique, Mat !
Philippe Vallin (9,5/10)

 

Mat Dickson – The Keeper’s log (Beachcomber Music 2003)

Tout juste quelques mois après la parution de son 1er album intitulé « The Lighthouse Keeper », un disque dédié aux gardiens des vieux phares maritimes et à leur tradition, voilà que le compositeur anglais Mat Dickson nous en livre déjà un successeur, qui une nouvelle fois porte sur les thèmes de la mer et de sa solitude. Et il y a fort à parier que « The Keeper’s log » fera à nouveau le bonheur de tous ceux qui avaient craqué sur les douces mélopées atmosphériques du 1er opus de notre jeune et talentueux guitariste ! Si l’œuvre de Mat Dickson a été découverte sur le tard,  le surdoué mélodiste n’a donc pas perdu de temps à se remettre au travail et ainsi battre le fer pendant qu’il est encore chaud. En effet, « the lighthouse keeper », totalement auto-produit de main de maître, était disponible depuis l’année 1998  mais ne bénéficiait malheureusement d’aucun système de distribution, et ce jusqu’à ce que sa musique résonne aux oreilles des structures VPC spécialisées bien de chez nous ! Aussi, en très peu de temps, le 1er album de mat a reçu d’excellents échos dans le fanzinat progressif hexagonal, et un bouche à oreille favorable semble avoir fait depuis son effet ! C’est donc un Mat Dickson en pleine forme et empli d’enthousiasme qu’on retrouve pour ce deuxième album (qui plus est servi dans un très beau digipack !), empli de fraîcheur, de feeling et de trésors mélodiques à souhait. Ceux qui pouvait reprocher une certaine monotonie à « The Lighthouse Keeper » n’ont aucune appréhension à avoir, tant ce nouvel opus se veut davantage  varié et contrasté que son prédécesseur (dont le parti pris 100 % planant et onirique pour ma part me convenait tout à fait ). Mat donne ici à son travail une couleur encore plus folk, en utilisant par exemple une plus large palette sonore, en incorporant des échantillons d’accordéon et en utilisant davantage ceux de la cornemuse et autres instruments à consonance celtique. S’il est vrai que l’apport d’un vrai potentiel acoustique sonne toujours beaucoup plus naturel, on ne peut que saluer le perfectionniste Mat Dickson pour la qualité du résultat obtenu. Espérons seulement que le jeune compositeur se donnera un jour les moyens d’enregistrer avec d’autres musiciens, qui part le biais de leurs instruments respectifs viendront étoffer ses compositions et ainsi leur donner encore plus d’éclat. Et celles-ci, je vous l’assure, méritent véritablement les plus beaux atours. Notons aussi la volonté de Mat de dynamiser certains de ces morceaux, en témoigne par exemple l’envolée progressive d’un titre comme « Before the storm », qui ravira à coups sûr les amateurs du néo-prog le plus cadencé. Mais ce qui prédomine tout de même (et qui par la même occasion défini le style si personnel de Mat Dickson), ce sont ses arpèges de guitares tantôt acoustiques, tantôt électrifiées, avec lesquels le musicien tisse à l’infini de magnifiques lignes mélodiques sur fond de nappes de clavier (quel aisance ! on se demande d’ailleurs où il va chercher tout ça !). Bref, ça coule tout seul pendant 67 minutes, et c’est beau, tout simplement.
Philippe Vallin (8,5/10)

 

Interview de MAT DICKSON (Magazine Koid’9 N°43, octobre 2002)

1-    Mat, les lecteurs du Koid’9 ne te connaissent pas encore : pourrais tu donc nous faire part de ton « curriculum vitae » de musicien, en évoquant ta formation d’origine et ton parcours musical ?

Bonjour ! J’ai commencé la guitare vers l’âge de 14 ans, tout d’abord avec quelques leçons de guitare classique, mais sans avoir jamais compris quoi que ce soit à la théorie ! Par la suite, c’est tout simplement ma passion pour la musique pop/rock qui m’a poussé à essayer de jouer d’abord de la basse (avec la même guitare classique ! ! !) en accompagnant des disques. De là est venu mon auto-apprentissage des six cordes, mais de manière très lente, cela en raison de l’absence d’autres guitaristes dans mon entourage. Ce n’est qu’à l’âge de 19 ans que j’ai découvert le plaisir de jouer en groupe (uniquement des reprises), alors que je travaillais au théâtre en tant que technicien. Le groupe s’appelait Bash’s Backstage Boogie Band  et il réunissait une fois par an une vingtaine de musiciens et de chanteurs/es amateurs des coulisses du théâtre pour la saison Off – le vrai délire ! Pourtant je me suis rendu compte que mon vrai intérêt se trouvait dans la composition et dans l’aspect  « production » des disques que j’écoutais. C’est grâce à mon magnéto 4 pistes que j’ai pu commencer à bricoler. Me trouvant un peu plus tard à Londres puis à Paris, j’ai essayé avec des amis de monter des groupes de rock mélodique afin de jouer nos propres compositions. Mais comme pour bon nombre d’autres musiciens novices, les résultats escomptés n’étaient pas au rendez-vous (!). Malgré cela, c’était tout de même des expériences très formatrices. En parallèle à ces activités, j’avais pourtant continué d’enregistrer plein de bribes de morceaux instrumentaux chez moi, ce qui fait qu’après la disparition du dernier groupe, j’ai poursuivi mon chemin en solo à élaborer mes propres compositions.

