Live report Groove Warriors au Bull’s Head de Barnes le 17 février 2024
2024
Lucas Biela
Live report Groove Warriors au Bull’s Head de Barnes le 17 février 2024
Soirée rythmée en perspective pour moi et mon frère ! Alerté par ce dernier la veille du concert des Groove Warriors dans une ville cossue voisine de Londres, je me jette frénétiquement sur Google pour en trouver des vidéos. Et là, je fais un grand sourire à l’écoute des rythmes endiablés et « so 70’s » du quintet britannique.
S’étant récemment adjoint les services d’une chanteuse dont je m’empresse également d’écouter les performances sur YouTube, je suis encore plus aux anges quand sa voix parvient à mes oreilles (c’est qu’il est bougrement épris des sons et des voix soul et funk de l’âge d’or du mouvement, le Lucas !).
Quelques heures avant le concert, le programme était chargé. Il comprenait non seulement un passage à la British Library, avec achat de livres (car il faut briller en société). Mais également une virée à Camden, avec achat de T-shirts de metal (car il faut briller en concert). Puis, quand vient l’heure de se rendre au concert (pas de metal celui-là, mais quand on aime les livres, on aime aussi diversifier ses goûts musicaux), il faut prévoir une marche d’un peu plus d’une demi-heure. On pourrait certes privilégier la voiture, mais comme me le fait remarquer judicieusement mon frère, « c’est pour les trajets longs ». L’occasion pour moi de découvrir la simple, mais immense étendue verte de Barnes (un grand espace vert qu’on appelle un « common » ici). Puis, on se remplit la panse avec un fish & chips tout aussi immense dans ses proportions, avant d’assister aux performances du professeur de saxophone de la fille de mon frère, Mark Buckingham (« j’ai parfois du mal à orthographier correctement mon nom ») et de son groupe. Les Groove Warriors (à ne pas confondre avec le groupe de Dennis Chambers et Victor Wooten) enchaînent les morceaux instrumentaux rythmés et exhalant un parfum de soul/funk des années 70 et 80, avant que ne vienne les rejoindre Talia Janson. Celle-ci attendait près du bar, à côté de la table que nous avions récupérée du vestibule pour savourer nos consommations à l’aise. En effet, arrivés dans la salle, toutes les places étaient déjà occupées (la salle peut contenir au plus 60 personnes debout) et il nous fallait donc rester près de la porte d’entrée. Avec un peu d’imagination, nous avons pu improviser un coin confortable avec une table et des chaises. Mais on parlait de la chanteuse : c’est une nouvelle déflagration quand Talia entre dans la danse. Sa voix a le timbre et l’énergie des grandes chanteuses de soul. On pourra citer pêle-mêle Anita Baker ou Lyn Collins, dont elle reprendra le « Think «About It » avec ses compagnons. Tout au long de la soirée, ce seront des morceaux instrumentaux qui alterneront avec des chansons. On verra ainsi défiler des pièces de Chaka Khan, George Duke, Lonnie Liston Smith (à ne pas confondre avec cet autre claviériste de renom qu’est (Dr.) Lonnie Smith) ou encore War (« le groupe au sein duquel a officié Eric Burdon » fais-je remarquer fièrement à Mark). Autre fierté exprimée, celle de Mark quand je lui dis « votre fils est vraiment remarquable à la batterie ». Et effectivement, Theo a un jeu à la fois chargé (les anglais disent « busy ») et très précis qui en ferait presque un batteur très pris par l’enregistrement d’albums et les tournées qui suivraient s’il n’avait pas à élever une famille. Les autres membres du groupe apportent également la flamme nécessaire au feu du style de la soirée. Les claviers de Volker Janssen (qu’on a pu voir chez Dexys Midnight Runners) tour à tour rêveurs et bouillonnants, la guitare funky de Paul Stead qui peut partir dans des solos incendiaires, la basse élégante de Tom Gilchrist, le saxophone « smoothy » (clin d’œil à la boisson préférée de ma nièce), tout contribue à raviver la flamme de ces sons si chauds, que l’on a plaisir à retrouver dans un monde toujours plus porté sur la technologie et les artifices.
Une belle prestation, durant laquelle non seulement de vrais talents mais également le public ont été mis à contribution. En effet, il était difficile de ne pas frapper des mains ou se tortiller sur ces rythmes endiablés, et encore plus difficile de résister à la reprise du refrain quand Talia nous y invite sur le « I’m A Woman » de Minnie Riperton. Cette soirée, aussi bien pour ceux qui suivent le groupe depuis belle lurette, que pour les nouveaux initiés comme moi et mon frère, nous fait, par la même occasion, découvrir la chanteuse Talia Janson. Son talent repose certes sur sa voix, mais aussi sur son jeu scénique (« great stage presence » fais-je remarquer à Mark). Les Groove Warriors se produisent régulièrement au Royaume-Uni. Si, comme moi, vous aimez vous replonger dans l’ambiance soul/funk des années 70 et 80, n’hésitez pas à venir les soutenir.