Marillion au Transbordeur de Lyon le dimanche 20 janvier 2013

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Marillion en concert au Transbordeur de Lyon le dimanche 20 janvier 2013

Envolée vers la salle emblématique de Lyon, cette ancienne usine nommée Le Transbordeur, mon émotion est à son comble : je vais aller dévorer des yeux Marillion et affiner mes oreilles avec la musique si singulière de ce groupe mythique ! Ce combo, culte pour de nombreux fans, et teinté de qualificatifs allant de « pop », « rock », « progressif » et/ou « inventif », affiche complet. Très vite, l’ambiance de ce soir se fait joviale ! Bon nombre de « marillionnards » attendent patiemment, sous quelques flocons de neige venus caresser notre nez, devant l’entrée de la fameuse salle Lyonnaise. La file d’attente se mesure en quelques dizaines de mètres, mais chacun présente un air bien enjoué et, surtout, motivé ! L’antre de cette salle est très sombre, mais déjà l’atmosphère chaude et feutrée dégage un enthousiasme certain.

La première partie est assurée par Aziz Ibrahim, guitariste virtuose aux flots sonores rock acoustique (réalisés à base de loops renversants de maîtrise), dans un style qui reflète son héritage oriental et se situe quelque part entre les ragas indiens et le heavy-metal. Il est accompagné par Dalbir Singh aux tablas, tout aussi maître de son instrument ; la salle chauffe mais attend impatiemment nos princes charmants. Interminable pause, puis Marillion surgit… Faut-il rappeler le nom de ses protagonistes ? Marillion n’est en effet pas du genre à changer sans cesse de line-up, et on retrouve donc Steve Hogarth (chant), Steve Rothery (guitare), Mark Kelly (claviers), Pete Trewavas (basse), et Ian Mosley (batterie) au sommet de leur forme. Venus célébrer leur dernier et excellent opus « Sounds That Can’t Be Made », les musicos anglais vont mitrailler de leur plus belle technique divers échantillons de leur large répertoire, et ce pendant plus de deux heures.

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« Gaza », chanson manifeste pour la cause palestinienne, amorce d’une longueur saisissante cette soirée qui se révélera d’une qualité globalement époustouflante. Sans prendre parti quant à la situation qui opprime les Gazaouis, Hogarth, possédé par son sujet, fait plutôt ressortir les émotions liées à cette situation tragique, avec un brin mélodramatique. La pièce, morceau à rebondissement maîtrisé à la perfection en studio comme à la scène, nous entraîne dans un véritable tourbillon émotionnel. Le groupe y explore différentes sonorités et textures, étalées sur des rythmes hétéroclites qui s’enchaînent plutôt bien. Cinq titres de leur dernier CD seront investis durant la soirée, les autres morceaux étant piochés dans leur discographie particulièrement étoffée. Steve Hogarth est le maître, ou plutôt le roi de la soirée ! Il entre fièrement sur scène avec une chemise blanche sur laquelle on peut remarquer par sa taille le  symbole « peace and love » de circonstance. Tout au long de son show, il défile avec ses différentes jackets qui lui siéent à merveille. Ce charismatique personnage revêt aussi bien son costume de danseur, blagueur, charmeur, mais surtout celui de vocaliste, ô combien talentueux et unique. Aussi, il n’hésite pas à chatouiller tantôt le tambourin ou à caresser sa guitare et sa fameuse « batte à musique ».

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Les titres s’enchaînent avec brio, avec en extraits du dernier opus, l’émouvant « The Sky Above The Rain », « Pour My Love » et son ambiance ballade soul, le groovy « Power » et enfin, l’éponyme « Sounds That Can’t Be Made », qui se conclue par un solo de guitare mélodique absolument dantesque. Le deuxième et troisième morceaux du concert sont quant à eux tirés de leur fantastique album « Clutching at Straws » (1987, déjà !) avec le mythique enchaînement « Warm Wet Circles/That Time Of The Night ». Steve Rothery au faciès « gros nounours » maîtrise la gratte et semble être dans une bulle impénétrable, fermant sans cesse ses yeux comme s’il plongeait dans un univers onirique jouissif. Au moment de « You’re Gone », on sent un H bien imprégné par ce titre très évocateur de sa propre déception amoureuse ; du coup, le public retranscrit une respectueuse émotion. Pete Trewavas claque sa basse avec une telle vigueur que le morceau, sincèrement touchant, en devient particulièrement énergique. Tout au long de ce concert, cet instrumentiste à l’allure joviale jouera élégamment aussi bien de la basse que de sa voix de chœur.

