Live report et interview Lofofora (Bikini Test – La Chaux-de-Fonds)
a(t)home
2020
Christophe Gigon
Live report et interview Lofofora (Bikini Test – La Chaux-de-Fonds CH) – 24/01/2020
La Chaux-de-Fonds, dans le Jura suisse, et sa mythique salle du Bikini Test, auront vu passer Lofofora presqu’à chaque tournée. Il faut dire que le lieu, chaleureux et accueillant, semble être l’endroit idéal pour les formations en recherche de proximité et d’authenticité. Les Helvètes bien connus de FOU auront la remarquable obligation de préparer la salle pour les énervés de la bande à Reuno. Travail ô combien effectué, au prix de quelques guitares cassées.
La reformation du trio suisse, mené par le polyvalent Christophe Meyer, tourne de plus belle depuis l’année passée. Leur punk rock énergique et déjanté sied parfaitement à l’ambiance de fête que tous attendent d’une telle affiche. Les titres issus de leur nouvel album Vieux, produit par Steve Albini (Pixies, Nirvana ou PJ Harvey), se taillent la part du lion et passent facilement le test de la scène. Une reprise délirante de « Vivre Ou Survivre » (Daniel Balavoine), complétée par des sauts de pachyderme au milieu de la batterie achèveront de convaincre le public médusé que ce groupe-là porte décidément bien son nom.
La salle est prête pour accueillir l’énergie brute des parrains du rock metal fusion punk à la française. Et c’est parti pour une grosse vingtaine de titres courts mais puissants, puisant dans la discographie fournie du groupe, même si le petit dernier, Vanités, sera plus que bien représenté. La parenthèse acoustique de 2018 (Simple Appareil) est bel et bien refermée et on sent que Reuno et ses pirates sont contents de pouvoir à nouveau libérer leur incroyable énergie à travers l’électricité présente, tant dans leurs instruments que dans leurs veines.
Ils en ont encore dans coffre, les quinquas ! Certes, le batteur est plus jeune mais le trio de devant de scène n’a pas à rougir de la comparaison. Leurs corps, tout comme leurs titres, restent sveltes, sans gras ni boursouflures, et frappent comme des coups de poing. La sélection des morceaux plaira à tous car elle n’oubliera pas les vieux classiques comme « L’Œuf » ou le plus léger « Buvez Du Cul ». Lofofora sait captiver une foule. Le charisme de leur chanteur et parolier n’est plus à prouver. De plus, le bonhomme a encore gagné en prestance depuis ses incursions en terrains plus minés avec son projet Madame Robert ou à travers ses collaborations diverses (Mudweiser ou Les Tambours Du Bronx par exemple).
L’homme sait manier l’énergie brute et animale que requiert un groupe comme Lofo avec un charisme shamanique qui lui permet de toujours tenir son auditoire. Même dans les moments les plus agressifs, la bienveillance et l’intelligence du quartette permettent de rappeler que, même si notre monde ne tourne plus vraiment rond et Reuno le sait, ses textes le prouvent, la seule manière de supporter tout cela avec un minimum d’optimisme reste de profiter d’un concert de qualité, proposé par un groupe de qualité, devant un auditoire qui sait toujours rester du bon côté de la connerie. Un peu moins de deux heures, sans aucun temps mort, Lofo aura prouvé que l’on peut vieillir dans la musique en conservant une estime de soi et du public. Il s’agit là d’un comportement déjà plus rare quand on pense aux piteuses prestations de groupes sur le retour qui ne savent plus comment proposer une mise à jour crédible de leurs atours d’antan. Lofofora le fait et le fera. Sans vanité. Respect.
Photographies de Brigou (Brigou.ch) et Alexandre Dell’ Olivo
Entretien avec Lofofora, juste avant leur concert
Lofofora connaît bien la ville de La Chaux-de-Fonds, métropole horlogère nichée à plus de mille mètres d’altitude, près de la frontière française. Dès ses débuts, l’équipe à Reuno a foulé les planches de cette salle créée en 1992, vite devenue culte grâce aux concerts mythiques que furent ceux de Noir Désir, Arno ou… Lofofora. C’est donc dans une ambiance presque familiale que le groupe a accueilli notre chroniqueur Christophe Gigon, dans les loges de cet ancien moulin jurassien.
