Live report Los Bitchos à La Cigale, Paris, le 12 novembre 2024
2024
Lucas Biela
Live report Los Bitchos à La Cigale, Paris, le 12 novembre 2024
Venues des quatre coins du monde, c’est leur amour du rock et des musiques latines qui a réuni les quatre musiciennes de Los Bitchos. Leur nom offre d’ailleurs un indice sur leurs influences puisqu’il s’agit de la contraction de l’espagnol Bichos et de l’anglais Bitches. Aucune d’elles n’étant suffisamment encline à chanter des textes, c’est le langage instrumental qui a été adopté. La grande force de ce quatuor néanmoins est de faire apprécier la musique dansante aux fans de rock, et vice-versa. En effet, leur syncrétisme, fruit d’un professionnalisme sans faille, est particulièrement réussi. Ainsi, côté batterie, quelque soit le style, c’est un groove imparable que l’on retrouve dans le jeu de Nic Crawshaw. Avec ses airs de Karen Carpenter (autre grande de la batterie), la jeune Anglaise apporte même le soleil d’Amérique latine quand elle fait résonner les percussions sur son set. En revanche, dans ce duel avec les bongos de la guitariste, ce sont des airs tribaux qui nous parviennent aux oreilles. Entre la keytar d’Agustina Ruiz et la guitare de Serra Petale, c’est un autre dialogue, tout aussi enflammé cependant, qui anime la soirée. Concernant la six-cordes, comment ne pas être envoûté par les sonorités gorgées du soleil d’Ankara (notre guitariste a des origines turques), mais également de celui qui se lève à Rabat ou encore à Conakry. Concentrée à la manière d’Allan Holdsworth mais adoptant l’attitude d’Angus Young, la virtuose délivre des solos incendiaires quand elle n’est pas dans un jeu angulaire et psychédélique, auquel le guitariste rythmicien apporte son soutien (eh oui, il y a bien un homme sur la scène !). Véritable colonne vertébrale du groupe, Serra sait cependant apporter ici et là des petites touches mélancoliques dans l’océan de joie et d’enthousiasme qui nous submerge.
Avec les rythmes latins, orientaux, mais aussi dance-punk, disco ou encore reggae, certes c’est une véritable ode à la danse que la formation livre, mais l’on ne peut occulter l’humour. Celui-ci se manifeste aussi bien dans les petits pas de danse des comparses de Nic que dans le mouvement des mains d’un public tendant les bras en l’air. En effet, ces mains se déplaçant à l’horizontale tantôt à droite tantôt à gauche, comment ne pas penser à une marée de flamants roses tournant la tête dans un sens puis dans l’autre. Mais pour profiter au mieux de ce ballet, il fallait l’observer depuis le balcon. Hocher le crâne, c’est également ce qui nous arrive à l’écoute de la basse saccadée de Josefine Jonsson. Avec sa collègue batteuse, la Suédoise met véritablement en branle les têtes, déjà fort ébahies par une musicalité de haut vol. De son côté, avec sa petite console et sa keytar, c’est toute la magie, la fantaisie mais également le mystère des années 80 que nous fait revivre Agustina. Portant les traits et l’élégance d’une Marianne Faithfull des débuts, son déhanché gracieux ne laisse pas indifférent.
Formation relativement récente, Los Bitchos savent surprendre par leur énergie et un langage musical brassant de nombreuses influences. L’harmonie et la mélodie étant toutefois au cœur des compositions, c’est bel et bien un style original et homogène qui s’offre à nous. Que ce soit au casque (Talkie Talkie, paru cette année est déjà leur deuxième album) ou en concert, ne boudons donc pas notre plaisir.
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