Marissa Nadler – July
Marissa Nadler
Sacred Bones Records/Bella Union
Marissa, la p’tite folkeuse. Il parait qu’elle aime bien se prendre en photo. Enfin ça, c’est ce qui est écrit sur sa page Wikipédia. Marissa, ses robes et sa p’tite tête d’Alice aux pays des merveilles. On a l’impression que le retour, c’est comme la descente d’acide, ça laisse des traces : un p’tit air tristounet, des mélodies à pleurer, du clair/obscur, du cheveu long, une ambiance.
Elle a passé les années 2000 en surfant sur la vague du revival folk. Mais ici, pas de soleil à l’horizon, ni de ciel bleu ou de vent dans les arbres. On reste bloqué sur du monochrome, des silhouette floues et la bruine du matin. Ça parle de l’été, mais c’est la version Marissa dont on parle : ombrageuse et frisquette comme un mois de mai. Je ne sais pas vous mais moi, ça me donne envie de m’enrouler dans mon plaid. Marissa et sa petite voix plaintive, sur le fil, collante sur le point de s’effiler. Tout parait petit quand j’y pense, minimaliste, resserré, jamais une note plus haute que l’autre, ces arrangements discrets tirant sur une ambient cinétique et fantomatique. De surprise, y’en a pas vraiment, tout étant dans l’atmosphère, l’apesanteur. Y’avait bien des relents de country d’auparavant, mais Marissa, elle, reste folk dans l’âme, solitaire, un peu narcissique sur les bords avec, quand même, une tendance à se faire du mal, hein. Sa touche gothic americana ? Va savoir.
Mais bon, Marissa, elle s’est dit qu’il fallait jouer un peu avec d’autres au lieu de prendre la pose : guitare, piano, violoncelle, voix en écho. Ce n’est peut-être pas encore l’ouverture au monde, mais on était loin de la cabane au fin fond du Wisconsin pour passer le temps. Ce n’est pas mainstream, mon neveu, après tout, elle fait ce qu’elle veut Marissa : elle aime bien être seule et comme elle ne fait pas partie des pisseuses ayant un chaton dans la gorge parce que ça fait chou de miauler avant de monter dans l’octave, elle a toute ma sympathie. Non, la p’tite folkeuse, elle connait ses limites, la barrière à ne pas franchir, elle préfère l’évanescence, juste une présence glissant dans le dos avec, on ne sait jamais, un petit sourire à l’appui.
Et puis, outre les thématiques de la p’tite – sombres et ouvertement dark – ça fait tout son charme, y’a cette fluidité vocale, un vrai ballet, on se laisse glisser bien qu’on connaisse la formule. Marissa, voilà, elle est envoutante, même dans ses défauts, sa façon de saisir son image, cette résurgence du miroir et du reflet dans ses clips. De l’auto-analyse, du chou dans le dépressif, la dose de noirceur, jamais terminale, toujours en cours et distante. Marissa, on s’en approche sans jamais l’attraper, elle est un peu reloue aussi, c’est peut-être pour ça qu’elle en devient hypnotique la p’tite.
Jérémy Urbain (7,5/10)