Christophe Gigon : Votre dernier album, Vanités, est très énergique et semble retourner à vos fondamentaux- Était-ce un choix délibéré, afin de rassurer votre public après votre expérience acoustique de l’année passée ?
Reuno (chant, textes) : Non, non, non. On ne fait pas de la musique pour le public. (rires)
Daniel (guitare) : C’est venu instinctivement. On a composé dans un laps de temps assez court : six mois. Et ce qui arrivait était brut et massif. C’est clair que d’avoir joué acoustique pendant un an et demi, ça nous a redonné de l’énergie.
Reuno : Avec l’acoustique, même la structure des morceaux et la composition étaient des processus plus ouverts, plus déliés. Après ça, on avait hâte de se retonifier et de se remuscler.
C.G. : Le côté très brut du son de Vanités replongera l’auditeur dans les ambiances de vos premiers albums. Avez-vous imaginé, ne serait-ce qu’un instant, de profiter de vos travaux acoustiques récents pour proposer un nouveau genre, une sorte de folk metal qui puiserait dans ces deux influences ? Une sorte de Johnny Cash énervé ou de Lofofora qui se prendrait pour Joni Mitchell ? Ou était-ce évident que Lofofora devait au plus vite revenir à ce pour quoi il était connu : un punk rock metal énervé ?
R. : On fera ça quand on aura plus de soixante ans ! (rires) On a encore de la marge ! Pour l’instant, l’essai acoustique a provoqué un effet contraire mais il est clair que cette expérience a influencé notre manière de composer… on verra par la suite. Plus de compréhension et de clarté dans les textes par exemple. Les morceaux du dernier album sont bien plus faciles à gérer pour notre ingénieur du son, il y a plus d’espace. Tout devient plus lisible. Mais on ne fait jamais de briefings, on y va. Sauf quand on s’aperçoit, après quelques morceaux, qu’une ambiance générale se dessine, une atmosphère globale est en train de prendre forme. Il m’est déjà arrivé de dire aux gars que ces compositions-là, on devrait les mettre de côté car elles ne collent pas avec le reste de l’album. Il y a une énergie qui est là dans ce dernier disque, il aurait été dommage de la gâcher avec des expérimentations, forcément moins pêchues.
C.G. : Mais les ambiances de votre dernier disque, Simple appareil (2018), qui lorgnaient vers des influences étonnantes (Led Zeppelin, Alain Bashung ou Joni Mitchell) pourraient vous servir pour faire migrer votre style, déjà bien affirmé, vers des horizons plus étrangers ? L’exercice a en effet été très réussi.
R : C’est vrai qu’on a eu d’excellentes critiques avec cet album. On a été gâtés.
C.G. : Les textes font montre d’une grande maturité et d’une grande clairvoyance. L’état du monde est-il si inquiétant pour vous ?
R. : Forcément, évidemment. Malgré la brume qui peut nous entourer, on est quand même des garçons qui essayons d’assumer, même si ça pique les yeux. On est des gens sensibles et quand on voit toute cette violence… On se dit tout de même que la vie est belle, malgré la folie qui nous entoure. On garde notre énergie pour la musique, pas pour la haine. Cela dit, ce monde qui nous entoure permet le retour d’une vraie énergie punk, dans la musique et dans plein d’aspects de la vie. Même dans le rap…
D : Tout dépend de quel rap…
R : L’énergie punk a été absente ou lointaine. Aujourd’hui, c’est le retour de la vraie hargne, d’une vraie urgence.
C.G. : C’est difficile de faire croire à nos enfants que leur avenir sera intéressant…
R : Tu sais, est-ce que nos parents nous ont fait croire que notre avenir sera intéressant ? (rires) En tous cas, le futur ne sera pas évident. Mais la vie actuelle ne l’est déjà pas. On est plusieurs papas dans le groupe. On essaie de donner des clés à nos enfants.
D. On essaie de ne pas trop y penser. Sinon, on devient vite négatifs et sombres.
R : Moi, je suis très optimiste, malgré tout. Je pense toujours que l’on va s’en sortir. Jusqu’à maintenant, ça a fonctionné en tous cas. Même au bord du gouffre, le vent peut nous porter dans l’autre sens. La vie est plus facile comme ça.