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Parmi les belles surprises du set, je citerais « Neverland » et « The Great Escape », où Steve Hogarth dévoile ses talents d’acteurs dans ces pièces magistrales pleines de subtilité, de puissance et d’élégance. Le public est comblé. Steve (bis) reste toujours très serein et lance, par ci par là, quelques médiators à ses fans. Mark Kelly, en plus de sauter en rythme, porté par l’enthousiasme collectif, surfe comme un maître du doigté sur ses claviers. Un seul titre de leur album plébiscité « Afraid of sunlight », le tellurique « King », est joué. Peut-être parce que ce soir, comme je vous le disais plus haut, H est un roi ? C’est en tout cas ainsi que je l’interprète ! La foule est surprise mais complètement conquise. La présence du vocaliste sur scène est remarquable, tandis que Ian Mosley, caché derrière son imposante batterie, accompagne ses acolytes avec ses mains de prince aux pouvoirs de fer ou de velours. Heureusement, la précision du musicien rattrape son absence visuelle, et on sait qu’il est là, pas de doute. L’impressionnant spectacle se poursuit avec « Man Of Thousand Faces » tiré de l’album « This Strange Engine ». Une impressionnante qualité se distille dans les oreilles, et l’atmosphère du Transbordeur laisse paraître par la sérénité une odeur planante. Ô que c’est bon ! Personne n’a envie que les festivités s’arrêtent, mais malheureusement le bouquet final implose.

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Un premier rappel avec « A few Words For The Dead », extrait de « Radiation », vient contenter les insatiables fans qui en veulent encore et encore. Pas une miette n’est ignorée ; on prend, on savoure, on ingurgite sans modération. Et quelles bouchées ! Quelle bouffée ! Puis on arrive vers la fin d’un show remarquable, avec une bonne dose de feeling et de technique magique. Un deuxième rappel, l’apothéose pour moi, la surprise inattendue, et pourtant, on aurait pu parler d’évidence ! Le club des cinq revient sur scène et en quelques notes, la foule pousse un tel cri de satisfaction jouissif que l’atmosphère en devient rayonnante ! Quelle chaleur ! Quelle lumière ! Les compères s’attellent aux morceaux de leur popularité avec en premier lieu « Kayleigh », puis s’enchaînent « Lavender » et « Blue Angel ». Le public, en ébullition, reprend en chœur, voire en solo, l’imparrable refrain : « Please excuse me, I never meant to break your heart, so sorry, I never meant to break your heart, but you broke mine ». Ou encore « Lavenders blue, dilly dilly, lavenders green, when I am king, dilly dilly you will be queen. A penny for your thoughts my dear, a penny for your thoughts my dear, I.O.U. for your love, I.O.U. for your love ». Et puis, enfin, la phrase culte chantée en français : « J’entends ton cœur ». Et là, la symbiose est telle qu’on avait l’impression d’entendre le palpitant de tous ceux présents dans la salle. Que d’émotion ! Nous aurions bien vu là un duo avec notre ami Fish, mais je crois qu’en ce qui me concerne, la crise cardiaque n’aurait pas été bien loin.

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La prestation générale est de l’ordre de l’exceptionnel, et le public reste planté là, conquis et admiratif. Marillion demeure un pilier solide comme un roc sur la scène. Le roi et ses princes sont de véritables joyaux pour le rock mondial, et constituent ensemble un trésor aux pièces d’une valeur incommensurable. Marillion nous a proposé un concert incroyable, magnifique et magique  ! Chapeau Messieurs, on vous aime.

Nad Gotti Lucas
Photos  : Christophe Demagny

http://www.marillion-anoraks.com/


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Set-list  :

Gaza
Warm Wet Circles
That Time Of The Night
The Sky Above The Rain
You’re Gone
Pour My Love
Power
Neverland
Sounds That Can’t Be Made
The Great Escape
King
Man Of 1000 Faces

1er rappel  :
A Few Words For The Dead

2nd rappel  :
Kayleigh
Lavender
Blue Angel

www.marillion.com

2 commentaires

  • Dominique Jacob

    Comme vous avez de la chance vous les Français de pouvoir assister à ces concerts  de ces fantastiques musiciens
    que forment Marillion.Ici en Belgique il faut croire que nous n avons pas les moyens de les accueillir et cela est bien dommage. je vous envie…

  • nad

    je l’avais écrit … pour toi !

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