Maserati – VII

VII
Maserati
2012
Temporary Residence

Maserati – VII

Non, je ne vais certainement pas vous faire le test complet d’un nouveau modèle de voiture de luxe italienne, mais plutôt vous parler d’un fabuleux groupe de rock psyché et de son nouvel album fraîchement paru. Maserati naît au tout début de l’année 2000 à Athens (pas en Grèce hein ? En Georgie, USA !), alors que la mouvance post-rock lancée par GYBE, Mogwai, Tortoise, Mono et autres Labradford bat son plein. Après avoir publié un EP auto-produit, un premier véritable album en 2002 chez Kindercore Records, et aussi quelques œuvres en collaboration avec d’autres artistes de cette même scène, ce n’est qu’en 2005 que les américains accouchent du disque de la maturité, celui qui inaugure vraiment leur style caractéristique. « Inventions For The New Season » (une allusion à un chef d’œuvre seventies d’Ash Ra Tempel, entièrement basé sur des séquences de guitares cosmiques ?) se démarque en effet des codes habituels du post-rock, en intégrant à sa musique des éléments ouvertement empruntés au krautrock et au space-rock des années 70, la touche de modernité et l’énergie en plus. L’album est une pure réussite artistique, à la fois jubilatoire et rafraîchissante.

En 2010, Maserati poursuit l’évolution amorcée, en éditant « Pyramide Of The Sun », qui développe encore davantage des éléments empruntés à des groupes planants tels que Tangerine Dream et ses séquences de synthés analogiques, marque de frabrique d’une époque bénie, ici remise au goût du jour. Le rapprochement de la musique de Maserati avec celle du duo de Pittsburgh Zombi (qui ne cache pas son amour pour le fameux groupe berlinois et les bandes originales de John Carpenter signées pour ses propres films), est ici encore plus flagrant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les deux formations ont signé un LP ensemble l’année précédente, intitulé « Split ». La parution de ce très recommandable « Pyramid Of The Sun » sera décalée de quelques mois, suite au décès dans des circonstances tragiques du batteur Jerry Fuchs, remplacé par Tony Paterra de Zombi, qui achèvera les sessions d’enregistrements amorcée avec son prédécesseur, en tâchant de préserver au maximum la patte rythmique de celui-ci.

Puis un certains Mike Albanese reprendra les fûts comme membre permanent du quatuor américain, qui sort cette année un disque tout à fait dans la lignée des deux précédents. Maserati continue à nous tisser d’enthousiasmantes trames mélodiques typiques du post-rock, mais avec ce style général et un son plus proches des envolées technoïdes et psychédéliques d’un Steve Hillage (celui de Gong et de System 7) ou encore des arpèges hypnotiques et interstellaires d’un Manuel « Ashra » Göttsching. Alors avis aux amateurs de la scène électronique berlinoise, ce disque est fait pour vous ! Et ici, plus que jamais, l’oeuvre s’écoute de préférence d’une seule traite, comme un long trip cosmique, qui fait tout autant halluciner le mental qu’il donne envie de bouger, voir de sauter partout. Votre serviteur l’a fait, il l’avoue sans honte, lors d’une écoute à haut volume. Etat de transe garantie !

L’album démarre très fort avec « San Angeles » et son tempo rapide, fait de séquencers magiques appuyés par une batterie volubile et des guitares rageuses (dans le même genre, essayez « Eliminator » deux pistes plus loin, une vraie folie!). « Martin Rev » calme un peu le jeu, privilégiant davantage la mélodie, mais toujours avec des boucles de guitares et de synthétiseurs, et ici une basse absolument énorme. L’ensemble sonne un peu comme une sorte de « Ricochet » de Tangerine Dream boosté aux amphétamines ! Et que dire alors d' »Abracadabracab », plat de résistance de l’album de part sa longue durée et ses étonnantes variations, de « Solar Exodus » et ses vocoders robotiques sortis tout droit du science-fictionnel « Dig-It » de Klaus Schulze, de la pause planétarium bienvenue avec l’apaisant « Lunar Drift », du carrément metal-oriented « Earth Like » qui fracasse tout sur son passage à coup de riffs énormes et de martèlements rythmiques aussi subtils que bourrins (oui c’est possible, même si ça peut vous paraître complètement antagoniste !). N’oublions pas non plus « San Tropea », la merveilleuse conclusion de l’album qui ne dépareillerait pas dans n’importe quel opus d’Ozric Tentacles, ou encore dans le tout nouveau Hidria Spacefolk (le bien nommé « Astraunotica »), qui vaut lui aussi son pesant d’or.

Rien à jeter au menu de ce Maserati cuvée 2012, qui signe très certainement son album le plus abouti, en tout cas le plus réjouissant d’un bout à l’autre. Quoi qu’il en soit, voilà une œuvre musicale qui s’adresse tout autant au corps qu’à l’esprit des mélomanes curieux, et tellement enivrante qu’aucune substance illicite ne vous sera nécessaire pour pouvoir la vivre et l’apprécier à plein régime. Must have !

Philippe Vallin (8,5/10)

http://www.ihaveadagger.net/

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