C.G. : Le fait d’avoir dû écrire des textes qui reposaient sur une ossature acoustique t’a probablement obligé d’être encore plus vigilant quant aux mots utilisés. Cet exercice périlleux t-a-t-il été utile au moment d’aborder l’écriture des nouveaux morceaux de Vanités ?
R. : Toutes les expériences d’écriture sont formatives. Tout me sert. Je gagne en souplesse, comme un musicien. Je suis moins raide, je gagne en souplesse d’esprit. Comme je n’écris que sur musique, l’ambiance dégagée par celle-ci va générer des images. Ces émotions vont provoquer l’inspiration qui va donner des textes. En acoustique, on est forcément plus contemplatif, plus réflexif. On est davantage dans l’introspection, même si je n’aime pas trop ce mot-là, ça fait trop proctologue. (rires dans la salle) Ah ça, dès que je parle de trou de cul, notre régisseur est ravi ! Quand mes copains me sortent des riffs tendus, ça me replonge dans mes années d’adolescence avec des groupes comme Metal Urbain ou OTH, des groupes qui m’ont fait vibrer grâce à leurs textes percutants.
C.G. : Quand tu écris tes textes, tu dois avoir au préalable une musique, ou une séquence d’accords ?
R. : Oui, je n’arrive pas à travailler « à l’envers ». Je ne le sentirais pas comme ça. Ou alors il faudrait que j’aie une idée de mélodie tout de suite, un placement précis. Peut-être que ça m’est arrivé une fois, sur un morceau en particulier, j’avais samplé un rythme de Ministry sur lequel j’avais chanté a capella. Mais c’était très punk, très direct. Je cherche toujours une ligne mélodique, chercher le son de la voix, avant le sens. Je chante en yaourt puis des mots vont sortir naturellement. Je brode autour de trois mots.
C.G. : Quelles sont tes influences quand on parle d’auteurs écrivant en langue française ? Dans l’article que Clair & Obscur a consacré à votre dernier disque, j’ai proposé Alain Bashung, Gérard Manset, Bertrand Belin ou Jean-Louis Murat. Ces auteurs-là sont-ils des influences pour ton songwriting ?
R. : Bertrand Belin, on a fait un concert avec lui pour les grévistes de Radio France. C’est un mec que je viens de découvrir. C’est un type normal, tranquille et son univers est impressionnant, comme pouvait l’être celui de Bashung. Il a fait un morceau tout seul avec sa guitare et il nous a mis sur le cul. Textes, musique, ambiance, tout, la grande classe. J’aime beaucoup les mecs comme ça. Je l’ai découvert sur l’album de Liminanas. Putain, cette voix… terrible. Manset, il m’angoissait quand j’étais gamin. La manière dont il place sa voix fébrile, on sent le malaise du mec. Il me fait flipper ! (rires)
C.G. : Quand tu as écrit les textes pour Simple Appareil, n’étais-tu pas intimidé par les figures tutélaires françaises qui t’ont précédées ?
R : Si, bien entendu. Le morceau « Les Anges » a un côté très Melody Nelson et ça fait aussi Bashung à fond. So what ? Il vaut mieux avoir ça comme influence que Christophe Maé, non ?
C.G. : Mais vous êtes dans une position où vous pouvez vous le permettre. Votre style est unique et assumé. C’est plutôt vous les chefs de file.
R : Franchement, ce n’est pas du bon sentiment mais quand tu fais quelque chose avec les tripes, ça se ressent, tu ne te poses aucune question.
C.G. : L’expérience acoustique, très réussie, de Simple Appareil, a-t-elle changé ta manière de percevoir la scène, ta posture en tant que chanteur et figure exposée du groupe ?
R. : Oui, évidemment. J’avais un pied de micro, je faisais plus de gestes, pour le côté théâtral. La fin de cette tournée finissait de toute façon de manière sauvage avec le morceau « Le Martyre », on ne pouvait plus être dans la retenue, ce n’est pas notre style. (rires)
C.G. : Quand je vous ai vus en concert avec Madame Robert, à Monthey, la posture que tu adoptais sur scène n’était pas du tout la même que celle du chanteur de Lofofora. On oubliait même que tu étais avant un chanteur de metal !
