Long Distance Calling – Boundless

Boundless
Long Distance Calling
Inside Out Music
2018

Long Distance Calling – Boundless

Long Distance Calling Boundless

Septième album de Long Distance Calling, Boundless est une surprise totale, le groupe ayant choisi de revenir à ses premières amours en publiant un disque uniquement instrumental ! J’avais prisé l’évolution d’une formation dont j’apprécie l’ensemble des albums. Les voix, timidement apparues sur le fantastique The Flood Inside (2013) puis développées avec un nouveau chanteur sur Trips (2016), avaient marqué un virage bien assumé dans la carrière du groupe allemand (fort d’une signature chez Inside Out, qui plus est). Et patatras, mutisme vocal, retour de l’aphonie… et des guitares plus métalliques !

Que s’est-il donc passé pour que disparaissent ainsi la folie d’un « NH 1100 », le côté décalé de « NH 0218 » et les claviers de « NH 0550 » (tous trois sur Nighthawk, 2014) ? Pourquoi l’apport des voix d’un « Lines » (Trips) ou d’un « Welcome Change » (avec les voix de Petter Carlsen et Vincent Cavanagh, The Flood Inside) a-t-il donc été balayé d’un coup de manche de guitare ?

Long Distance Calling Boundless Band1

Si l’on en croit Jan Hoffmann, le bassiste, rien ne s’est perdu du cœur même de la musique de Long Distance Calling, toujours composée instrumentalement par les quatre musiciens. Et c’est bien ce qui se passe avec un Boundless dont le « Out There » introductif ne laisse planer aucun doute : LDC a décidé de muscler à nouveau – en partie – son jeu ! Résultat, un riff mordant, une batterie agressive, des breaks acides, voilà un titre fait pour les débuts de concert ! « Ascending » poursuit dans la même veine, plus métallique peut-être encore. Nous ne sommes plus là en compagnie du LDC qui expérimente mais avec celui qui prépare l’hiver en coupant du bois. Tronçonneuse, hache, nos quatre lascars attaquent à tout va, sans oublier pour autant les breaks chaloupés bien sentis (à partir de 2:02). Départ vers les nuages avec « In The Clouds », retour des claviers, d’une batterie électronique, de samples et du bottleneck ! Ça se muscle après l’introduction (1:54) et les guitaristes s’en donnent à cœur joie (les métalleux y trouveront leur compte). « Like A River » commence avec une intro floydienne (époque The Wall) avant de nous renvoyer dans les limbes de groupes comme The Shadows ! Oui, ceux de « Apache » ! Le titre est assez étrange, entre rockabilly, post-rock, folk irlandais (la présence du violon), mais il est vraiment bien tourné. Tout comme on tourne la page de la moitié de l’album…

Et nous voici de l’autre côté, avec « The Far Side ». Retour au post-rock athlétique qui permet d’admirer la section rythmique. Le titre fait des vagues, entre sections pesantes et moments calmes (avec mélodie au synthétiseur ou à la guitare). Ça fourmille d’idées et c’est vraiment bien envoyé. « On The Verge » revient dans le trip de « In The Clouds » et fait un peu retomber la tension de l’album. Là encore, l’inspiration gilmourienne des guitares se fait sentir. La ficelle est un peu grosse, mais finalement la construction du morceau et son envolée finale l’emportent sur la lassitude provoquée par le début du titre. « Weightless » persiste dans la phase plus expérimentale de cet opus, mais semble un peu plus faible malgré une batterie puissante et bien enregistrée. Là encore, les deuxième et troisième parties (à partir de 2:49 et 4:35) sont un peu plus nerveuses et intéressantes jusqu’à la coda finale. C’est « Skydivers » qui tombe du ciel pour conclure l’album comme il avait commencé, en force ! C’est torturé, tortueux et ça devient méchamment sauvage (2:44). Les soli de guitare redeviennent inspirés et la rythmique pousse le groupe avant un final (4:12 à 5:32) un peu bâclé…

Long Distance Calling Boundless Band2

On ne peut pas dire que Boundless soit un mauvais album. La difficulté, c’est de le placer au cœur d’une discographie qui réservait déjà son lot de surprises. Sans doute, Long Distance Calling a-t-il préféré revenir à ses premières amours de peur de se laisse emporter par la place que commençait à prendre le chant dans sa musique ? Pour ne pas y sombrer, les quatre musiciens sont revenus à ce qu’ils savent le mieux faire, du post-rock instrumental aux consonances métalliques. Ayant besoin de se ressourcer, comme l’attestent les photographies prises en montagne du dossier de presse, LDC nous emmène dans un paysage brumeux au risque de nous perdre et peut-être de s’y égarer. Les amateurs du groupe, dont je suis, se scinderont certainement en deux catégories. La première regroupera les ravis du retour aux sources instrumentales du groupe. La seconde, à laquelle j’appartiens, rassemblera celles et ceux qui se demandent ce que tout cela veut dire et qui attendront le prochain album pour se faire une opinion plus affirmée.

À vouloir se mouvoir sans bornes (« Boundless »), Long Distance Calling a peut-être pris le risque de jouer avec les limites de ses admirateurs. Si la démarche d’authenticité est louable, le léger manque d’inspiration de la seconde partie de l’album ne permet pas, hélas, à Boundless de se faire une place de choix dans l’œuvre du groupe de Münster…

Henri Vaugrand

http://www.longdistancecalling.de/

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