Marillion – Anorak In The UK Live
Marillion
EMI/Racket Records
Dans la foulée du très bon « Anoraknophobia« , Marillion nous a servi sur un plateau, en 2002, un live de folie. Là où EMI, du fait de problèmes contractuels l’ayant obligé à faire l’impasse sur les « années Castle », ne proposait à la vente qu’un CD simple de neuf titres (comprenant toutefois « Easter » en bonus exclusif), le groupe nous présentait, sur son label Racket Records, une version double de l’objet qui faisait parler la poudre. Retraçant les principaux temps forts des concerts « sold out » donnés par le combo à l’Academy de Manchester et au Forum de Londres en mai 2001, cet opus magistral restituait en effet brillamment la formidable pulsation musicale et émotionnelle animant les sets du club des cinq. « Anorak In The UK Live » offrait d’ailleurs un track-listing fort séduisant qui valorisait à merveille les multiples facettes du rock atmosphérique célébré par la formation durant l’ère Hogarth. De ce fait, on n’y retrouvait aucune composition de la période Fish, le morceau le plus ancien (« Waiting To Happen ») datant de 1991.
Sur les quinze titres enregistrés lors de ces gigs anglais, cinq étaient extraits de « Anoraknophobia », trois de « Afraid Of Sunlight », deux de « Brave » et de « .com » et un seul de « This Strange Engine », « Radiation » et « Holidays In Eden ». Par ailleurs, mister h et ses quatre mousquetaires nous faisaient le cadeau, sur cette version double, de belles interprétations de « This Is The 21st Century » et « When I Meet God », capturées sur le vif en novembre 2001 au Racket Club, devant un auditoire réduit trié sur le volet. Certains ont regretté l’absence de quelques grands classiques (de « The Space » à « Interior Lulu », en passant par l’envoutant « A Few Words For The Dead » ou par la trilogie « This Town/ The Rakes Progress/100 Nights »). Mais c’était aussi l’époque où le gang d’Aylesbury publiait une pléthore de « official bootlegs » sur son site Web pour un prix modique.
Doté d’une production renversante de pêche et de clarté (merci Dave Meegan !), ce florilège live nous dévoilait un combo pétant la forme. A l’exception, en effet, de l’exécrable « The Answering Machine » (joué ici sous une forme ultra-speedée des plus pénibles), la formation, parfaitement à l’aise dans son époque et ses baskets, excellait en effet dans les morceaux cartons (avec une palme spéciale pour « Seperated Out » et « Between You And Me » qui se paraient, à l’épreuve de la scène, d’une urgence diabolique) comme dans les épanchements lyriques en clair-obscur (de l’émouvant « The Great Escape », chanté à pleins poumons par le public, à l’incontournable « Afraid Of Sunlight » en passant par le langoureux « Waiting To Happen »). Mieux encore, Marillion s’imposait comme une extraordinaire machine à rêver, décochant des flèches romantiques fulgurantes (le bouleversant « Out Of This World » qui filait le grand frisson).
Au final, avec ses montées en puissance tendues (l’épique « If My Heart Was A Ball, It Would Roll Uphill »), ses explosions rageuses (le tellurique « King ») et son chant écorché vif (le furieux « Quartz »), « Anorak In The UK Live » s’imposait comme un classique en puissance. Un incontournable de plus, donc, à porter au crédit d’un groupe définitivement majeur.
Bertrand Pourcheron (8,5/10)