R : Je trouve ça très bien. Même avec Mudweiser, un groupe de stoner, de hard rock psychédélique en anglais, le public ne se rend pas forcément compte que le chanteur est celui de Lofofora. Je réussis à être moi-même à chaque fois… mais de manière différente. Mais le vrai Reuno, il est quand même dans Lofora. De toute manière, il s’agit de personnages fantasmés, le mec que t’as envie d’être dans le film. Dans le projet Madame Robert, j’essaie de me rapprocher de mes premières images de rock star : Nino Ferrer ou Jacques Dutronc. J’adore ce genre de personnages franchouillards, anars, rebelles « à la française ». Ce côté truculent, je me reconnais assez bien là-dedans. C’est mon côté bien français tout ça : la gouaille, les potes, les gueuletons et boire des coups ! (rires) Madame Robert, c’est ce Reuno-là.
C.G. : Le danger est que le public ne suive pas forcément ces multiples influences contrastées. En d’autres termes, vous censurez-vous ? Ça, je ne le fais pas car ça ne « fait pas assez Lofo » ? Vous mettez-vous des limites stylistiques à ne pas dépasser ?
R. : On peut tout se permettre. Sur notre dernier album, qui est très punk, le dernier morceau « La Surface » est un riff très Hendrix, à la « Wild Thing ». Quand Doudou a sorti ça, j’ai trouvé que ça faisait très seventies. Mais il ne faut pas aller trop loin dans ce stéréotype. Il faut que ça joue plus actuel, que j’emmène le titre ailleurs avec un phrasé rap et que ça cogne sec derrière. Mais comme dit notre collègue de Stupeflip, un artiste prend des petits bouts de trucs puis il les assemble. C’est aussi simple que ça. On pioche et on assume nos influences : Helmet, et tous les groupes des années 90 qui nous ont marqués. Mais on ne cherche jamais le plagiat, le pastiche ou l’hommage, ça doit être naturel. Rien à foutre. (rires)
D : Moi, je n’ai pas trop envie de jouer autre chose que ce que je joue. J’aime le son saturé de la guitare, j’ai besoin de ça.
C.G. : Pendant cette tournée, allez-vous rejouer des titres de Simple Appareil ou la page est-elle définitivement tournée ?
D. : Hier, à la répét’, on a essayé d’électriser certains titres. Mais même ainsi transformés, ça ne colle pas vraiment avec notre set list actuelle, très dynamique. On va encore essayer mais il faudrait les remalaxer encore davantage.
R. : Ça fonctionne à peu près mais ça s’inscrirait mieux dans un set typé rock français, à la Noir Désir, pas dans un set « classique » de Lofofora. Ça ferait chuter l’intensité de nos concerts. Bref, on n’y arrive pas. Pas encore, en tous cas.
C.G. : La pochette de Vanités est particulièrement réussie. Il s’agit d’une vanité. Une vanité est une nature morte allégorique qui symbolise le caractère éphémère de la vie humaine. Les vanités sont très répandues à l’époque baroque (XVIIe siècle). Le terme de vanité est issu de l’Ancien Testament (livre l’Ecclésiaste). La cohérence entre l’illustration de votre album et les textes semble évidente. Cependant, pourrais-tu nous expliquer comment l’idée de vous inspirer de ces tableaux baroques vous est-elle venue ?
R. : J’ai eu l’idée quand on en était aux deux tiers de l’album : ce serait pas mal une vanité ? Mais Phil (le bassiste, ndlr.) avait déjà eu l’idée pour notre précédent album et j’avais refusé ! (rires) Mais pour cet album-là, ça a du sens. Mais pour Simple Appareil, je trouvais que ça aurait fait trop illustratif pour un album acoustique, posé, avec l’obscurité, les bougies, vraiment non, ça faisait trop « Lofofora au coin du feu. » Phil voulait un dessin d’une vanité mais ça ne m’avait pas séduit. La pochette de Simple Appareil est très bien comme ça, sobre. J’ai trouvé un artiste qui produit des nouvelles vanités, avec des objets d’aujourd’hui. Donc on a eu l’idée de faire ça avec des objets à nous, qui nous correspondent. Et comme Phil possédait déjà ce crâne « décoré » depuis des années… Tu as vu, quand on déplie le vinyle ou le C.D., on peut ouvrir et on voit tout ce qui est déposé sur la table ? Le sens de ce qu’est une vanité, dans l’histoire de l’art, collait trop bien avec les textes de cet album. Il fallait aussi éviter le cliché de la tête de mort, propre au milieu metal. Mais cette tête de mort-là est bien plus irréelle et inquiétante. Et décorée par Philus !
