M.O.T – Modern Madness Or Tribal Truth ?

Modern Madness or Tribal Truth ?
M.O.T
2004
Loplop

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M.O.T est une formation insolite et tout à fait intéressante qui nous vient de Hollande. Cette réunion éphémère de six musiciens néerlandais est à l’initiative du clarinettiste jazz Steven Kamperman, artiste aussi talentueux que prolifique, impliqué dans son pays autour de nombreux projets de rencontres et de groupes à la démarche innovante. Il est l’un des chefs de file du label Loplop, implanté dans la région d’Utrecht, spécialisé dans la promotion, l’édition et la distribution de musiques parallèles et improvisées issues du jazz. « Modern Madness of Tribal Truth » s’inscrit tout à fait dans cette veine aventureuse (dont la voie a été ouverte en son temps par le Codona de Don Cherry et Nana Vasconcelos), proposant à l’auditeur de découvrir une passionnante collection de onze pièce musicales aux climats contrastés, teintées de free-jazz, de fanfare endiablée et de sonorités plus typiquement africaines. Ces dernières sont le fruit de l’apport et du travail d’une efficace et inventive section rythmique, formée par le percussionniste sénégalais Ousmane Seye (crédité au sabar, djembé et gongoma) et par le batteur Michael Baird, lui même d’origine africaine puisqu’il est né à Lusaka en Zambie, où il a d’ailleurs passé la majeure partie de son enfance. Les deux musiciens se complètent à merveille, insufflant un véritable groove parfois frénétique aux différents morceaux.

Et puisque nous abordons la question du rythme, précisons ici que la basse est jouée quand il y a lieu au clavier, et que la formation aurait gagné à employer un véritable contrebassiste pour étoffer encore un peu plus sa musique, dominée par les cuivres (tuba, clarinettes) et le violon de Jasper Le Clercq. Les compositions du CD sont signées Steven Kamperman et Albert Van Veenendaal, qui illustre l’album de quelques audacieuses séquences pianistiques et autres sonorités électroniques plus discrètes. A l’arrivée, le jazz ethnique proposé par M.O.T est on ne peut plus vivant, varié et coloré, transportant l’auditeur d’un état de transe (la folie furieuse de « Modern Madness », ou celle de « Jungle Music ») vers des climats plus sereins et apaisés (la mélancolie de « Funeral Song » ou les motifs de piano à pouce de l’éthéré « …or Tribal Truth »).

Si la musique pourra en rebuter certains au départ vu son côté parfois ardu (on est loin ici en effet de l’univers chaleureux et mélodique d’un Hadouk Trio), elle se laissera en revanche facilement apprivoiser au fil des écoutes. Alors laissez-vous donc surprendre !

Philippe Vallin (7,5/10)

http://www.stevenkamperman.nl/

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