2-    Peux tu maintenant nous dire quelques mots sur « The Lighthouse Keeper » (« Le gardien du phare »). A ma connaissance il s’agirait là de ton 1er album studio : comment en définirais tu la musique ?

En effet, il s’agit bien là de mon premier album. Pour ma part, je dirais que la musique y figurant est un mélange de rock mélodique progressif, avec des influences de folk celtique et un soupçon de guitare classique. L’ensemble évoquant l’ambiance de la mer, il en résulte donc une musique assez planante, une musique à respirer ! A ce sujet, j’aime beaucoup l’expression suivante d’un ami qui défini l’album ainsi : « Ballades océaniques pour guitares atmosphériques » !

3-    La musique de « The Lighthouse Keeper », très évocatrice, semble nous raconter une histoire : y’a t-il un thème central à cet album et si tel est le cas pourrais tu nous en dire un peu plus sur celui-ci?

Oui, cela faisait un moment que je songeais à faire un album concept sur les phares et de leurs gardiens. Ayant vécu une bonne partie de ma jeunesse tout près de la côte, j’ai toujours été attiré par le phare le plus proche (celui des Needles à l’Ile de Wight en GB). Et l’effet d’entendre de la corne de brume depuis mon plus bas âge m’a certainement fait une grande impression ! Suite à l’automatisation de la plupart des phares, et donc de la disparition de leurs Gardiens et de leurs traditions, je voulais à ma façon leur rendre hommage en évoquant ce chapitre de la vie côtière qui s’est achevé.

4-    Te revendiques tu d’un courant ou d’un genre musical précis ? Et concernant tes goûts personnels, as-tu styles musicaux de prédilection et si oui lesquels ?

Je ne me revendique pas d’un courant ou d’un genre musical précis car je n’ai pas l’impression que ma musique se colle parfaitement à un seul genre, tel qu’on les voit dans les rayons… J’écoute d’ailleurs avec grand intérêt les propos des auditeurs/trices à cet égard !
En ce qui concerne mes préférences musicales personnelles, j’ai beaucoup écouté la pop et le rock mélodique des années 70 et 80, en particulier Supertramp, Pink Floyd, Genesis, Dire Straits, Chris Rea, Marillion, etc. Plus récemment, je me suis intéressé aussi à la musique Country. La qualité et la finesse des musiciens de ce milieu-là est vertigineuse ! En effet, ce n’est pas pour rien que Mark Knopfler à invité le talentueux joueur de guitare pedal steel Paul Franklin ainsi que le grand Vince Gill de Nashville à se joindre à Dire Straits pour prêter main forte à l’album « On Every Street » !

5-    Je tiens à t’adresser toutes mes félicitations, car tu es en effet le seul musicien crédité sur l’album et je trouve que tu t’en sort plutôt pas mal dans le genre multi-instrumentiste ! Quel talent ! Peux tu nous dire quels sont les instruments que tu as utilisés pour donner vie à la musique de « The Lighthouse Keeper » ?

Je te remercie ! Je dois dire que j’aurais souhaité travailler en équipe pour ce projet mais cela n’a pas été possible pour toutes sortes de raisons, d’où mon « one man band » ! Ceci dit, j’ai pu incorporer quelques partitions de percussion (au séquenceur) d’amis batteurs, mais hélas c’était tout ! Pour la partie live, je me suis servi de trois guitares : pour la guitare électrique, ma vieille Charvel, et pour les guitares acoustiques, deux Yamahas (dont une classique). Pour tout le reste (basse, percus, synthés, etc.), il s’agit principalement de travail de séquenceur avec les sons du Roland JV1080 et du Roland Sound Canvas.

6-    En découvrant ton 1er album, on est tout de suite surpris par l’excellence de sa production. En effet, « The Lighthouse Keeper » bénéficie vraiment d’une incroyable qualité sonore. Quelle technique as tu employée pour arriver à un tel résultat ?  Aurais tu enregistré et mixé l’album dans un vrai studio professionnel ?