C.G. : Ce soir, vous jouez au Bikini Test dans ma ville de La Chaux-de-Fonds, en Suisse. Vous connaissez bien ce lieu depuis vos tout débuts à la fin des années 80. Vous y êtes passés presque à chaque tournée. Pourquoi êtes-vous si fidèle à cette petite salle, dans cette petite ville, dans ce petit pays ?
R. : On nous demande d’y venir à chaque fois ! Ça se passe toujours plutôt bien. Ce soir, c’est rempli ! En France, c’est parfois bien difficile de blinder les salles. Ici, c’est un endroit qui tourne. Culturellement, La Chaux-de-Fonds est une ville active et on a à chaque fois un super accueil. C’est comme l’équipe du festival Rock Altitude, au Locle, des gens super. On nous y a programmés deux fois déjà. Je ne sais pas pourquoi on nous aime tant ! (rires) Probablement parce que l’on est un bon groupe et que l’on est super sympas, en plus ! (rires) Demain, on joue à Fribourg, donc passer par La Chaux-de-Fonds, c’est parfait. De plus, comme on est à la frontière, j’imagine qu’il y aura aussi des Français ce soir.
C.G. : Comment se passe la tournée en ce moment ? La crise du disque oblige les artistes à tourner plus que jamais. Le public suit-il, malgré l’offre pléthorique qui s’offre à lui ?
R : Tu sais, nous on n’a jamais vendu suffisamment de disques pour que ça nous rende immensément riches. Ce qui nous fait gagner notre vie, ce sont les concerts. De plus, on n’est pas suffisamment diffusés en radio pour que la SACEM nous verse des droits d’auteur. Les seuls droits d’auteur que l’on touche, c’est pendant nos concerts. Avec l’album acoustique, comme on a moins tourné, c’était une période délicate financièrement pour nous. Mais là, on a une belle tournée qui s’annonce, la fréquentation est bonne, on a eu des heures plus sombres. Nous, on a toujours beaucoup joué. Ça a toujours été notre seul revenu. Ce sont surtout les gros artistes de variétés, qui ne tournaient pas avant, qui se voient obligés de remplir des énormes salles pour gagner du blé. Et eux, en plus, vendent encore des disques… Nous, on a la chance d’avoir un label indépendant qui gagne suffisamment d’argent avec nous. C’est mieux, pour nous, d’être sur ce label-là (a(t)home) que sur une major. Il vaut mieux être une référence sur un petit label qu’un petit poisson sur un gros catalogue. Il y a une vraie écoute chez nous, on a même pu faire des clips.
C.G. : Remarquez-vous une différence entre vos différents publics francophones ? français, suisse ou belge ?
R : Rien qu’en France, les publics sont très différents, comme en Suisse. Même les Suisses se lâchent ! En France, quand on est sur le côté nord-est, tout le nord, on sait que ce sera électrique. L’Alsace, Lorraine, Hauts de France, jusqu’au Jura, c’est vraiment énergique ! On garde un excellent souvenir d’un concert un dimanche soir à Lons-le-Saunier : cinq cents personnes en furie ! Il suffit d’une bande d’allumés hyper joviaux !
C.G. : Il vous reste encore une bonne quarantaine de dates pour la tournée Vanités. Ne sentez-vous jamais la fatigue pointer ou la lassitude vous gagner, surtout que vous n’êtes plus des perdreaux de l’année ? (rires).
R : Heureusement qu’on a accès au dopage ! (rires) On a des coaches de vie. (rires) Je bois un peu d’eau, parfois. Juste avant d’aller me coucher. On a toujours de l’énergie même si on s’est un peu calmés. C’est comme dans une histoire d’amour, qu’est-ce qui fait que tu as encore le pouvoir érectile ? (rires) C’est un mystère.
C.G. : Et bien, il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter un excellent concert ce soir en espérant que le public aura autant d’énergie à revendre que vous vous avez à lui en donner.
R. Merci à toi, on se voit tout à l’heure, au concert.