Malanima – Mondo Dissociati
Malanima
Autoproduction
Groupe italien ayant vu le jour en 2012, Malanima est composé de Daniele Caboni (voix, guitare, claviers, baǧlama), Stella Sorgente (contrebasse) et Sickozell (programmations et synthétiseurs). « Mondo Dissociati » est leur premier album, proposant un rock gothique bien ancré dans les années 80. L’ouverture instrumentale de l’œuvre donne d’ailleurs le ton : avec ses synthés tour à tour charmeurs et inquiétants, sa contrebasse lancinante, le tout soutenu par une batterie programmée sonnant très eighties, nous avons affaire à un album naviguant entre clair et obscur, à l’instar des héros de l’âge d’or du rock gothique. La voix sépulcrale qui suivra ne fera que confirmer ce rapprochement. Ajoutez des rythmiques entraînantes ainsi que des guitares tour à tour tourmentées et grinçantes, et nous voici plongés dans les très riches heures des Sisters Of Mercy. Même si on reconnaît instantanément cette patte eighties dans les mélodies et les rythmiques (le refrain accrocheur de « Z » vient quand même furieusement nous remémorer Depeche Mode), toujours en contraste avec ces voix d’outre-tombe et cette contrebasse atypique, force est de constater que l’usage de différentes langues dans les paroles (anglais, français, italien, allemand) nous intrigue.
Il en va de même de la présence de la baǧlama (instrument turque de la famille des luths), mais également d’un steel drum, d’un accordéon et d’une cithare, ainsi que d’influences orientales sur les deux derniers morceaux. Mais c’est là qu’on se rappellera que le combo-phare du label darkwave 4AD, Dead Can Dance, s’était mué en chantre de la darkwave world après des débuts post-punk très sombres. On a alors levé le voile sur une partie du mystère qui entourait la musique de nos transalpins. Quant au multilinguisme affiché, il peut être un clin d’œil aux scènes gothiques des pays correspondants, très actives dans la première moitié des années 80 ainsi qu’à l’électro-pop allemande (les synthés et les ambiances très kraftwerkiens des instrumentaux « Transfert » et « Arab Spring »).
Mais, outre les hypothèses émises ci-dessus, le choix étonnant d’instruments d’origines très diverses et d’un large panel de langues marque clairement une volonté de la formation de s’affranchir de toute barrière culturelle. C’est une façon de montrer que sa musique, même si elle répond à des critères spécifiques immuables, n’a pas de frontière.
En bref, voici un disque qui fleure bon le bouillonnement électronique et gothique des années 80. Une bonne façon de réviser les classiques de cette époque, de Fad Gadget aux Sisters of Mercy en passant par les Cure.
Lucas Biela (9/10)