L’album a été enregistré chez moi dans mon petit studio (que j’appelle « The Deep South Studio »), mais le mastering a été fait dans un vrai studio professionnel. J ‘ai enregistré chez moi la plupart des pistes guitares en stéréo afin d’approfondir l’image sonore, mais j’ai surtout bénéficié de l’énorme coup de main (coup d’oreilles ? !) de mon grand ami Wolf Lintz, producteur/compositeur très expérimenté, qui m’a très gentiment conseillé en matière du mixage.

7-    En  écoutant « The Lighthouse Keeper », on peut observer un certain lien de parenté avec la musique du breton Dan Ar Braz ou encore celle de Steve Rothery du groupe Marillion, dont ton jeu de guitare se rapproche parfois de manière assez étonnante du sien : connais tu ces deux guitaristes et si oui, ont il représenté pour toi une influence majeure?

Steve Rothery de Marillion a certainement été une grande influence, mais il n’est sûrement pas le seul ! C’est vrai que j’ai été très impressionné par son jeu, ses mélodies et son utilisation d’effets. Un grand guitariste que j’ai croisé aux Nomis Studios de Londres à l’époque où Marillion recevaient des candidats pour le remplacement de Fish ! Et non, je n’en était pas un, et loin s’en faut!
Pour ce qui concerne Dan Ar Braz, je n’ai découvert ce grand musicien et sa musique que très tardivement grâce à mon ami Wolf Lintz, alors que j’étais toujours à Paris, et ceci après avoir déjà  composé la quasi-totalité de « The Lighthouse Keeper ». Wolf m’a prêté son disque « Thème for The Green Lands » après avoir écouté mes maquettes pour la première fois, car lui aussi a fait le même rapprochement que toi. En raison sûrement de mes racines celtes, sa musique m’a fait une énorme impression dès l’introduction. C’était vraiment une émotion très forte à l’écouter la première fois, d’autant plus qu’on avez eu l’idée de mixer cornemuses et guitares rock nous-mêmes en groupe des années auparavant, mais sans les joueurs de cornemuses pour le réaliser !

8-    La réalisation de ce 1er album date de l’année 1998 et pour ma part je n’ai découvert celui ci que tout récemment et un peu par hasard : comment en as tu assuré la distribution jusqu’à aujourd’hui ? Et comment envisage tu l’avenir pour cet album qui a mon sens gagnerait à être connu davantage ?

Depuis la réalisation de l’album, beaucoup de temps s’est écoulé alors que j’attendais la signature d’un contrat de licence qui malheureusement à échoué, et ce pour des raisons en dehors de mon contrôle. Entre-temps, avec mon propre label Beachcomber Music, j’ai commencé une petite auto-distribution locale, avant de me relancer à la recherche de collaborateurs pour assurer une distribution à plus grande échelle. Actuellement ma musique est représentée par la maison de promotion « Australian Music Marketing Abroad » lors de salons tels que le Midem. Avec les autres pistes que je suis en train d’explorer en ce moment, j’espère que je vais bientôt trouver le bon créneau qui me permettra de pouvoir présenter mon œuvre à un public plus nombreux.

9-    Je sais de source sûre que tu travailles en ce moment même à la réalisation d’un nouvel album : y aura t-il donc un successeur à « The Lighthouse Keeper », ou au contraire te tournerais tu vers quelques chose de radicalement différent ?

Dès la conception du projet de  « The Lighthouse Keeper », je savais que voulais continuer à explorer les mêmes thèmes via mes futures compositions, et aussi rester assez proche de l’image de Beachcomber Music (Beachcomber = batteur de grève). L’enregistrement de l’album suivant est d’ailleurs bien avancé, et j’espère qu’il apportera d’avantage de couleurs et de nuances sonores au Gardien du phare !

10-    Aurons nous un jour la chance de découvrir ta musique sur une scène française, et pourquoi pas avec un vrai groupe à l’appui ?

C’est une idée intéressante. J’aimerais bien voir ce que ça donne avec un vrai groupe ! Sait-on jamais ?

11-    Quelques chose à rajouter pour nos lecteur du Koid’9, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui n’ont pas encore découvert ta musique ?

Pour toutes celles et ceux qui sont à la recherche (à l’image des batteurs de grève peut-être !) d’une ambiance musicale un peu en dehors des sentiers battus, une musique « à respirer », j’aimerais signaler que l’on peut découvrir de courts extraits de l’album en Real Audio sur le site www.beachcombermusic.com, et aussi chez www.cdbaby.com. Bon vent à tous !

Propos reccueillis par Philippe Vallin

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