Ludovico Einaudi – In a Time Lapse
Ludovico Einaudi
Poderosa Music & Art
Une éphémère mélancolie
Portée par des odes délicates
Evoque de subtils aromates
Au sein d’un paysage embelli
La pâle douceur de l’homélie
L’oreille du mélomane flatte
Et ses couleurs sonores relatent
Un lieu où le temps est aboli
Si vous avez réussi à lire ces modestes vers jusqu’au bout, vous êtes prêt à savourer la musique de Ludovico Einaudi, compositeur et pianiste italien qui a commencé une carrière prolifique dans le courant des années 1980 après de brillantes études au conservatoire de Milan. Dans un registre résolument classique, il a participé à l’écriture de musiques aussi bien pour des ballets et des opéras que pour des séries télévisées et des films, entre autres « Black Swan » et « Intouchables ». Mais ce sont ses compositions pour piano, poignantes et atmosphériques, qui nous intéressent plus particulièrement ici. Le présent CD, enregistré dans un monastère près de Vérone, s’inscrit dans la lignée des deux précédents, « Divenire » paru en 2006 et « Nightbook » en 2009, et devrait asseoir un peu plus la réputation déjà bien établie de Ludovico Einaudi. Le piano y est omniprésent, tantôt en solo interprétant des ballades riches en nuances, tantôt accompagné par un orchestre de cordes avec quelquefois les interventions discrètes de percussions et de synthétiseurs. La plupart des morceaux sont construits sur une même approche : un piano minimaliste chargé d’émotion retenue introduit le thème, qui est ensuite développé en boucle par l’orchestre, certaines reprises en canon faisant un écho moderne au baroque italien. Baignant l’auditeur dans une sorte de transe onirique du plus bel effet, la sobriété et la grâce de cette musique la rendent intemporelle, et radicalement étrangère à toutes les niaiseries sonores à la mode. Pour ceux qui aiment les classifications, on peut rattacher Ludovico Einaudi au courant néoclassique, auquel appartient aussi le compositeur français Christian Saint-Preux. Curieusement, les disquaires rangent les CD du premier dans le rayon jazz. Mais quand on constate que les mêmes rangent les CD de progressif planant (enfin quand ils en ont…) dans le rayon hard rock, on se demande s’ils connaissent vraiment ce qu’ils vendent.
Bruno Dassy (9/10)